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Rentrée politique : A hue et à dia sur le djembé électoral !

Publié le vendredi 23 septembre 2011 à 03h55min

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Après la petite récré imposée par le gouvernement, la classe politique locale sacrifie, elle aussi, au rituel de la reprise. Entre les consultations électorales à venir (législatives et municipales couplées) et les commentaires à peine audibles sur la « France-à-fric » made in Burkina, chaque acteur de la scène se signale et marque son territoire.
La rivière politique locale s’agite timidement. À la trottinette, le débat public tente de se reconstruire une nouvelle rampe de lancement. Avec des thèmes réchauffés certes, mais qui sont toujours d’actualité. C’est le cas notamment des législatives et des municipales de 2012.

Me Barthélemy Kéré, désormais aux commandes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), s’active avec son monde pour relancer une dynamique mise à mal par des bisbilles de chiffonniers ; mais surtout il tente de remettre l’institution sur les rails, avec l’espoir de lui faire regagner son crédit perdu.
Conscient que les défis qui l’attendent sont immenses, pour avoir lui-même été de la maison avant d’en prendre officiellement les commandes, l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina multiplie en ce moment les visites de courtoisie et les séances de travail, en même temps qu’il place ses hommes aux commandes.

Autorités politiques, religieuses et coutumières, organisations de la société civile, sont principalement les entités rencontrées au lendemain de son élection en qualité de nouveau président de la Ceni, à une écrasante majorité, faut-il le souligner. Signe sans doute que l’institution avait besoin de se remettre elle-même en confiance, malgré le choc des ambitions qui se dessinait résolument.
Particulièrement sollicités, les partis politiques tant de la majorité que de l’opposition, ainsi que les organisations de la société civile, ont été gratifiés d’un clin d’œil qui en dit long sur les intentions des uns et des autres dans cette bataille de positionnement. Si rien ne dit que la bagarre est toutefois terminée et que les comptes ont été définitivement soldés, en revanche l’attitude des protagonistes montre bel et bien que l’heure est à la conciliation et à la recherche de solution aux difficultés qui arrivent.

Dans un passé récent, en effet, il faut se souvenir que les relations entre ces différentes composantes avaient débouché sur un blocage de la machine électorale. Obligeant du même coup le politique à intervenir de manière autoritaire et vigoureuse par le biais de la loi, pour remettre les compteurs à zéro.
L’accalmie actuelle est donc propice, on s’en doute aisément, à un renforcement des bases au niveau des différentes formations politiques engagées dans la course aux voix. Partout, le leitmotiv est quasiment le même : mobilisation et détermination des militantes et des militants pour affronter le défi des urnes.

En fonction des tendances actuelles, les enjeux sont bien évidemment différents. Pour le pouvoir en place, il s’agira de prouver aux yeux de l’opinion nationale et internationale que la crise est terminée et que la situation est maîtrisée.

De Ouagadougou aux villes de provinces, le rapport de force dont certains aimaient pourtant à se gargariser a finalement tourné au vinaigre pour eux. Sur fond de revendications contre l’impunité et l’injustice sociale, le régime a manifestement reculé en reconnaissant ouvertement le déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés. Au point que même le pouvoir judiciaire, pilier de l’Etat de droit, n’a pas échappé à la critique et au savon.

S’il a accédé (au moins formellement) à la demande des populations, le pouvoir se retrouve aujourd’hui dans une situation délicate. Celle qui consistera à regagner les faveurs des électeurs. Un numéro des plus délicats pour le parti majoritaire et ses satellites. Oui, mais pas seulement. Et pour cause les électeurs devront eux aussi passer par un jeu de logique...

En effet, comment délégitimer un président qui a été élu à plus de 80% des suffrages exprimés, aussi modestes fussent-ils ? Mais en même temps comment légitimer un pouvoir qui a été contesté jusque dans ses propres fondements avec une telle énergie, une telle rage ?
Bref, l’équation n’est pas simple. Et, bien entendu, il appartiendra aux électeurs d’en décider le moment venu, en départageant les prétendants qui se bousculent déjà au portillon. Cette perspective, on s’en doute bien, pourrait aussi faire l’affaire de l’opposition, à condition toutefois qu’elle parvienne à capitaliser l’ardeur militante des Burkinabè.

Cette dernière voudrait sans doute rééditer l’exploit de 2002. Pour ce faire, elle peut bénéficier d’une conjoncture favorable au plan interne, avec ses scandales de gestion à répétition, ses comptes d’apothicaires révélés au grand jour, et qui n’en finissent plus de noircir les pages de la mal gouvernance à la Burkinabè.
Mais encore faut-il savoir en profiter pour espérer remporter le scrutin. Aussi, pendant que quelques uns s’efforcent de renforcer les compétences de leurs militants, d’autres officialisent leur affaire.
Du reste, la perspective d’une relecture prochaine des textes régissant la création et le financement des partis politiques au Burkina ne semble nullement les perturber. Bien au contraire, ils sont toujours aussi nombreux à frapper à la porte du MATDS, le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, dirigé par Jérôme Bougouma.

Dans la même veine, les municipales devraient apporter également leur lot de réponses aux préoccupations actuelles. Communalisation intégrale oblige, les maires vont remettre leur mandat en jeu.
Si, à Bobo-Dioulasso, la seconde ville du Burkina, le maire sortant ne cache pas son envie de rebeloter en dépit d’un bilan qui reste encore à établir, à Ouagadougou, par contre, un vent d’alternance risque de souffler, si l’on en croit les informations qui parviennent de l’Hôtel de ville. « Au pouvoir » depuis 1995, celui qui dit n’avoir pas d’autre ambition à la dimension de Kosyam va-t-il se retirer en toute “gentelmania” comme il le laisse entendre ? À moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie de calcul politicien destinée à faire monter les enchères.

Dans tous les cas, les maires élus à l’issue de ces élections couplées de 2012 seront forcément obligés de résider dorénavant dans leurs communes respectives. Dura lex, sed lex.

Journal du Jeudi

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