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Le règne de la justice de la rue

Publié le vendredi 25 novembre 2011 à 01h19min

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Pour un devoir reprogrammé et non exécuté, des étudiants se fâchèrent net et le firent savoir ! Qu’on barricade vite, vite le cercle infernal et chacun saura de quelle revendication il retourne. En deux temps, trois mouvements, la circulation fut circonscrite sur le boulevard circulaire...
Depuis que des gens sont sortis au hasard dans les six-mètres et autres artères de Simonville et d’ailleurs pour casser et brûler tout sur leur passage, la justice de la rue règne en maître absolu au « pays des Hommes intègres ». Quelqu’un n’est pas content ? Eh bien, il empêche les autres d’être contents. Tandis que le destinataire de la protestation regarde tout ça de loin, bien calé dans son fauteuil en cuir, bien au frais dans son bureau climatisé. Et c’est le citoyen lambda qui paie les frais de toutes ces colères, légitimement mal gérées.

Ulcérés de subir à nouveau un report de leur dernier devoir de la première session, les étudiants de première année de droit ont cru bon exercer leur droit à la protestation dans la rue. Et ils n’ont rien trouvé de droit, pour crier leur mécontentement, que d’élever des barricades sur le boulevard circulaire. Les pauvres usagers qui ont, eux, le droit d’emprunter cette artère en ont eu pour leur calvaire le 21 novembre dernier, notamment à la hauteur du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao) : vaines négociations, esprits échauffés de part et d’autre, divers désagréments...

A l’origine de cette pagaille, une grève des surveillants qui, faute d’avoir été payés, ont refusé de paraître pour des nez percés. Selon le témoignage de l’un des grévistes de la surveillance, rapporté par la presse, « la semaine surpassée, nous avons menacé d’arrêter la surveillance si on ne nous payait pas et l’Administration nous avait demandé d’attendre mercredi, puis jeudi, ensuite vendredi. Nous avons accepté de surveiller un devoir ce même vendredi dans la matinée et refusé un autre qui devait avoir lieu dans la soirée ». Le dilatoire a continué ainsi jusqu’à lundi, avec la promesse que des comptables allaient venir tout régler, comme par enchantement.

« Mais jusqu’à 9 heures, aucun comptable n’était présent. Nous avons donc décidé de mettre à exécution notre menace », a-t-il ajouté. C’est que ces surveillants-là surveillent bien, à juste titre, leurs portefeuilles en cette année finissante où le poulet ne se négocie plus à moins de 2 500 F CFA dévalués, voire 3 000 F CFA, dans les marchés de Simonville ! Et puisque tout travail mérite salaire, et que chat échaudé craint l’eau froide, personne n’est fou pour laisser filer ses feuilles alors que sonneront bientôt les cloches de Noël et du nouvel an ! Surveillants en rogne, étudiants en boule, et voilà la justice de la rue qui entre par la porte, tandis que le droit et la justice avec grand ‘’J’’ foutent le camp par la fenêtre.

A Pouytenga toutefois, le maire n’a pas eu besoin de filer par la fenêtre. La population a décidé de se faire justice en le mettant proprement à la porte de « sa » mairie. Il y a juste une semaine, l’édile a été prié de quitter les lieux et les Pouytengalais ont tranquillement fermé les portes de leur maison commune. Mais qu’a-t-il fait, le pauvre, pour mériter un tel sort ? « On ne veut plus de ce maire. Il nous a trahis. Depuis son élection, il n’a rien fait sauf la construction du mur de la mairie. Il n’a aucune initiative. (...) Il prend les décisions tout seul et le conseil municipal ne fonctionne pas du tout. C’est nous qui l’avons légitimé lors des votes, c’est encore nous qui le désavouons aujourd’hui et on n’a pas besoin d’attendre qu’il finisse son mandat », explique, hors de lui, un ancien conseiller municipal dont les propos sont rapportés par le presse.

Si l’on en juge par la foule nombreuse, « composée de jeunes, de vieux, de femmes, de notables coutumiers, de commerçants, d’agents de la police municipale », qui a pris d’assaut les locaux de l’hôtel de ville, on peut en conclure que décidément, ce maire-là a réussi à faire l’unanimité contre sa personne. « Le banditisme a accru et on ne peut venir faire son marché tranquillement. La nuit, c’est la désolation totale ; c’est le règne de la jungle obligeant les habitants à se terrer chez eux dès 18 heures ». Qui peut en vouloir aux Pouytengalais de vouloir changer les choses ? Un maire prévenu en vaut plusieurs !

Journal du Jeudi

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