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Vie chère : Gouverner, c’est prévoir

Publié le lundi 11 avril 2011 à 02h35min

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A peine les crocs de la vie chère de 2008 ont-ils desserré leur étreinte étouffante, même si, toute proportion gardée, les morsures ne sont pas totalement cicatrisées, qu’on en annonce une autre A VENIR, qui sera, dit-on, plus âpre, plus mortifère et difficile à circonscrire : en effet certains spécialistes prévoient la survenue de ce “monstre” à moyen ou long terme, au Burkina et dans d’autres pays de la sous-région. Brume d’angoisse et de hantise chez les populations.

D’où cette grève générale observée par la Coalition nationale de lutte contre la vie chère (CCVC) le 8 avril 2011 pour signifier au gouvernement d’anticiper, au cas où cette prévision surviendrait effectivement.

A vrai dire, le “général” Tolé Sagnon et sa troupe ont raison de sonner le cor à l’intention de ceux qui sont au pouvoir, lesquels donnent souvent la fâcheuse impression de laisser les problèmes devenir insolubles, voire de jouer la montre avant de chercher à les résoudre.

Ensuite, les émeutes de la faim de 2008 sont passées par là. Sur ce sujet, l’honnêteté recommande de reconnaître que le gouvernement de Tertius Zongo a bien géré la vie chère version 08.

Dans un contexte de dépression internationale, la panacée à trouver n’était pas évidente. Qu’y pouvait par exemple un pays africain importateur de denrées alimentaires, tel que le Burkina Faso si la Thaïlande refusait à l’époque de vendre son riz, en attendant de voir venir sinon que de compter sur sa propre production ou d’aller voir ailleurs ? Or la production locale est souvent insuffisante, sinon très coûteuse. Donc une autre vie chère se profile à l’horizon ?

Que peut faire l’Etat pour amoindrir le choc si ce Tsunami advenait ?
- Souhaiter d’abord que l’excédent céréalier soit une réalité, car mieux vaut qu’il y ait des vivres, même si c’est les sous qui manquent, que des rayons vides et beaucoup d’argent.

- Continuer le dégraissage du mamouth en poursuivant la diminution du train de vie de l’Etat. Il faut se féliciter d’ailleurs de la gestion rationnelle du carburant et des véhicules, même si, ces derniers temps, il semble qu’il y ait une explosion de laissez-passer et de véhicules banalisés.

L’arrêt des dépenses somptueuses est une nécessité absolue. Sous couvert que le Burkina Faso est un pays de services, de nombreux événements organisés ici confinent à des tonneaux des Danaïdes, et in fine n’apportent rien au Faso.

Qu’on arrête de se gargariser des supposées retombées diplomatiques : à l’étranger, malgré nos milliers de séminaires annuels et grands-messes internationales, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas le Faso, même de nom. Et que dire de nos candidats aux postes de responsabilités régionales, continentales ou mondiales ? C’est souvent l’échec et l’amertume assurés. Il va falloir trouver d’autres lobbyings plus porteurs.

- Régime libéral aidant, il faut aussi se pencher sur la problématique des prix. A défaut de pouvoir fixer des prix-plancher de certains produits de première nécessité (déjà que l’Etat en subventionne certains), il va falloir trouver des mécanismes pour éradiquer la valse inexpliquée des étiquettes, que certains commerçants pratiquent au gré de leur cupidité.

- Travailler à l’émergence d’une classe moyenne : que les vendeuses de “samsa” au bord de la route jusqu’au tycoon financier fassent tourner notre économie. Les fonctionnaires burkinabè ne forment pas une classe moyenne.

C’est cette dernière surtout qui tire l’économie vers le haut, pas un petit groupe. Or une cinquantaine de personnes gèrent l’économie burkinabè, et on est même optimiste, car si on élague les prête-noms, c’est-à-dire cette génération spontanée de jeunes pousses et de réussites, on a en gros 20 personnes qui régentent les affaires du Burkina Faso, lesquels gourous bénéficient de marchés gigantesques et de milliards de francs de prêts ; autant d’actions qui constituent un risque systémique pour notre économie et même un risque social.

Et si ces milliards de prêts étaient octroyés à 100 jeunes, de vrais prêts, pas “ceux politiques”, les petits subsides en trompe-l’œil. Le risque zéro n’existant pas, à supposer que 50 bénéficiaires “bouffent” leur prêt et tombent en faillite, on aurait encore 50 chances de réussite. Par contre, avec des milliards pour un seul individu...

La vie chère a ses causes, et on peut l’amoindrir, à défaut de l’arrêter. Le président du Faso, dont le programme a été préféré à ceux des 6 autres candidats, est obligé d’adapter son “Bâtir, ensemble, un Burkina émergent” aux besoins des populations. Quand le peuple vous élit, il est en droit d’exiger de vous l’impossible .

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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