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Il faut le dire : La nécessité d’un dialogue franc avec les étudiants de l’UPB

Publié le mercredi 29 février 2012 à 01h16min

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Pour le moins qu’on puisse dire, la situation de l’Université polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB) inquiète. D’aucuns diront qu’avec les solutions que l’équipe gouvernementale a proposées aux étudiants, l’orage est passé. Mais pour qui sait la quintessence du problème, ce n’est qu’un feu qui couve.

A y voir de près, la Plate-forme minimale d’actions (PMA) des étudiants se compose de quatre points et 23 sous-points. En somme, ils revendiquent l’augmentation des infrastructures, l’arrêt de la privatisation de l’UPB, l’amélioration des conditions de vie et d’études et le respect des franchises universitaires.

Cette PMA déposée le 15 décembre 2011 n’aurait eu aucune attention jusqu’au 3 février 2012 et ils ont dû recourir à la rue pour se faire entendre. Si le directeur régional des Enseignements secondaire et supérieur leur a promis de transmettre ces doléances à la hiérarchie à la réception du document le 3 février, il en a été de même, le 10 février lorsqu’ils ont organisé une marche sur le gouvernorat des Hauts-Bassins.

Le vendredi 17 février qui a suivi aura été décisif, avec un sit-in devant le gouvernorat qui a dégénéré avec l’entrée en scène des forces de l’ordre. Le lendemain 18 février, leur ministre de tutelle, et ceux chargés de l’Environnement et de la Fonction publique ont « débarqué » en compagnie des autorités universitaires et de la ville, pour enfin les écouter.
Fallait-il attendre que les étudiants invitent les élèves à leur lutte en les faisant sortir des classes ? Après cinq heures d’échanges à huis clos, l’ANEB/Bobo ressort avec des acquis. Le rabattement du coût de la carte CENOU de 100 000 à 100 F CFA pour les étudiants nationaux inscrits sur titre, la promesse d’augmentation du nombre de cars à 17 à partir du 28 février 2012 et la diminution des frais d’inscription dans la filière Vulgarisation agricole, passés de 250 000 à 15 000 F CFA. Ils ont par ailleurs reçu de nombreuses autres promesses relatives en partie à la construction de tentes climatisées et d’une cité universitaire de 1 000 places.

Si les sous-points liés à l’amélioration des infrastructures déjà existantes ont été qualifiés de « problèmes locaux », les responsables de l’Université ont reçu instruction de leur résolution immédiate.
Promesses sur promesses, les étudiants doivent également faire partie de deux commissions de suivi du nombre des cars de transport mais aussi de la qualité et de la quantité des repas du restaurant universitaire. A la faveur d’une conférence de presse, les étudiants prennent à témoin l’opinion publique et les Bobolais. Ils disent suivre de très près ces promesses et tiennent à leur mise en œuvre effective, avec un amer constat déjà : le minimum de 13 cars promis à compter du 20 février n’est pas effectif.

A entendre l’ANEB/Bobo, seule la question de la réduction du prix de la carte CENOU de 100 000 à 100 F CFA pour les nationaux est l’unique sous-point de leur PMA résolu à 100%. Reste alors 23 autres à résoudre. Et c’est là toute l’inquiétude. Pour le peu qu’on connaisse du système LMD et de son application, il est incompatible avec les grèves. Et voilà que les incessants arrêts de cours de l’année dernière et de cette année ont déjà entraîné un retard dans les délibérations. Jusqu’à présent, certains étudiants ne savent pas s’ils passent en année supérieure ou s’ils la reprennent.

C’est dire donc qu’il faut résoudre au plus vite les problèmes qui peuvent l’être au lieu d’attendre que les étudiants descendent dans la rue avant de les « regarder ». Il faudrait entamer avec les étudiants de véritables discussions pour apporter des solutions idoines et définitives à certains problèmes qu’on déplace au lieu de les résoudre pour de bon. Pour leur part, les étudiants devront aussi faire des concessions parce que rares sont les revendications qui ont été résolues dans leur entièreté. On pourra au moins éviter les arrêts inopinés de cours et surtout rattraper le temps déjà perdu.

Jean-Marie TOE

Sidwaya

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