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Sixième édition des journées culturelles des Burkinabè de Lyon : Un week-end lyonnais aux couleurs burkinabè !

Publié le jeudi 12 mai 2011 à 00h03min

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Dimanche 8 mai aux environs de minuit. Dans la grande salle de spectacle du Centre culturel œcuménique de Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, le public venu nombreux écouter l’artiste Floby, reprend en chœur avec lui le refrain de Rosine, le titre fétiche de son premier album Mam sooré (Mon destin) qui l’a propulsé sur le devant de la scène musicale burkinabè depuis 2006.

Durant deux heures, la star de la chanson burkinabè a tenu le public en haleine, déroulant son riche répertoire avec le talent qu’on lui connait dans une ambiance surchauffée. Dernière manifestation de la sixième édition des journées culturelles de l’Association des Burkinabè de Lyon (ABL), le concert s’est prolongé jusqu’au petit matin à Lyon Centre, une boite de nuit qui a dû refuser du monde. « Je suis très content et soulagé. Nous avons enregistré près de 250 couverts pour le repas qui a précédé le concert.

C’est formidable », se réjouit Hamidou Ouédraogo, président de l’ABL, sans doute une des plus dynamiques des associations de Burkinabè en France. Depuis la création de l’association en 2005, les membres des bureaux successifs ont su, par leur sérieux, susciter la sympathie des Lyonnais et la confiance des autorités municipales et régionales qui n’hésitent plus à leur apporter le soutien financier et logistique nécessaire à chaque fois qu’ils en éprouvent le besoin. C’est aussi cette confiance en l’ABL qui a décidé la compagnie belge, Brussels Airlines, qui dessert Ouagadougou depuis juillet 2010, à nouer un partenariat en mettant en jeu un billet aller-retour pour une destination africaine.

Ouvertes le 6 mai par la projection du film « Notre étrangère » de Sarah Bouyain, récompensé au dernier Fespaco des prix Oumarou Ganda et de l’Union européenne, les journées culturelles des Burkinabè de Lyon se sont poursuivies le 7 mai par une conférence-débat sur la « sécurité alimentaire au Burkina Faso » et la dégustation des mets burkinabè, le tout arrosé de boissons, du bissap, jus de gingembre et de tamarin, et du désormais incontournable « dolo de Koupéla » de Tantie Marie-Joseph Kaboré.

Egalement au programme, la projection de « Ouaga Saga », des séances de danse, les contes d’Ibrahima Kiénou, des ateliers de tresses africaines, un « quiz Burkina » très instructif (on découvre, très surpris, que des étudiants Burkinabè ignorent la date de l’indépendance de leur pays), et un défilé de mode avec des mannequins plus à l’aise dans les amphithéâtres et les bureaux que sur le podium !

C’est le conseiller en agriculture à l’ambassade du Burkina à Rome et représentant permanent-adjoint auprès de la FAO et du FIDA, Laurent Diandiaoua Coulidiati qui a animé la conférence sur la Sécurité alimentaire.

Concis, parfois très technique, il a rappelé que par sécurité alimentaire, il faut comprendre « accès à tous, à tout moment à une alimentation suffisante pour mener une vie saine et active » et de préciser que la sécurité alimentaire suppose que la production soit disponible, accessible et de bonne qualité. Un privilège auquel n’ont pas accès plus d’un milliard de personnes dans le monde dont la majorité se trouve sur le continent africain. Au Burkina, l’insécurité alimentaire frappe 50% des ménages et le phénomène ne fait que s’aggraver d’année et en année.

Les émeutes contre la faim qui ont éclaté en 2008 dans plusieurs pays du monde, particulièrement en Afrique ne sont, en dehors de la spéculation, que la conséquence d’une hausse moyenne de 45% des prix des céréales depuis 2006.

Pour faire face à la pression démographique et à la demande de plus en plus forte en besoins alimentaires des populations africaines, l’Union africaine (UA) avait recommandé en 2003 aux pays africains de consacrer 10% de leur budget au secteur agricole. Huit ans plus tard, le bilan est globalement négatif, seuls quelques pays ont atteint cet objectif, la majorité des pays ne consacrant que 5% de leur budget à l’agriculture.

En Afrique de l’Ouest, souligne le conférencier, certains pays sont capables d’atteindre une certaine autonomie sur certaines cultures. Le Nigeria par exemple produit 57% des céréales de la région, tandis que dans le Sahel, le Mali, le Niger et le Tchad couvrent chacun 70% de ses propres besoins alimentaires.

Malgré les énormes potentialités de production de riz dont elle dispose, la région ouest-africaine devra encore en importer pendant longtemps. La faute, entre autres, aux entraves à la libre circulation des biens dans l’espace CEDEAO pratiquées en Guinée, au Liberia, à l’insuffisance des moyens de transports et le non accès des paysans aux micro-crédits pour l’achat des semences et engrais.

L’espoir réside t-il dans les promesses d’investissements faites en 2010 par la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD) de consacrer respectivement environ 800 millions de dollars et 4,8 milliards de dollars aux engrais et à recherche agricole ? Rien n’est moins sûr, les promesses, on le sait, n’engagent que ceux y croient.

Pays essentiellement agricole, le Burkina dispose de 9 millions d’ha de terres arables, soit 32,8% du territoire national, mais n’en exploite que 3 à 4 millions d’ha, une sous exploitation du potentiel agricole, à quoi s’ajoute la dégradation continue des terres particulièrement dans les régions du Sahel, du Nord et du centre-nord, d’où les déficits céréaliers fréquemment enregistrés dans ces régions. Toutefois, depuis cinq ans, le Burkina récolte en moyenne entre 2 et 2,6 millions de tonnes de céréales par an pour des besoins estimés entre 1,7 et 2,2 millions de tonnes. Autrement dit, le Pays des Hommes intègres produit suffisamment pour répondre à la demande de la consommation intérieure.

Les poches de famine constatées parfois durant les périodes de soudure, de juin à août, vient de l’incapacité de notre pays à transférer les produits céréaliers des zones excédentaires vers les zones déficitaires. Faut-il alors réhabiliter les boutiques OFNACER où les céréales sont vendues à prix subventionnés ? La question mérite d’être posée d’autant plus que la Banque mondiale qui avait fait pression et obtenu leur suppression a depuis lors fait son mea culpa, en reconnaissant que l’alimentation des populations ne saurait être abandonnée aux seules lois du marché.

L’exposé du conférencier, attentivement suivi par un public cosmopolite, a suscité des débats forts instructifs qui ont duré plus de deux heures. Le texte du conférencier a d’ailleurs été sollicité par des nombreux participants qui s’intéressent au Burkina et à la problématique de la sécurité alimentaire dans le monde. Il devrait être disponible rapidement sur le site de l’association, abl.asso.fr

Joachim Vokouma

Lefaso.net


Le développement par l’instruction !

Pierre Spaute

C’est la conviction de Pierre Spaute, président de l’Association burkinabè pour l’alphabétisation (ABA) créée en septembre 2010. « Nous souhaitons aider les enfants qui sont dans le besoin, en particulier les orphelins de plus de de deux ans pour lesquels il n’y a pas de structures d’accueil. En accord avec le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale, nous finançons la scolarité d’un enfant à Kamboincin, en espérant le suivre le plus loin possible », explique ce Belge né au Congo-Kinshasa, devenu belgo-burkinabè par le mariage.

Site de l’association : aba-association.org

JV

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