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SITUATION NATIONALE : Le PDP/PS se prononce

Publié le vendredi 18 mars 2011 à 02h01min

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Le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), à travers cette déclaration, donne de la voix sur la crise née du décès de l’élève Justin Zongo. Entre autres, il condamne les "faux-fuyants et les contre-vérités" de certaines autorités.

Les cris de détresse deviennent nombreux et se font entendre un peu partout au niveau des couches sociales du Burkina Faso. Le PDP/PS s’en inquiète et tient, par la présente déclaration, à lever un coin du voile. De quoi s’agit-il ? Le pays est malade. Il est malade de :
- La gestion clanique et de la panne du processus démocratique ;
- La vie chère qui devient de plus en plus insupportable ;
- L’impunité des crimes économiques et des crimes de sang. En effet, aujourd’hui, même les voyageurs de passage au Burkina Faso sentent un climat social délétère qui est en fait lié aux trois points ci-dessus cités.

La gestion clanique du pays et la panne du processus démocratique

Depuis sa création en avril 1993, le PDP/PS, exception faite des présidentielles de 1991 et 1998, des municipales de 2000, a régulièrement pris part à toutes les consultations électorales qui ont eu lieu dans notre pays. Du reste, ses boycotts ont été largement motivés par le défaut de fiabilité du fichier électoral, la politisation de l’administration, l’utilisation abusive des moyens de l’Etat, le déficit de communication et de dialogue démocratiques, et nous en passons. De mémoire d’acteurs politiques, nous pouvons affirmer que le désastre organisationnel de l’élection présidentielle du 21 novembre 2010 est sans précédent dans l’histoire de notre pays qui, en 1978, avait symbolisé la démocratie réelle dans la sous-région Ouest-africaine. Le Général S. Lamizana, président sortant, avait été mis en ballotage au 1er tour de l’élection présidentielle de 1978. L

es travers accumulés et consolidés en matière de gestion des Hommes et du patrimoine national par la IVe République ont favorisé et entrainé un discrédit généralisé de la chose politique. Conséquence : les gens ont boycotté massivement l’inscription sur les listes électorales, illégitimant le président du Faso qui dit avoir été "élu" à plus de 80% des suffrages exprimés. Cette mauvaise conduite du processus électoral et la gestion clanique des ressources du pays ont causé des frustrations et jeté le trouble dans la conscience de nombreux citoyens. Dès lors, il convenait de faire beaucoup attention car la moindre étincelle pourrait embraser l’édifice dans son entièreté.

Dans un pays où le repas quotidien n’est pas garanti pour tous, il faut de la modération dans tout ce que l’on fait car le réveil de la majorité silencieuse peut être porteur de graves conséquences.

La vie chère qui devient de plus en plus insupportable

Sur ce point, il n’y a pas de place pour la contradiction, même en l’absence d’indicateurs fiables qui pourraient rabattre facilement le caquet d’éventuels courtisans zélés. Sous nos tropiques, il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’afficher des indices de prix au jour le jour dans tous les secteurs d’activités. C’est dommage. Malgré ce handicap, en interrogeant la ménagère, l’ouvrier du coin, l’élève ou l’étudiant, les clients des petits restaurants, le salarié de toute catégorie, la vendeuse de fruits et légumes, etc. on pourrait saisir sans grande peine l’ampleur du phénomène de la vie chère, de la détérioration de la valeur de l’argent et ses conséquences sur les conditions de vie de tous ceux qui vivent honnêtement de la sueur de leur front.

Que dire alors de ceux qui usent et abusent des surfacturations et de hold-up qui ne disent pas leurs noms. Ces destructeurs du tissu national, agents de démolissage des éléments fécondants de l’effort national doivent être identifiés et sanctionnés à la hauteur de leurs forfaits. Les prix devront être surveillés en vue de promptes réactions en cas de besoin. Ce qui n’est malheureusement pas ce que nous constatons, au grand désarroi de la population.

L’impunité des crimes économiques et crimes de sang

La phrase qui fut célèbre au Burkina Faso était : « si tu fais, on te fait et il n’y a rien ». De façon lapidaire, cette phrase veut dire : si tu veux continuer à vivre, respecte notre volonté. A partir de cette sentence, il faut dire que la cause est entendue. Même si elle n’a plus cours, les comportements ont tendance à toujours s’y rattacher. Le règne de la servitude et de l’à-plat ventrisme est annoncé à qui mieux mieux. Dès lors, de nombreuses personnes se sont mises aux services et aux ordres des puissants du moment pour bien compter les veaux des seigneurs qui nous gouvernent. La conséquence de ces comportements, c’est la dilapidation éhontée des deniers publics, l’enrichissement illicite, la séquestration et l’assassinat de ceux qui résistent ou dénoncent avec une certaine tonalité les dérives dictatoriales et les abus de pouvoir.

Cette année 2011, c’est l’affaire Zongo L. Justin qui nous traumatise, mort le 20 février 2011 des suites de la maltraitance subie au commissariat de Koudougou. Cette mort tragique de Zongo L. Justin a suscité à partir du 22 février 2011 des réactions d’indignation, de protestations et des manifestations de rues qui ont occasionné des casses importantes, mais surtout d’autres pertes en vie humaine. L’escalade a culminé et continue encore avec comme effet, la suspension des cours sur toute l’étendue du territoire national. La violence de la réaction des camarades de Zongo L. Justin et la solidarité qui s’est matérialisée à travers l’ensemble des établissements scolaires et universitaires du pays peuvent trouver leurs explications et leurs justifications par le fait que :
- Le problème a été banalisé à sa naissance ;
- Les arguments des autorités étaient mensongers ;
- Il y a eu manque de sérénité et de faculté d’anticipation pour prévenir le risque. Que faire maintenant et comment s’y prendre pour désamorcer la crise, limiter les dégâts et ramener la paix ?

Les propos du Président du Faso, intervenu à la fin de la semaine dernière, ne sont pas faits pour apaiser les cœurs et ramener la paix. En effet, dans une déclaration laconique, le Chef de l’Etat a à peine "déploré le décès" pour s’étendre et dénoncer longuement les casses "des biens publics" que, du reste, personne n’approuve. Le président n’a pas daigné faire la moindre allusion aux nombreuses pertes en vies humaines, tant du côté des scolaires que dans les rangs des forces de l’ordre. Nous savons cependant tous qu’en Afrique les morts ont droit au respect. Ils sont même d’office pardonnés.

Ici donc, le président du Faso a manifestement péché contre la tradition et a manqué d’agir en rassembleur compatissant qui apaise et rassure les cœurs meurtris. Le PDP/PS, en même temps qu’il relève et regrette ce manque de bon reflexe de la part du 1er responsable de l’Etat, dénonce et condamne les contre-vérités et faux-fuyants des autorités politiques et administratives. Nous voudrions dire que les faux dialogues dilatoires ne suffiront pas pour ramener définitivement la paix sociale.

Nous pensons que seul un traitement rapide et sans complaisance de l’ensemble du dossier de manière générale et de celui de Zongo L. Justin en particulier pourrait conduire le pays vers une vraie, voire une définitive sortie de crise. Nous soutenons et même exigeons que les commanditaires et les exécutants soient rapidement trouvés et sanctionnés à la hauteur de leurs crimes. Aux familles éplorées, à tous les camarades des victimes, aux amis et compagnons de tous ceux qui ont perdu la vie dans cette situation, le PDP/PS adresse ses sincères condoléances.

Ouagadougou, le 14 mars 2011

Le Président national François O. KABORE

Le Pays

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