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JOURNEE DU 8-MARS : « A quand la vraie lutte pour sortir la femme de l’ignorance ? »

Publié le jeudi 29 mars 2012 à 02h25min

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Pour l’auteur du point de vue ci-dessous, le 8-Mars, plutôt que d’être une simple journée de fête et de djanjoba, doit devenir un moment de réflexion autour des préoccupations des femmes. Lisez !
Que représente cette journée pour des millions de femmes et d’hommes en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier ? Vu ce qui se passe chaque année, je serai tentée de dire rien ou pas grand-chose. Certes, il y a, chaque année, un thème autour duquel des réflexions sont menées, des conférences organisées, mais malheureusement, ces activités, censées être les principales, sont noyées par des futilités tels les défilés, les foires, les concours culinaires et de danses, les bals, les djandjobas, etc. Alors, la célébration de la Journée internationale de la femme est chez nous synonyme de : « fête de la femme ».

La majorité de la gent féminine est plus préoccupée par le côté festif que celui de la réflexion et des solutions que nous devons trouver aux problèmes des femmes qui sont, entre autres, la pauvreté, l’ignorance, la mortalité maternelle et infantile, l’excision, etc. La préoccupation tourne autour de l’achat de l’uniforme, du modèle qu’on va coudre, de la coiffure, et comment on va se parer ce jour pour être la plus belle et aller danser. Quel dommage ! Mais je n’en veux pas à ces femmes, parce que, tout simplement, elles n’ont pas encore compris le sens de cette Journée. J’en veux plutôt à celles et ceux qui l’ont compris mais, au lieu de faire passer le message, préfèrent faire semblant et enfoncer leurs sœurs dans leur ignorance, puisqu’elles sont les principales initiatrices de la plupart de ces manifestations bidons ci-dessus citées.

Si les ouvrières américaines avaient fait de même il y a de cela 155 ans, nous n’aurions pas eu cette Journée. Alors, soyons plus sérieux et célébrons-la avec plus de respect pour les femmes et respectons la mémoire de celles qui ont été des combattantes et des pionnières. Au Burkina Faso, les 8-Mars passent et se ressemblent ; et on dirait que chaque ministre de la Promotion de la femme cherche plutôt à bien réussir la « fête » qu’à poser des actes concrets en vue de l’amélioration des conditions de vie difficiles des femmes. Cette année, la région de la Boucle du Mouhoun a eu son 8-Mars. Le rendez-vous manqué de 2011 a été vite oublié et selon les premières responsables, il fallait que ce 8-Mars à Dédougou soit la plus belle.

En effet, la « fête » a été belle et bien organisée, selon les autorités et on attend le bilan ; mais en attendant, nous, citoyens lambda de la cité de Bankuy, pouvons aussi, d’ores et déjà, dire un mot sur cette journée du 8-Mars. Pour cette célébration, tous les établissements de l’enseignement secondaire public et la plupart des établissements de l’enseignement secondaire privé ont été réquisitionnés du 5 au 11 mars inclus. Alors, tous les élèves de la ville étaient en congés et leurs enseignants aussi. Pour les élèves de l’enseignement primaire, c’était une rallonge du congé qu’ils avaient eu à l’occasion du FESTIMA (Festival des masques ). Et tenez-vous bien, l’information leur est parvenue le 2 mars, leur demandant de libérer les classes.

Pourquoi attendre à la dernière minute pour le faire ? Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Se soucient-ils du programme scolaire de nos enfants ? Un programme qu’on a toujours du mal à achever à cause des évènements qu’on connait chaque année, se trouve encore perturbé à cause du 8-Mars. Une semaine de cours perdus ; pourront-ils rattraper ces heures ? Difficile, je dirais même impossible car ne dit-on pas que le temps perdu ne se rattrape pas ? Les commerçants, quant à eux, ont été priés de fermer boutique le 8-Mars. Quel gâchis ! Mais pour les organisateurs, les objectifs ont été atteints.

Mais à quel prix ? L’argent du contribuable à été gaspillé alors qu’il aurait pu servir à construire des infrastructures ou acheter des vivres pour donner aux plus démunis puisqu’on reconnait aujourd’hui qu’il y a bel et bien famine dans notre pays et que les femmes, comme d’habitude, seront les plus touchées. Mais le politique a ses raisons que la raison elle-même ignore. Ne pas fêter serait une catastrophe pour les politiciens car bientôt il y aura des élections couplées et on sait bien que les femmes sont des électrices potentielles qu’il faut séduire, flatter et corrompre avec des pagnes, des tee-shirts et du riz au gras. Comme c’est triste et méprisant ! A quand la vraie lutte pour sortir les femmes de l’ignorance, de la pauvreté pour qu’elles occupent la place qui leur revient ? J’ai bien peur que demain ne soit pas la veille car, lorsque les dirigeants ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes, on ne peut pas se permettre d’être optimiste. Mais osons quand même croire à un changement positif pour des lendemains meilleurs.

Guigma Elisabeth professeur au Lycée provincial de Dédougou (guigmaelisabeth@yahoo.fr)

Le Pays

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