LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Vision Express sur… : L’introduction de la biométrie dans le processus électoral

Publié le vendredi 8 juin 2012 à 02h08min

PARTAGER :                          

Un peu partout en Afrique, les résultats des élections ont toujours été contestés. La raison est que ces élections sont généralement entachées d’irrégularités. Les votes multiples sont légion et font rarement l’objet de réprimandes sérieuses. Au Burkina Faso, le phénomène avait pris une si grande ampleur que nul ne pouvait sérieusement le contester. Tant et si bien que l’équipe de la Commission nationale électorale indépendante (CENI), dirigée alors par le pasteur Moussa Michel Tapsoba a été débarquée avant la fin de son mandat. Le landerneau politique était alors unanime qu’il fallait trouver une solution pour minimiser les fraudes électorales. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle équipe sera mise en place en septembre 2011, par décret.

Elle est présidée par l’ancien bâtonnier, Barthélémy Kéré. Depuis cette date, au pas de course, elle œuvre pour organiser des élections couplées municipales et législatives repoussées de mai à décembre 2012. Dans sa stratégie de lutte contre les fraudes, la CENI, désormais dirigée par Me Kéré, a proposé l’introduction de la biométrie dans l’élaboration du fichier électoral. L’on était quelque peu sceptique, compte tenu des délais.

Mais le président Kéré et son équipe sont en passe de relever le défi. Puisque l’enrôlement biométrique des électeurs a effectivement débuté le 1er juin dernier. Au grand soulagement des acteurs politiques. Pour permettre cette prouesse, l’Etat burkinabè a dû consentir beaucoup d’efforts financiers. La somme de 1,5 milliard de francs CFA a été mobilisée à la hâte. 3 500 kits d’enrôlement ont été acquis. Même s’ils n’ont pas coûté le milliard et demi de francs, l’essentiel de l’enveloppe a été consacrée à l’acquisition du matériel. On pourrait juger la facture salée. Mais, cela dépend de l’usage qu’on fera des kits d’enrôlement après le scrutin.

En effet, s’il faut ranger ces kits pour attendre l’élection suivante, ceux qui estiment que le coût de la biométrie est élevé, auront des raisons de le penser. Par contre, exploité utilement après le scrutin du 2 décembre 2012 pour d’autres travaux, ce matériel reviendrait en réalité moins coûteux qu’il n’y paraît. A titre d’illustration, si les kits de la CENI étaient redéployés dans des commissariats de police pour l’élaboration de cartes nationales d’identité burkinabè, ou dans les enquêtes judiciaires aux fins d’identification de suspects, par la lecture des empreintes digitales.

Cela permettrait de faire des économies sur l’achat du même type de matériel par l’Office national d’identification (ONI), tout en rapprochant les centres de collecte de l’ONI des populations. Ce matériel pourrait aussi être loué à d’autres pays de la sous-région. Mais, gageons que l’on y a déjà songé. Ou que la réflexion est menée, pour savoir ce qu’il adviendra de cet investissement, une fois la fièvre du double scrutin du 2 décembre prochain retombée.

Aly KONATE (alykonat@yahoo.fr)

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique