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Autant le dire… : Léguémalôgo : l’histoire d’un marché

Publié le mardi 7 février 2012 à 01h07min

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L’histoire de Léguémalôgô remonte à 1995 lorsque l’actuel député Alfred Sanou était maire de la commune de Bobo. C’est exactement sous son mandat que ce marché a été construit. Pour le bonheur des femmes dans l’exercice de leurs activités commerciales de vente de légumes, mais également pour les usagers qui pouvaient désormais s’approvisionner en légumes au centre-ville. L’idée était tellement belle et appropriée que tout le monde y a adhéré. « Enfin, disaient certaines personnes, Bobo a un marché de légumes pour faire valoir sa vocation de région productrice de légumes ». Le marché était si bien aménagé que personne ne pouvait imaginer que les occupantes allaient y créer par la suite un désordre indescriptible. Le marché a été en effet vite envahi par les femmes.

Si bien que certaines se sont retrouvées sur le parking et d’autres dans les rues qui le jouxtent. La circulation routière y était tellement dangereuse que le maire Alfred Sanou avait fini par en faire un sens unique de circulation, allant du centre-ville vers Dédougou. Et la situation va rester en l’état jusqu’à l’arrivée à la tête de la mairie du maire Célestin Koussoubé.

Le problème du marché va alors se poser doublement. Dans un premier temps, le sens unique sera levé pour permettre non seulement aux usagers d’aller et de venir dans les deux sens, mais en plus, la levée de ce sens unique a permis aux populations riveraines de jouir d’un droit de mouvement qui leur avait été refusé. A un point tel que des femmes se sont installées jusque devant des concessions et qu’on doit « négocier » pour y avoir accès. Dans un second temps, malgré ces mesures, le marché était devenu le prototype du désordre dans le centre-ville.

Plusieurs fois interpellé sur la question, le Conseil municipal d’alors a décidé de le lever. Le nouveau site devait se trouver derrière l’hippodrome, au bord du canal dans lequel passent les rails. Des hangars y avaient été aménagés. Un budget d’environ trente millions avait été voté pour satisfaire cette préoccupation. C’est là que, selon lui, le maire Salia qui était député à l’époque s’était opposé. Et l’argument principal développé était l’insécurité pour les vendeuses, en majorité des femmes, dans un endroit aussi reculé, de surcroît, au bord d’un canal. Il fallait donc leur trouver un autre site plus sécurisant.

Selon les femmes, pour des raisons politiques et de campagne politique, Salia leur avait dit de ne pas y aller, pour « faire mal » à son adversaire Célestin Koussoubé. Toujours est-il que tôt ou tard, ce marché devait déménager, compte tenu de son emplacement et du désordre qu’il créait dans la ville. On se rappelle qu’après la cérémonie finale d’installation des gouverneurs de régions qui a eu lieu ici à Bobo, le maire Célestin Koussoubé avait fait emprunter cette même rue pour que les autorités présentes constatent le désordre que créait ce marché. Malgré tout, sous le mandat de Koussoubé le marché ne déménagera pas. A sa prise de fonction en 2006, le maire Salia, selon lui, l’a inscrit au centre des préoccupations de son conseil. Un dossier a été « ficelé » et attendait un éventuel bailleur de fonds.

A la faveur du cinquantenaire de l’indépendance, il fait parvenir le dossier sur le bureau de Tertius Zongo, alors Premier ministre. La décision est prise, Bobo-Dioulasso aura un nouveau marché de fruits, mais aussi et surtout de légumes. Bonne idée ! Tout le monde a applaudi. Le marché fini, une partie des femmes refusent de le rejoindre. « Nous préférons mourir que de rejoindre ce marché-là », ont-elles soutenu devant une délégation envoyée par le Premier ministre pour les écouter. Est-ce la solution, si tant est que tous autant que nous sommes, nous œuvrons pour le développement de cette ville ? Dans tous les cas, le maire de la commune a pris ses responsabilités. Ce que son autorité de tutelle lui reconnaît. Bobo-Dioulasso est-elle un patrimoine privé ? La question reste posée et demande qu’on lui apporte des réponses.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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