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GUEGUERRE ENTRE L’ETAT ET LES TRANSPORTEURS : Et les consommateurs dans tout ça ?

Publié le vendredi 1er juin 2012 à 01h33min

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Le wee-kend dernier, j’ai fui la foultitude des baptêmes, premières communions et confirmations de Ouaga pour me réfugier au village. Non pas parce que je suis pauvre comme un rat d’église (mon boulot d’orpailleur me met à l’abri du besoin maintenant) mais pour éviter d’effectuer des trajets à risque à travers la ville. Quelle ne fut ma surprise de constater que le prix du transport a augmenté de 1000 FCFA. Ça date de quand, cette affaire-là ? Voilà la question que j’ai posée aux « coksaires » (1) de la gare. « Patron, c’est depuis l’augmentation du carburant que le ticket a augmenté aussi », a répondu l’un d’eux. Eh oui, cela fait longtemps que je n’ai pas voyagé puisque je me déplace sur notre site d’orpaillage avec les tricycles. Quand je suis rentré dans le car, je me suis installé à côté du chauffeur pour lui tirer les vers du nez. Sans langue de bois, je lui ai dit que leurs clients avaient bien raison de se plaindre de l’augmentation des prix du transport interurbain.

Comment comprendre qu’une augmentation de 50 F CFA au niveau de l’essence entraîne une hausse de 500 à 1000 F CFA du ticket de transport ? Le chauffeur ne m’a pas laissé continuer mon développement. Répondant à ma tirade, il m’a confié que les transporteurs étaient à bout de souffle à cause des nombreuses taxes et que c’était une coïncidence.

Je sentais que la discussion allait s’animer. Mais où étaient les transporteurs depuis pour ne poser leurs problèmes qu’aujourd’hui au gouvernement ? Pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Au lieu de privilégier les négociations franches, ils préfèrent trouver des arrangements avec les ministres jusqu’à ne plus tenir financièrement. Du coup, ils sont obligés de jongler avec la sécurité, le confort, le péage, l’entretien des cars, etc. avec les conséquences dramatiques qui s’en suivent. Et là, je commençais à m’énerver contre ces propriétaires de cercueils roulants qui ont endeuillé des centaines de familles burkinabè cette année. « Patron, calmez-vous, je vais vous expliquer », m’a-t-il dit. « Savez-vous que sur un car de 70 places et pour un seul voyage, Ouaga-Bobo, l’Etat perçoit 76 600 FCFA de TVA ? Pourquoi l’Etat cache cela aux populations ? Savez-vous que sur chaque litre de carburant consommé, l’Etat perçoit près de 100 F CFA de TVA ?

Il faut reconnaître que les transporteurs ont raison, si en plus, on ajoute les charges supplémentaires dues à l’application de la convention collective qui a fait doubler les salaires des agents ». Je me suis alors calmé en entendant ces paroles. Si c’est ainsi, il ne reste plus qu’à l’Etat de décider quels transporteurs il souhaite avoir au Burkina. Il nous faut des cahiers des charges rigoureux, ce qui permettra de mettre de l’ordre dans le secteur. Combien de transporteurs dribblent la loi, pour peu qu’ils aient pu s’acheter un car et qu’ils aient négocié un axe routier ? En plus, il faut une réelle indépendance des acteurs. Ce n’est pas en encourageant la collusion avec les autorités politiques qu’ils pourront faire prévaloir leurs préoccupations.

Un dialogue direct comme en Côte d’Ivoire, m’a demandé le chauffeur. C’est cela et si l’Etat prend des engagements, qu’il les respecte. Dans tout ça, les consommateurs sont pris en sandwich et leur vie est en jeu dans cette bagarre d’intérêts. « Entendez-vous, parce que nous, nous ne demandons qu’à voyager dans la sécurité et le confort au Burkina, » lui ai-je dit en descendant du car…

Le FOU

(1) les intermédiaires qui vous accostent dans les gares

Le Pays

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