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CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 02h25min

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Après la tenue des travaux du CCRP (23 juin - 14 juillet 2011) suivie de ceux des régions (18-25 octobre 2011), qui étaient une sorte de restitution, voici venue la dernière phase de cette cogitation politique, qui se tiendra sous formes d’assises nationales les 7, 8 et 9 décembre 2011. L’objectif général de ce forum est de “consolider les propositions de réformes issues du CCRP et des rencontres régionales en vue du renforcement de la paix, de la démocratie et d’une citoyenneté responsable”. Plus spécifiquement, il s’agira de :

- examiner et adopter les propositions du CCRP, relatives au dialogue social et politique, à l’équilibre des pouvoirs, à l’amélioration de la gouvernance ;
- adopter des modalités de mise en œuvre des propositions de réformes objet de consensus ;
- approfondir les réflexions sur les questions non consensuelles ;
- déterminer les modalités de suivi de la mise en œuvre des conclusions des assises nationales.

Officiellement, les résultats attendus à ces Assises nationales sont, entre autres : les modalités de mise en œuvre des propositions consensuelles sont adoptées ; des mesures sont identifiées pour le traitement des idées de réformes non consensuelles ; un dispositif de suivi de la mise en œuvre des recommandations des conclusions des Assises nationales est adopté.

Ainsi donc, dès aujourd’hui 7 décembre 2011, on va encore palabrer sur ces fameuses réformes politiques, réclamées de façon itérative depuis des années par la classe politique et la société civile.

La première question basique du reste qu’on est en droit de se poser porte sur l’efficacité de rassembler 1 500 personnes pour ce genre d’échanges. Que ce soit en pleinière ou en commission, la probabilité que tout le monde puisse prendre la parole et, surtout, exprimer ses idées est quasi nulle. Même en un mois, cet exercice paraît difficile ; alors en 72 heures... Même si certains ne feront que de la figuration. Enfin, qu’est-ce que ces 1 500 délégués pourraient dire qui n’ait déjà été dit concernant ces réformes ?
L’opportunité d’un tel jamboree, qui confine aux foires politiques folkloriques, dont certains régimes révolutionnaires sont coutumiers, question de mousser le petit peuple, reste donc à démontrer.

On comprend la démarche du pouvoir, qui, en regroupant un tel monde, pourra se prévaloir après, d’avoir reçu des propositions d’un maillon représentatif du peuple, mais on reste circonspect sur la pertinence du mode opératoire ;
ensuite, en se projetant sur le destin final de toutes ces joutes, on constate que tout revient au mandant, c’est-à-dire au chef de l’Etat burkinabè. Ça ressemble au serpent qui se mord la queue.

Or de nombreux Burkinabè ne sont pas dupes, le problème central de ces Assises est l’article 37, le reste (Sénat, équilibre des pouvoirs...) étant de la garniture. Comment le charcuter, ce fichu article ? A la hache ? au scalpel ? Telle est la difficulté matricielle de l’opération. Les meilleurs experts du pouvoir, qui sont en laboratoire, cherchent le meilleur moyen de noyer le poisson dans l’eau.
Au regard de la crise aiguë qui a mis le Burkina sens dessus dessous, et même de la conjoncture internationale, Blaise Compaoré devrait respecter l’article 37 et se garder de vouloir compétir en 2015 pour une troisième levée.

En observant pourtant les attendus du CCRP, on ne peut manquer de s’attarder sur le fait que des mesures seront identifiées pour traiter des idées de réformes non consensuelles. Qu’est-ce à dire ? Jusqu’à présent on n’est pas situé.
La totale, c’est qu’insidieusement l’idée de référendum fait son bonhomme de chemin. Et en la matière, le peuple n’a pas d’autre choix que d’être d’accord, c’est-à-dire de dire un oui retentissant au toilettage de l’article querellé.
Or c’est un pis aller. Pas parce que Blaise Compaoré ne va pas être sanctifié du fond des urnes, mais parce que cela n’arrangea ni ce dernier ni le Burkina Faso.

Alors que les supputations et les scénarii, des plus sérieux aux plus farfelus, sont échafaudés, dans les chaumières, comme dans les salons feutrés, nul ne sait ce que pense Blaise in petto. Sa sortie, le 21 juillet 2011, sitôt après avoir reçu le rapport du CCRP, au cours de laquelle il a affirmé sa “disponibilité à œuvrer avec tous au respect de la constitution”, s’apparentait à une anthologie du mystère comme nous l’écrivons dans notre éditorial du 22 juillet 2011.

Si toutes ces réunions, qui demandent aussi des moyens, visaient à faire diversion, autant y aller franchement.
On veut offrir une virginité politique à l’actuel locataire de Kosyam ?
Qu’on le fasse clairement, car il faut souvent être à la hauteur de son pêché ; au lieu de donner l’impression qu’on tourne les citoyens en bourriques.

Le dilemme qui taraude le pouvoir devra de toute façon être résolu : soit on décide qu’il faut affranchir l’actuel président du corset de cet article pour qu’il puisse s’offrir un nouveau bail, soit on laisse ledit article en l’état, et Blaise qui, en principe, bénéficiera de l’éventuelle loi d’amnistie pourra penser à une vie après Kosyam.

Il n’y a pas, et le président du Faso le sait, de décision politique à risque zéro.
A moins que la proposition de Salif Diallo, qui a eu tort d’avoir raison tôt, s’invite aux conclusions : celle d’un régime parlementaire. Ça tombe bien, l’Axe II du CCRP évoque justement la nature du régime au Faso. Pour toutes ces raisons, d’aucuns estiment qu’il faut faire l’économie de ce “carnaval qu’est le CCRP”.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2011 à 04:50, par PUISSANCE 21 En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Depuis l’independance de la Haute Volta, aucun president de la republique n’est parti du pouvoir de lui-meme volontairement (Maurice, Lamizana, Zerbo...) Blaise ne va pas echapper a cette regle. Il se joue les durs. Mais c’est ce qui l’attend. Nous le ferons partir.

    • Le 8 décembre 2011 à 15:21, par samspade En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

      effectivement le blaiso se joue les durs or il est en danger. regarde autour de toi m^me wade qui semble vieux au pouvoir, n a pas la moité de ton règne. essaye de passer le témoin a roch, paramanga, salif, simon, herman, gilbert francois etc, mais passe la main. il y va de la stabilité de la sous region. des nouvelles t^tes de nouveaux challengers, même si les défis restent les même.

  • Le 7 décembre 2011 à 08:03, par Nongodo du Faso En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Cette fois-ci, nous sommes prets : ils n’ont qu’à toucher à l’article 37.......................

  • Le 7 décembre 2011 à 08:46, par Palin En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Bjr mon frère !
    J’espère que les gens comprendront pourquoi l’oppositon n’a pas voulu participer à ce cirque. Il est clair qu’à la mise en place du CCRP l’idée était de noyer le poisson dans l’eau.
    Ne criagnez rien chers frères ils ne vont rien modifier ici. Restez mobilisés pour des combats fermes et pacifiques.

  • Le 7 décembre 2011 à 08:51, par Un autre Koro En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Merci M. Zoungrana. Merci de traduire en des termes francs, justes et concrets ce que moi et bien d’autres citoyens ne pouvons transcrire et que nous pensons. La vraie définition du courage c’est , je le crois, de dire tout haut ce que tout le monde pense bas. Pour paraphraser Don Diègue, je dirai ceci : cette plume que ma main ne peut tenir, je la confie au tien.

  • Le 7 décembre 2011 à 09:08, par Lysandre En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Toute cette digression au peuple parce qu’on ne sait pas ce qu’on veut et où on conduit exactement le peuple . Cette incapacité est déplorable.N’y a t-il pas un homme sérieux pour balayer ce régime et nous faire espérer ? les signes sont visibles et parlant on a perdu le nord, la barque est en train de chavirer " on va droit au mur". Gardez courage population agonisante, après la pluie vient le beau temps.

  • Le 7 décembre 2011 à 09:15 En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Sincères Felecitations à M. Dieudonné ; C’est toute la vérité que as dite ; Puisse Dieu de te donner les moyens (courage, honnêteté, moyens financiers etc.) pour toujours éclairer les Burkinabè par l’information juste pour un avenir radieux de notre pays ; Pour être un vrai journaliste cela requiert tout simplement un engagement à servir son pays. Malheur à ceux qui,à cause de leur ventre continuent de pousser pour que notre pays prenne feu. Ne nous voilons pas la face car tous les détours que le pouvoir est entrain de faire c’est exactement ce que Tandja a fait au Niger. et l’issue de tous ces détours c’est le péril, le chaos. ayons tous le courage de le dire la vérité. Car tous ceux qui travaillent contre l’avenir du pays mettent en danger l’avenir de leurs propres enfants ou famille pour qui ils pensent travailler. Norbert Zongo l’avait si bien vu quand il disait qu’il n’y a pas d’avenir pour un homme dans un pays qui n’a pas d’avenir. Que Dieu protège le Burkina Faso

  • Le 7 décembre 2011 à 09:33 En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Brillant article comme l’est son auteur !

  • Le 7 décembre 2011 à 09:47, par TRAORE En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Bravo,Dieudonné pour cette analyse. l’histoire te le rendra.
    j’espere que tes collègues te suivront les jours à venir.

  • Le 7 décembre 2011 à 10:40, par aknaton En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    étonnant cet article venant de la part d’un journaliste qui me semble t il mangeait à la table du CDP. a moins que tout ceci ne soit une "diversion dans la diversion !!!"

  • Le 7 décembre 2011 à 11:13 En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Tout ce cirque pour ce fichu article ! très bien vu cher Monsieur.
    ce que beaucoup de Burkinabes ne savent pas est que que qu’il pleuve ou qu’il neige, cet article serait change car le peuple est couche et regarde faire ! B.C. s’est préparé pour que rien ne puisse l’empercher de le faire !
    *premier acte : création de FEDAP-BC pour réclamer et forcer la candidature de Blaise COMPAORE !
    *deuxième acte : provocation d’une militaire afin de prendre l’armée et la sécurité en main dans le but d’éviter ce qui s’est passe au Niger quand le président Tandja a voulu contre tous changer la constitution en sa propre faveur. Ainsi il a pris totalement l’armée en récupérant en plus toutes les armes susceptible de inquiéter au cas ou...!
    Aussi la sécurité Nationale est tenue par un parent très proche !
    troisième acte : CCRP et autre pour sonder le peuple et les acteurs politiques !
    le dernier acte pour enterrer l’article 37 actuel serait le referendum auquel nos parents analphabètes en majorité vont voter sans comprendre l’enjeu reel de cette consultation !
    en fin, je pense que la jeunesse est plus-que jamais face a ses responsabilités : cette jeunesse voudrait-il en fin s’engager pour prendre son destin en main ? ou resterait-elle dans la grâce maquillée des gourou du pouvoir ?
    merci a tous !!!

  • Le 7 décembre 2011 à 11:34, par to En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Tout ce cirque pour ce fichu article ! très bien vu cher Monsieur.
    ce que beaucoup de Burkinabes ne savent pas est que que qu’il pleuve ou qu’il neige, cet article serait change car le peuple est couche et regarde faire ! B.C. s’est préparé pour que rien ne puisse l’empercher de le faire !
    *premier acte : création de FEDAP-BC pour réclamer et forcer la candidature de Blaise COMPAORE !
    *deuxième acte : provocation d’une militaire afin de prendre l’armée et la sécurité en main dans le but d’éviter ce qui s’est passe au Niger quand le président Tandja a voulu contre tous changer la constitution en sa propre faveur. Ainsi il a pris totalement l’armée en récupérant en plus toutes les armes susceptible de inquiéter au cas ou...!
    Aussi la sécurité Nationale est tenue par un parent très proche !
    troisième acte : CCRP et autre pour sonder le peuple et les acteurs politiques !
    le dernier acte pour enterrer l’article 37 actuel serait le referendum auquel nos parents analphabètes en majorité vont voter sans comprendre l’enjeu reel de cette consultation !
    en fin, je pense que la jeunesse est plus-que jamais face a ses responsabilités : cette jeunesse voudrait-il en fin s’engager pour prendre son destin en main ? ou resterait-elle dans la grâce maquillée des gourou du pouvoir ?
    merci a tous !!!

  • Le 7 décembre 2011 à 12:19, par virus En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    je suis desole que l on veuille encore modifier la constitution ppour faire plaisir a une seule personne,blaise compaore.il est tant pour lui de se retirer.plus d un quart de siecle au pouvoir s est trop.il n est pas le seul burkinabe.salif diallo a eu raison de prendre ses distances.j invite la jeunesse a ne pas voter tout candidat ayant plus de 2 mandats pr les elections couplees de 2012..osons le changement.

  • Le 7 décembre 2011 à 18:08 En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Bel article qui traduit bien l’atmosphère nauséabond autour de cette question des Assises nationales. Avait-on vraiment besoin de réunir 1500 personnes dans un djandjoba dont on est sait que les dés sont pipés ? N’existe-il pas des intellectuels, des personnes avisées dans ce pays qui aurait pu proposer un document sur lequel l’assemblée nationale aurait pu trancher tranquillement ?

  • Le 8 décembre 2011 à 15:27, par samspade En réponse à : CCRP III : Tout ce cirque pour ce fichu article

    Le Pays du mardi 7 décembre 2010
    EGLISE CATHOLIQUE : Les 10 fléaux du Burkina
    A la faveur de la célébration du cinquantenaire de notre pays, les archevêques et évêques adressent à tous leurs frères et sœurs burkinabè un message rendu public le dimanche 5 décembre 2010.. Proposition d’une synthèse par le secrétaire exécutif de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, Abbé Pascal Bouda.
    I. Les acquis
    L’attachement au pluralisme politique
    L’effort pour le développement
    La lutte contre la pauvreté
    Les réalisations sociales
    Les créations culturelles
    II – Les insuffisances
    Les évêques avec un cœur meurtri attirent l’attention des Burkinabè sur dix fléaux.
    L’égoïsme de la classe politique
    Les excès politiques
    L’oubli du bien commun
    Une démocratie apparente
    La faiblesse du développement
    La pauvreté et la misère
    Le déni des valeurs morales et religieuses
    Violation des droits et difficile accès à la justice
    La corruption
    Les inégalités entre citoyens
    III. Perspectives et remèdes
    Pour une vraie démocratie
    Participation de tous
    La base culturelle du développement
    Au service de l’homme
    Nécessité d’une vraie réconciliation nationale
    IV – Les devoirs de chacun
    La mission de l’Eglise
    Les appels
    1. Appel aux gouvernants pour la survie du bien commun
    2. A tous pour la responsabilité citoyenne
    3. Appel aux chrétiens pour la conscience chrétienne
    4. Appel pour une renaissance du Burkina Faso
    Conclusion
    Ouagadougou, le 5 décembre 2010
    c’est mieux que les conclusion du CCRP, moins couteux les frais de carburant du SP CCRP
    donc arrêtons cette mascarade donc la seul justification est l’article 37.

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