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Facile à dire mais…

Publié le jeudi 7 juin 2012 à 01h38min

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Il semble que l’Union Africaine veut intervenir militairement au Mali ! Son ambition ? Rien moins qu’aller tordre les bras aux mutins de Bamako, réduire leurs dernières velléités de résistance s’il y en a encore et assurer la sécurité des institutions et celle de leurs servants, d’une part et d’autre part bouter hors du pays MNLA et An Sar Dine. C’est ce que nous apprend son président en exercice, le Béninois Bony YAYI, qui a décidé d’en appeler au Conseil de Sécurité de l’ONU pour autoriser une action dans ce sens.

A l’écouter, on aurait dit, le brave Ché, tant l’homme est sûr de son fait et brille d’assurance et de conviction. Enfin ; le vieux machin, se décarrasse, dirait-on et on verra ce qu’on verra ! De quoi faire trembler d’effroi tous les empêcheurs de tourner en rond qui s’amusent à faire le coup de feu au Mali ! Putschistes, MNLA, An-Sar Dine, et autres, la récréation va bientôt prendre fin ! Les troupes de l’Union Africaine, sous mandat de l’ONU avec à leur tête l’intrépide Boni YAYI arrivent ! Sauf que tout cela sonne beaucoup plus comme un petit folklore qu’autre chose et a un côté infantiliste qui énerve quelque peu.

Quand on voit que c’est à la suite d’une entrevue avec le tout nouveau président français qui a promis de mettre un terme à la France-Afrique que le patron de l’UA monte sur ses ergots (c’est vraiment le cas de le dire), on est quelque peu agacé. Ceci explique-t-il cela ? En tout cas il y a de quoi se poser des questions d’autant que le Français a indiqué à la presse qu’il a souhaité que les Africains demandent l’appui de l’ONU et que la France appuyerait à son tour cette demande. Alors est-ce la France qui a décidé ou est-ce Boni YAYI tout seul comme un grand, sans même en référer aux organes de l’UA ? Une question à 1 Euro !
Ce qui agace aussi c’est que tout cela semble se faire sans aucun égard pour la CEDEAO qui est déjà sur la brèche dans la crise malienne. Quand on sait que le même Boni YAYI est membre de la CEDEAO et qu’il connait parfaitement les subtilités et la complexité du dossier, on se demande à quel jeu il joue !

Il sait que le vrai problème ce n’est pas une question de moyens, des pays européens se disent prêts à les avancer, mais d’hommes capables de relever le défi sur le terrain et d’accord des Maliens. Il le sait d’autant plus que lui et tous les va-en-guerre dans cette affaire trouvent des raisons pour se débiner des efforts à faire pour fournir les troupes nécessaires et voudraient que les autres notamment le Burkina Faso et le Nigéria qui sont tout au contraire pour privilégier les négociations le fassent ! En termes plus clairs que Nigérians et Burkinabè aillent risquer leurs vies dans les sables du désert malien tandis que Béninois et autres se la couleraient douce dans l’Etat-Major Général et dans les salons feutrés ! C’est bien intelligent ; sauf que les autres ne sont pas des cons !

Avant de réclamer l’usage de la force, il faut d’abord avoir l’intelligence de faire l’état réel de ces forces et d’en être sûr. Ensuite, il faut avoir la détermination nécessaire car comme le dit l’autre, si vous avez un fusil et que vous menacez votre adversaire de l’utiliser, il faut être en mesure de le faire et le faire effectivement le cas échéant, sinon vous serez obligé de prendre la fuite avec votre arme qui du coup deviendrait encombrante.

Il semble que c’est ce que certains chefs d’Etat-Maajor ont du mal à faire comprendre à leurs présidents qui « parlent au hasard » compromettant et les négociations et la crédibilité des menaces d’intervention militaire.

Alors M. le président YAYI où sont les troupes que vous voulez déployer au Mali ?

Par Faèz

L’Opinion

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