LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : Attendez, l’Etat arrive

Publié le lundi 6 juin 2011 à 02h35min

PARTAGER :                          

Désormais, tout mouvement de révolte dans n’importe quelle garnison du Burkina sera mâté. En d’autres termes, l’Etat est fatigué de négocier, de se courber et n’est plus prêt à laisser faire du désordre, de la pagaille et des pillages dans les villes du Burkina. Il met ainsi fin à la récréation à partir de Bobo-Dioulasso. Une récréation entretenue depuis le 14 avril 2011 et qui gagnait chaque jour du terrain et de l’intensité. Et il a raison l’Etat, car depuis ce 14 avril lorsque des militaires se sont soulevés à Ouagadougou contre une décision de justice, les populations civiles n’ont plus eu la paix véritable.

Comme par contagion, des mouvements de revendication, certains souvent injustifiés, ont eu lieu dans pratiquement toutes les garnisons. Dédougou et Bobo-Dioulasso qui font partie de la deuxième région militaire, et qui étaient jusque-là en dehors de ces mouvements, ont pris le relais au cours des deux dernières semaines. Malheureusement, à Bobo-Dioulasso, des éléments en ont fait trop. Il faut dire qu’ils sont « rentrés dans l’herbe ». Ce qui a obligé l’Etat à prendre ses responsabilités par une réquisition complémentaire spéciale à l’effet dans un premier temps de libérer Bobo-Dioulasso et dans un deuxième temps, mettre en garde contre toute velléité de mouvement militaire sur l’ensemble du territoire national. Ce qui est bien dit et sonne comme un clairon.

Ainsi, à Bobo-Dioulasso, c’est avec beaucoup de joie que les populations qui ont été prises en otage pendant quarante-huit heures ont accueilli cette intervention musclée d’éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), du Régiment de parachutistes commandos (RCP) et de l’escadron de Ouagadougou. Jamais des populations n’ont communié ainsi avec des militaires. Ce vendredi en début d’après-midi, elles étaient massées dans certaines artères de la ville, notamment en face du camp Ouezzin Coulibaly pour applaudir les éléments libérateurs à chaque passage.

C’est dire que les populations n’en pouvaient plus et cherchaient à se libérer. Un ami français m’a dit ces derniers temps qu’on ne négocie pas avec un militaire qui a une arme dans la main. Puisque, disait-il, après chaque revendication satisfaite, il en créera une autre. Et c’est ce qui est arrivé. L’Etat à trop négocié. Ce qui, apparemment n’est pas mauvais dans un Etat de droit et particulièrement au Burkina où le dialogue, la concertation et l’entente sont des vertus cardinales. Malheureusement, en face, il avait affaire à des gens qui n’avaient que pour simple ambition, leurs intérêts égoïstes : piller, voler, vandaliser, tuer à la limite. Ils n’ont pas hésité à voler tout ce qui pouvait l’être. En témoigne l’important matériel récupéré et stocké dans un magasin à la gendarmerie au camp Kuinima. En témoigne la quantité d’armes et de minutions dont ces éléments s’étaient emparées.

Ils n’ont pas hésité à tirer dans tous les sens et dans tous les secteurs et quartiers de la ville, dans les bars et buvettes, dans les cabarets, faisant au moins un mort civil. Ils n’ont pas hésité à violer, quand ils en ont eu l’occasion. Et c’est le peuple qui en a souffert, dans sa chair, dans son esprit. Jamais Bobo-Dioulasso n’a connu une température aussi élevée. Donnant raison à tous ceux qui redoutaient une quelconque manifestation ou mutinerie à Bobo. Et qui ont travaillé, jour et nuit, visiblement ou dans l’ombre pour épargner Bobo. On les connaît, et on le sait. A tous ces gens, la nation sera reconnaissante. Si elle ne l’a pas déjà fait avec cette venue ici même du Premier ministre Luc Tiao.

S’il y a ceux qui ont travaillé pour la paix et la concorde à Bobo, il faut savoir et c’est connu également, qu’il y a des gens qui ont tout fait (malheureusement ils ont réussi), pour que Bobo connaisse la tempête, le désordre, la pagaille, les pillages. Aujourd’hui, le bilan est bien établi. Chacun sait ce qu’il a fait et se reconnaît, pour cette ville et pour ce pays.

Bobo-Dioulasso se réveille lourdement de ses blessures. Qu’il faut tout de suite panser et repartir très vite sur de bonnes bases. L’économie de la ville qui repose sur le commerce a été lourdement atteinte. Mais le message est clair et tout le monde, ou presque en est conscient et s’accorde là-dessus. Plus rien ne sera comme avant. Les biens acquis doivent être préservés par tous les moyens pour les générations futures.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?