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Coalition des OSC pour les reformes politiques et institutionnelles : Le médecin après la mort

Publié le jeudi 21 juillet 2011 à 14h39min

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Des responsables de la Coalition des Organisations de la société civile (OSC) pour les réformes politiques et institutionnelles ont rendu visite à votre hebdomadaire, L’Opinion le mercredi 13 juillet 2011. Pour les leaders de la coalition regroupant 52 OSC, cette visite s’inscrit dans le cadre d’une tournée par eux entreprise dans les différents organes de presse de la place afin d’expliquer « en direct » leur position sur leur refus de travailler au sein du Conseil constitutif pour les réformes politiques (CCRP) d’une part, et la reconsidération de ladite position du fait des changements au niveau règlementaire portant sur la reconfiguration, voire la reconsidération des étapes des travaux.

Des échanges francs, directs, sans tabou et nourris ont marqué cette visite qui aura été au demeurant, marquée du sceau de la courtoisie et de la cordialité. Me Hervé KAM, Hortence LOUGUET et Me Pierre Lassané YANOGO ont remis un exemple du document contenant les propositions de réformes de ladite coalition.

Après de brefs salamalechs et autres mots de bienvenue d’usage, le directeur du Canard hebdomadaire M. Issaka LINGANI, a dit l’agréable surprise qu’il a eue à la réception de la correspondance annonçant la visite. Sans détails et après une brève présentation des membres de la rédaction, et de sa structure, celui-ci a demandé aux visiteurs, l’objectif de leur présence dans nos locaux.

Me Hervé KAM, premier à intervenir, avant de répondre à la question s’est d’abord penché sur le contexte qui a prévalu à la mise en place de la coalition des OSC. Il a laissé entendre qu’un certain nombre des OSC (52) se sont retrouvées pour échanger sur leur contribution aux réformes institutionnelles et politiques (RIP) étant donné l’évidence, l’imminence et l’unanimité d’élue partie sinon de l’ensemble des acteurs sur la nécessité de réformer les institutions républicaines.

Il a ensuite affirmé que dans la coalition, ils (ndlr : les membres) se sont penchés sur d’abord le cadre des réformes. Ensuite, sur le fond. En ce qui concerne le cadre, Me KAM a dit que la coalition a estimé que le cadre qui avait été proposé, notamment le CCRP n’offrait pas toutes les garanties d’un dialogue inclusif et participatif même si après des avancées ont été notées dans le cadre du dialogue avec, entre temps, la programmation des deux autres étapes à savoir les régionales et les assises. « Nous avons dit que tout en étant d’accord pour le dialogue et pour les réformes, nous ne pouvions pas participer aux CCRP pour la simple et bonne raison que nous pensions que la forme proposée ne nous convenait pas. Pour un dialogue inclusif, nous, nous avions pensé que d’abord la présidence du CCRP assurée par le ministère chargé des Réformes n’était pas convenable. Parce que ce ministère devait servir plutôt d’interface. Deuxième point : nous avions pensé que le fait que le CCRP devait réunir toutes les propositions consensuelles ou non ne nous donnait pas suffisamment de garanties sur ce qui va advenir à ces propositions. Il y a d’autres éléments mais ce sont les principaux », a expliqué Me KAM. 

« Nous avons dit qu’il fallait un dialogue qui épuise toutes les questions d’intérêts national »

La coalition s’est rebiffée, a-t-il fait remarquer parce que considérant que dans l’histoire politique du Burkina, des institutions similaires qui ont existé n’ont pas permis de « trancher ». C’est donc dans ce contexte qu’elle a refusé de participer tout en maintenant sa disponibilité à participer au dialogue. C’est dans ce cadre qu’un document a été élaboré contenant des propositions qui sont acceptées par l’ensemble des 52 membres de la coalition. « Nous espérons que dans ces propositions, beaucoup de Burkinabè peuvent se retrouver en ce qui concerne les Réformes politiques institutionnelles et aussi le cadre même du dialogue ». C’est donc dans ce cadre que s’inscrit la visite pour faire passer le message en tant que leader d’opinion sans aucune considération de la ligne éditoriale ni du nom du journal et aussi avoir des suggestions de la rédaction.

A la suite de Me KAM, Me Pierre Lassané YANOGO a pris la parole. Il a, à l’entame de son propos levé tout équivoque. « A notre avis, le pays se trouve dans une situation où nous avons besoin d’un dialogue constructif. Nous avons besoin d’un débat franc pour aller sur des bases qui nous permettent de sortir de là où nous sommes. C’est une situation peu enviable. Il y a eu des gens qui ont dit qu’il y a des associations qui ont voulu faire la politique de la chaise vide. Nous n’avons pas voulu faire la politique de la chaise vide. Nous n’avions pas voulu boycotter. Nous avons dit qu’au regard de ce que nous avons déjà vu dans ce pays, comme forum de débat et autres, si nous voulons d’un débat, il ne faut pas faire un semblant de débat. Il ne faudrait pas faire un débat qui n’épuise pas toutes les questions d’intérêt national. Donc, pour nous, il ne s’agit pas de dire ; nous sommes prêts pour aller au CCRP, mais chapeauter le CCRP par une connotation politique notamment couvert par un ministère chargé des Réformes, c’est en lui-même un frein à la liberté, la censure de l’emprise politique des débats. Voilà un des éléments pour lesquels nous avons dit que le CCRP, le cadre du dialogue voulu est noble, mais dans sa forme, il faudrait faire en sorte qu’il y ait moins d’emprises. Qu’on ne sente pas que c’est la politique qui gère sa chose avec quelques ajouts venant d’autres parties ». C’est donc en réponse à cette situation que la coalition a fait des suggestions qui, selon Me YANOGO, ont été prises en compte dans un premier temps.

« Manquer une occasion de s’asseoir avec les autres pour partager dans une situation de crise comme la notre est quand même dommageable »

Poursuivant, Me YANOGO, pour qui l’action de la coalition s’inscrit dans le cadre de la citoyenneté, a révélé que son groupe a également fait des propositions pour les cadres de réformes au niveau des régionales et des assises nationales. Il estime donc que l’élan voulu par celui-ci rentre dans le cadre d’une solution juste et équitable pour une meilleure sortie de crise.

Avant de laisser la parole aux membres de la rédaction, M. LINGANI, à l’éclairage des visiteurs sur l’objet de leur visite, a dit être gêné que des organisations aussi puissantes que celles réunies au sein de la coalition aient refusé de participer aux débats. Tout en avouant comprendre la logique de leur démarche même si de son point de vue il y voit un a priori.

Pour lui « manquer une occasion de s’asseoir avec les autres pour partager dans une situation de crise comme la nôtre est quand même dommageable surtout pour des gens qui se battent, d’autant plus qu’au quotidien, au risque même de leur vie, de leur carrière, pour la démocratie, la justice, la paix ». De plus il a avoué que malgré les explications qui sont données par la coalition, des zones d’ombres subsistaient quant à ce refus de ne pas participer aux travaux. Surtout qu’une partie des critiques des tenants de la coalition ont été prises en compte immédiatement à savoir que le CCRP ne se limite pas à faire des propositions à remettre au gouvernement. Mais qu’il y ait un débat et un élargissement du dialogue avant d’aller vers des assises nationales. Le directeur de L’Opinion a donc espéré que la coalition revienne sur sa position avec cette nouvelle donne qui témoigne, a-t-il signifié, d’un certain désir d’un dialogue non seulement inclusif mais aussi et surtout qui ne veuille soustraire ni une personne, ni une organisation, encore moins une catégorie sociale donnée.

Répondant à la préoccupation de M. LINGANI, Me Hervé KAM, a dit qu’au moment où la coalition prenait la décision de ne pas prendre part aux travaux du CCRP, il n’avait pas été décider des deux autres étapes. Mais selon lui, même si une partie de leurs préoccupations a été prise en compte, il reste que l’un des points majeurs, reste, pour eux, la mise en place d’un comité d’experts en lieu et place du CCRP. « Parce qu’il ne faut pas qu’on se trompe pour parler des réformes. Il faut vraiment des gens qui savent de quoi ils parlent. Il ne suffit pas d’être de la société civile, ou de n’importe quelle catégorie. Il fallait prendre un comité d’experts pour faire un travail pour que les assises aient un sens. Ce qui n’était pas le cas par rapport au CCRP. Et à l’époque, dans la première, dans la première version du dialogue, il n’y avait pas les assises. Nous, nous avons estimé qu’il fallait les assises. Parce que ça ne servait à rien d’aller dans un CCRP faire des propositions consensuelles ou non consensuelles et transmettre au gouvernement.

« Les cadres des Réformes à l’heure actuelle nous conviennent et nous voulons participer aux débats »

Maintenant, avec les assises, la deuxième formule, rassurez-vous que nous prendrons toutes les précautions pour être présents aux assises ». La coalition des OSC pour les réformes politiques et institutionnelles trouve ainsi que le cadre des assises tel que présenté à l’heure actuelle sera participatif, ouvert. Car se fondant sur le fait qu’il y a une ouverture aux régions. « Notre position n’est pas un refus du dialogue, a commenté Me KAM, c’était un refus du cadre du CCRP dans sa version originelle. La réalité, c’est ça ».

Me Pierre Lassané YANOGO, pense que « les 52 associations qui sont regroupées au niveau de la coalition sont des associations crédibles qui regorgent de personnes quand même d’une certaine moralité, d’un certain respect. Je ne pense pas que ces personnes là aient besoin des politiques de l’opposition notamment pour les attraire à prendre des décisions. Je ne me reconnais pas dans cela et je sais que beaucoup d’associations ne se reconnaissent pas dans cela. Ils savent très bien que si on fait un lien de ce genre, voyez-vous ça devient dangereux parce qu’il y a d’une part, la majorité, d’autre part les oppositions et ensuite les OSC. Non, c’est pas le cas ».

Mais à l’heure actuelle, les travaux du CCRP sont avancés. Que pense la coalition des résultats qui se dessinent (ndlr : nous étions le 13 juillet, veille de la clôture des travaux), se retrouve-t-elle à travers ce qui s’y dégage ? Nous ne pouvons rien dire à ce propos. Car nous ne nous sommes pas concertés pour arrêter quelque chose. Que pense-t-elle d’un passage à une 5e République ?

Me KAM se lance : « Moi, je fais beaucoup de reproches en général aux Africains honnêtement, que ce soit dans la constitution, que ce soit dans toutes nos lois, l’Africain quand il veut changer un article, il change toute la loi. Et c’est pas propre au Burkina. Quand on n’est pas d’accord avec un article, on le change, on le supprime et on fait une notice dans le document pour signifier que tel ou tel article a été changé.

Pourquoi passer à la 5e République ? Nos institutions sont-elles vraiment aussi malades qu’il faut tout remettre en place et passer à la 5e République ? Moi je pense que ce n’est souvent pas nécessaire. Quand un point précis pose problème, on le règle et on continue. Les constitutions exemplaires aujourd’hui ce sont les constitutions qui sont restées.

Des échanges fort intéressants, il n’en a pas été autrement. Mais surtout dans un langage direct, sans langue de bois mais toujours dans la courtoisie et dans la convivialité malgré les écarts de vue au départ qui ont Comme toute aboutie à leur parfaite compréhension.

Les visiteurs ont remis à la rédaction un exemplaire du document contenant l’ensemble des propositions de la coalition des OSC. Mais au fait, pourquoi Me Hervé KAM n’a pas fait comme le Pr. LOADA en participant aux travaux en tant que Me Hervé KAM et non au nom de la coalition ? Réponse : Parce que le Pr. Augustin LOADA c’est pas Me Hervé KAM, a fait savoir Me KAM. Pour ainsi dire, le temps n’a pas permis de survoler l’ensemble des sujets à l’ordre du jour. Rendez-vous a été donc pris ultérieurement.

Wendpouiré Aristide OUEDRAOGO
L’Opinion

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