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IL FAUT LE DIRE : L’opposition bobolaise doit sortir de sa torpeur

Publié le mercredi 11 juillet 2012 à 00h24min

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Le landerneau politique bobolais est particulièrement animé ces derniers temps. L’Union provinciale du Houet de l’Union pour la renaissance Parti-sankariste (UNIR/PS) a organisé, le 16 juin 2012, une assemblée générale pour inviter ses militants à s’apprêter pour les élections couplées de 2012. L’ADF/RDA a également tenu le 17 juin 2012 sa convention régionale, afin de galvaniser ses militants pour les mêmes raisons. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a renouvelé, le 3 juillet dernier, le bureau de sa section provinciale du Houet, en reconduisant Salia Sanou au poste de secrétaire général. L’Union pour le progrès et le changement (UPC) a quant à elle, installé ses correspondants dans la région et dans la commune de Bobo-Dioulasso, le 7 juillet 2012.

C’est Mahamadou Ivo et René Sanou qui sont chargés de conduire ce jeune parti dans les Hauts-Bassins et dans la commune. Toutes ces agitations politiques n’ont qu’un seul objectif : celui de préparer les élections législatives et municipales couplées de 2012. Ce qui est en soi une bonne chose. Mais on a l’impression que c’est à la veille des échéances électorales que les partis politiques à Bobo-Dioulasso donnent beaucoup plus de la voix. Pourtant, l’animation politique de la cité, au-delà des élections, doit être régulière pour la conscientisation et la sensibilisation des militants, et la recherche de solutions aux préoccupations de la cité.

Et ce ne sont pas les sujets de préoccupations qui manquent dans cette ville confrontée à moult difficultés. La zone industrielle se meurt. La ville tarde à amorcer son véritable décollage économique et la gestion peu transparente des mairies et des parcelles continue de créer des remous à Bobo-Dioulasso. Face à tous ces centres d’intérêt, les partis politiques, surtout ceux de l’opposition semblent muets, laissant le Congrès pour la démocratie et le progrès, gérer seul et sans contre-pouvoir, la cité. C’est ce parti qui est à la tête de la mairie centrale et des trois autres mairies d’arrondissement. Le CDP a aussi 4 députés sur les 6 que compte la province du Houet. Pourtant, tous les partis de l’opposition sont représentés à Bobo-Dioulasso. Certains ont même leur siège dans la ville de Sya.

Cette léthargie de l’opposition en temps ordinaire donne l’impression que c’est le CDP qui est le seul parti politique à Bobo-Dioulasso. Et faute de concurrents sérieux en face, cette formation politique se retourne contre elle-même, d’où de nombreuses bisbilles en son sein. L’opposition a un rôle important à jouer dans l’animation politique de la capitale économique du pays. Elle n’a certes pas les moyens du parti au pouvoir, mais elle peut jouer sa partition avec le peu dont elle dispose. Cela aura pour avantage d’empêcher ou d’atténuer certaines dérives constatées à Bobo-Dioulasso, ou de conscientiser la population sur ses droits et devoirs.

C’est faute d’interlocuteur crédible au sein de l’opposition bobolaise, que certains habitants confrontés aux problèmes de parcelles vont vers les structures syndicales ou les organisations de la société civile, pour espérer trouver des solutions à leurs problèmes. Souvent, ils tentent de se faire justice eux-mêmes. Ce manque de confiance vis-à-vis des animateurs de la vie politique, surtout des opposants, est dû à leur instabilité politique, ou à leur relation ambigüe avec le parti majoritaire. Les partis politiques, toutes obédiences confondues, doivent pleinement jouer leur rôle, afin de regagner la confiance des populations qui, de plus en plus, s’écartent de la chose politique. Le faible engouement pour l’enrôlement biométrique en est une preuve. Ce qui a obligé le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Barthélémy Kéré, à entreprendre des tournées pour sensibiliser la population quant à l’inscription sur les listes électorales. Un rôle normalement dévolu aux partis politiques.

L’opposition bobolaise doit sortir de sa torpeur et faire honneur à ceux-là même qui ont fait de Bobo-Dioulasso le berceau de la politique au Burkina, à savoir Daniel Ouezzin Coulibali, Nazi Boni ou Vinama Thiémounou, entre autres. Il faut redonner à la ville ses spécificités qui, malheureusement, sont en train de tomber dans l’oubli. Bobo-Dioulasso était jusqu’à une date récente, la capitale économique, le berceau du football et le berceau de la politique du Burkina. Les partis politiques de l’opposition à Bobo-Dioulasso doivent se réveiller pour jouer leur rôle de contre-pouvoir pour une bonne marche de la démocratie dans cette ville et partant, au Burkina.

Adaman DRABO

Sidwaya

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