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CCRP : Un devoir de combat

Publié le mercredi 20 juillet 2011 à 20h21min

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Le contraire aurait plus qu’étonné : les conclusions du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) occupent les devants de l’actualité et des débats, chacun y allant de ses convictions. Pour une structure dont on nous avait assurés à cor et à cri qu’il ne fallait rien attendre de bon, c’est à ne rien comprendre.

Et pourtant, il faudra s’y faire, car on n’a pas fini d’ergoter sur le sujet d’autant plus que comme toute victoire, celle du CCRP compte des parrains et des acteurs dans tous les milieux. De ses adeptes les plus enthousiastes présentés comme des obligés du pouvoir, en passant par tous ceux qui aiment à nager dans des eaux troubles et dont on n’a jamais compris le positionnement, à tous les enragés, baptisés indépendants parmi les indépendants et parlant au nom du peuple et par le peuple, on se bouscule pour lui tresser des lauriers.

En vérité là aussi on est loin d’être surpris, tant l’histoire de ce pays regorge de faits du genre où les grands absents n’ont pas hésité à faire les matamores se disputant la palme du ridicule dans des analyses et des commentaires surréalistes. Si cela leur fait du bien ; eh bien qu’ils ne s’en privent pas car, hier comme aujourd’hui ils seront toujours confinés à leur rôle, le seul qu’ils connaissent et qu’ils affectionnent : aboyer pendant que passe la caravane. En réalité, si certains analystes avaient une once de foi en ce qu’ils prétendent être, ils se feraient tout petits et se tairaient à défaut de reconnaître qu’ils étaient allés trop vite en besogne et qu’ils s’étaient laissé aller à des procès d’intentions indignes de leurs rangs. C’est à croire qu’ils prennent leurs lecteurs et leurs auditoires pour des niais, déjà qu’ils soutiennent sans sourire que notre peuple est immature et ne sait pas ce qui est bien pour lui, les obligeant à jouer à ses porte-paroles et à ses « guides éclairés ».

Ce qui importe ce n’est ni leurs points de vue, ni leurs manières de les défendre, mais leur autisme caractérisé et cette manie de mélange de genres qui les fait passer sans crier gare d’observateurs, à acteurs et vice-versa à telle enseigne qu’on ne sait pas à quel moment on peut leur « rentrer dedans », comme cela se doit ou leur accorder tout le respect dû à leur rôle d’analystes. Toujours est-il qu’on finit par comprendre leur jeu, tant il est vrai qu’on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. Du coup, leur « indépendance » apparaît comme un véritable « trompe-couillon » derrière lequel bouillonnent de bas instincts et des calculs sordides qui leur permettent d’injurier les autres à moindre frais.

Pour revenir au CCRP et à ses résultats, on doit donc se faire une raison de voir certains en applaudir les résultats à tout rompre après l’avoir vilipendé et affirmé qu’il n’était ni crédible, ni représentatif des populations du Burkina Faso et que ses géniteurs n’étaient que de vulgaires manipulateurs, des personnes peu dignes de confiance et que les dés étaient pipés avec pour seul objectif : la révision de l’article 37… Il a fallu qu’il n’y ait pas de consensus sur la révision de cet article pour les voir virer leur cuti. Et les voilà dans des envolées lyriques, dithyrambiques sur le CCRP et sa crédibilité, sa vista et son courage, etc. Comme si cela ne suffisait pas, ils s’en prennent à l’opposition officielle dont ils disaient pourtant comprendre le refus d’y prendre part et dont ils s’évertuaient à expliquer la pertinence et la justice de la stratégie ! Mieux, ils reprennent des arguments aussi simples que de bon sens tels que : l’opposition devait participer, quitte à démissionner en cours de route si elle venait à constater que les jeux n’étaient pas ouverts. Il est vrai que seuls les imbéciles ne changent pas, mais là il faut avouer qu’ils y vont un peu fort tout de même !

Sur le fond, comme on le voit, seul l’article 37 intéresse nos célèbres analystes. Pas le moindre mot sur la vingtaine de propositions faites par le CCRP pour renforcer la démocratie, améliorer et moderniser la gouvernance globale et ouvrir de nouvelles perspectives pour notre peuple. Tout est donc ramené à cet article avec chez certains des arguments à faire froid dans le dos. Rien moins que des appels à des règlements de comptes entre générations dans notre pays, à la chasse à des révolutionnaires qui seraient mal repentis et seraient incapables d’être des démocrates des affirmations péremptoires volontairement mensongères, des accusations aussi gratuites que malveillantes et malhonnêtes,… Chassez le naturel, il revient au galop, dit l’adage.

C’est en effet une marque de fabrique qui ne trompe plus. D’autant que la dose de mauvaise foi indispensable est au menu avec une interprétation saugrenue du consensus tel que appliqué au sein du CCRP. Celui-ci avait clairement indiqué que l’opposition expresse de l’un quelconque des membres sur une proposition entraînait son rejet dans le lot des propositions n’ayant pas recueilli de consensus. Pour autant ces propositions comme toutes les autres devront poursuivre leur parcours dans le processus de concertations.

Par ailleurs réduire les « non-consensus » du CCRP à des rejets d’office de quelques propositions que ce soit par la nation entière est d’une mauvaise foi ahurissante. Quelle que soit sa représentativité le CCRP ne saurait se substituer à tous les Burkinabè dans leur ensemble. Le prétendre serait aussi bête que de soutenir qu’un sondage vaut l’élection sur laquelle il porte. Ce qui est curieux c’est que dans le même temps ceux qui soutiennent de telles inepties refusent que l’on fasse appel à l’arbitrage du même peuple pour trancher définitivement sur tous les points en litige, particulièrement sur la révision de l’article 37 dont ils ont la conviction que l’ensemble des Burkinabè ne veulent pas. N’est-ce pas des plus anachroniques ? Quelle démocratie veut-on construire en refusant au peuple le droit de se prononcer sur les faits le concernant au premier chef ? Quelle démocratie veut-on construire quand n’importe qui peut prétendre parler au nom du peuple sans aucun mandat ?

Les travaux du CCRP auront permis de comprendre que bien de personnes qui professent la révision de l’article 37 n’en ont que faire de la démocratie ou de ce que le peuple veut ou ne veut pas. Leur seul combat est le départ de Blaise COMPAORE du pouvoir ; ni plus ni moins. Certains d’entre eux ne s’en cachent d’ailleurs pas ou plus. Il n’y a pas de mal à cela puisque c’est leur droit le plus absolu. Que ce soit des politiques ou autres, l’essentiel est qu’ils inscrivent leurs actions dans le cadre du droit et de la constitution. N’est-ce pas cela qu’ils font en s’arc-boutant autant sur la non-révision de l’article 37 ? N’est-ce pas ce combat qui unit dans une incroyable solidarité des obédiences politiques aussi opposées que les sankaristes, nostalgiques de la révolution et les vestiges de la vieille garde politique à jamais expurgée de l’histoire de notre pays et qui rêve de se farcir du révolutionnaire mal repenti ou de mettre en selle leurs rejetons ?

C’est là, la seule et unique réalité des faits. Le reste n’est que rhétorique pour endormir ceux qui le veulent. Personne n’est dupe. Ceux qui le sont, devront se réveiller et ouvrir l’œil, et le bon. C’est un véritable devoir de combat qui interpelle tous les Burkinabè : le combat pour que le droit, la légalité et la légitimité l’emportent et que le peuple tranche lui-même entre ses fils.r

Cheick Ahmed
ilingani2000@yahoo.fr

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2011 à 23:05, par Tapsoba En réponse à : CCRP : Un devoir de combat

    Vous êtes animé d une mauvaise foi et c’est dommage.Le CCRP est-il constitutionnel ? Les assises nationales sont-elles constitutionnelles ? Le debat regional sur les reformes est-il constitutionnel ? Tout cela ,Blaise Compaoré ne l ignore pas.Ce ne sont pas des cadres légaux par lesquels on décide de l avenir de la nation.N empêche ,il a eu l idée d en faire des institutions (passagères soient-elles) à travers lesquelles on espère sortir un pays du « gouffre » dans lequel 24 ans de règne l a plongé,nonobstant les possibilités d user d un referendum(légale),d user d un vote au parlement(légale).À ce titre,ne faites vous pas injure au président (himself),l initiateur lorsque vous déclarez que :« Quelle democratie veut-on construire en refusant au peuple le droit de sa prononcer sur les faits le concernant au premier chef ? ».Ou bien parce que le consensus n est pas trouvé pour la levée du « verrou » qu elles(ces institutions passagères et anti-constitutionnelles) ne sont plus démocratiques ? Qu elle serait votre réaction si le consensus pour le dévérouillage était-il trouvé ? N est -ce pas là une histoire d arroseur arrosé ? En recusant les conditions posées par les opposants(statutaires pour aller dénicher des opposants "illégaux" et ce en violation de la loi y relative promulguée par le PF )et des OSC ,qu esperiez-vous ? Qu ils vous suivront comme des moutons dans vos désirs sans même penser que même certains de vos affidés(adf/rda en l occurence) vous abandonneraient.Pourquoi les absents pour ne pas dire boycotteurs se priveraient-ils de se rejouir meme si la victoire n est pas encore definitive ? Ils s en délecteront piaaaan !!!

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