A Ouahigouya

« J’ai été informé d’une utilisation massive de copies intégrales d’actes de naissance par des mineurs venant s’enrôler à l’emplacement N°1, du Secteur 7 de Ouahigouya » a dit le Commissaire régional de la CENI au Nord, Régis Adam Zougmoré. « Face à de telles allégations et éléments susceptibles d’entamer très sérieusement la crédibilité du processus d’enrôlement en cours », dit-il, une mission d’information et de contrôle a été diligentée dans la ville de Ouahigouya le jeudi 2 août 2012.

Après vérifications, le constat laisse comprendre que depuis le lancement des opérations le 27 juillet, trois personnes ont utilisé des copies intégrales d’actes de naissance pour se faire enrôler. Le chargé de l’opération Sana Souleymane qui était en ces lieux a précisé que les trois personnes sont âgées respectivement de 20 ; 40 et 60 ans, et l’opération s’est déroulée normalement. Cependant, au secteur 7 à l’emplacement de l’école Bimbilin « B », la situation est tout autre. Témoignage d’un opérateur d’enrôlement : « le jeudi 2 août pendant que nous étions en plein enrôlement, une de mes collègues du nom de Julie, m’appela et m’informa qu’elle a reçu deux filles venues avec des extraits d’acte de naissance douteux.

Au moment où elle s’apprêtait à enrôler la première, celle qui suit est restée à la porte et a téléphoné à un sieur nommé Ismaël, lui demandant d’envoyer leurs extraits. Suspectant les agissements de celle qui a donné le coup de fil, l’opératrice a décidé de garder les actes de naissance litigieux ». Un membre de la Commission électorale communale indépendante (CECI) sera alerté. Avant l’arrivée de l’agent du démembrement de la CENI, à entendre toujours l’opérateur, le sieur Ismaël est venu pour retirer les actes de naissance. Une chaude dispute éclate entre lui et les opérateurs. Au moment où le ton commençait à monter, l’agent de la CECI, Bonaventure Tankoano est arrivé et a mis fin aux débats en confisquant les documents suspects. « Des loubards sont venus se joindre à Ismaël pour m’intimider. Je suis resté imperturbable et ils ont pris la clé des champs », renchérit Bonaventure Tankoano. Les soupçons de fraude ont contaminé le secteur 5. Là-bas on a mis la main sur des personnes également suspectes.

Julien Tougma est l’opérateur dans ce poste. Selon ses explications, une fillette s’est présentée devant lui avec une copie intégrale d’acte de naissance qui présentait quelques irrégularités. Voulant comprendre davantage sur son identité, la petite a rétorqué qu’elle se nomme Ouédraogo Fanta et a 18 ans. Il finit par l’enrôler. « Fanta n’était pas seule. Elle faisait parti d’un groupe de fillettes venues dans le but de se faire enrôler, et se raccompagnaient à tour de rôle. » Les soupçons s’amplifient. Les opérateurs se concertent afin de trouver une conduite à tenir. Suite à des vérifications approfondies quand la fille est rappelée au poste de l’enrôlement, la présence et la vigilance d’une dame venue se faire enrôler a permis de reconnaître la fillette dont le vrai nom est Sadia. Saisie des dossiers, la gendarmerie a procédé aux auditions le 2 août aux fins de situer exactement les responsabilités dans cette affaire et d’entamer la procédure judiciaire. Le substitut du procureur, Adama Ouédraogo, en se prononçant sur cette affaire a dit « qu’une enquête a été ouverte et que les investigations suivent leurs cours. Au cas où les faits sont avérés, la loi pénale s’appliquera dans toute sa rigueur à l’encontre des auteurs. » Une autre plainte, c’est celle portée par la CENI contre X pour « diffamations, calomnies, faux et usage de faux, usurpation d’identité, tentative de sabotage du processus électoral dans la région du Nord » a annoncé le commissaire régional de la CENI au Nord.

A Bobo-Dioulasso

Outre les cas de transport de personnes d’un secteur à un autre pour les faire enrôler, à Bobo-Dioulasso, ce qui pourrait apparaître comme tentative de fraude est le cas de cette dame qui s’était installée près d’un bureau d’enrôlement, où elle distribuait des copies d’extrait de naissance à des dames, pour qu’elles puissent s’enrôler. Informée, la CENI lui a intimé l’ordre de quitter les lieux avec une plainte contre elle. « Nous avons rencontré les différents partis, pour leur faire part de certaines pratiques relatives à l’enrôlement. Nous avons déjà rencontré l’opposition. Nous venons de sortir d’une rencontre avec les partis de la majorité. Nous leur avons surtout posé le cas du transport des militants d’un secteur vers un autre au détriment des autres concurrents. Tous les partis ont été unanimes et ont souhaité l’arrêt de la pratique ». C’est en substance la réponse du commissaire à propos d’éventuelles tentatives de fraudes dans certains bureaux d’enrôlement à Bobo-Dioulasso.

Lassané DOGA et
Souro DAO (daosouro@yahoo.fr)

L’Express du Faso