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Situation en Libye : “Nous nous apprêtons à rapatrier 2000 compatriotes” (Ousman Nacambo, SP/CSBE)

Publié le lundi 14 mars 2011 à 00h38min

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Un compatriote en Libye actuellement en difficulté a dit sur RFI dans l’émission Appel sur l’actualité que l’ambassade du Burkina à Tripoli restait injoignable. Du coup, on s’interroge sur le sort des ressortissants du Burkina Faso dans le pays du “Guide” pendant que bien des pays procèdent au rapatriement de leurs ressortissants. Pour répondre à cette question lancinante, nous avons échangé avec le secrétaire permanent du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE), Ousman Nacambo, le 10 mars 2010 en présence du chef du service protection et accord, Oumar Maïga.

Présentez-nous le Secrétariat permanent du Conseil supérieur des Burkinabè à l’étranger ?

• Je dois d’abord présenter le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger qui est une structure consultative présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale créée pour prendre en compte l’ensemble des Burkinabè de l’étranger.

Il est chargé de rassembler tous les Burkinabè de l’étranger sans distinction ; d’assurer leur pleine participation au développement économique et social et culturel du Burkina Faso ; de faciliter leur réinsertion dans la vie nationale et leur participation à la promotion du rayonnement de leur pays dans le monde ; de faire mieux connaître et respecter les conventions, lois et règlement des pays d’accueil et susciter des actions sociales susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie et d’apporter toute assistance aux structures associatives dans la mesure des moyens disponibles.

En tant que secrétariat permanent de cette structure nous sommes un organe d’appui. A ce titre, nous sommes chargés d’assurer la préparation et l’organisation des sessions de l’assemblée générale du Conseil, d’assurer le suivi et la mise en œuvre des recommandations ; de maintenir les liaisons et le contrat avec les communautés burkinabè résidant à l’étranger et de s’acquitter de toutes les missions que nous confie le gouvernement.

Parlant d’assistance, quelle forme celle-ci prend en faveur de nos compatriotes dans les foyers de tension notamment en Libye ?

• Puisque nous sommes chargés de porter assistance et secours aux ressortissants burkinabè de l’étranger, leurs préoccupations sont les nôtres. Nous suivons au quotidien les difficultés qui sont les leurs en liaison avec nos ambassades et consulats qui, eux-mêmes, sont relayés par les agents consulaires et par les délégués du Conseil burkinabè des Burkinabè de l’étranger.

En fonction des informations, nous procédons au traitement en respectant les lois et règlement en vigueur dans le pays d’accueil. Si quelqu’un est victime une exaction et que nous en sommes saisi, nous demandons des interventions. Pour en venir à la situation qui nous occupe où il est question de rapatriement, nous essayons de suivre avec les autres services nationaux compétents pour en arriver aux meilleures solutions ; par exemple pour la Côte d’Ivoire, nous sommes membre du comité du suivi de la réponse d’urgence en cas d’afflux massifs des populations de Côte d’Ivoire.

Pour la Libye, nous réfléchissons, en liaison avec des partenaires multilatéraux et bilatéraux, sur les moyens de rapatrier nos ressortissants. Dans certains cas nous y sommes parvenus, dans d’autres, nous travaillons en étroite collaboration avec le secrétariat permanent du Comité national de secours d’urgence qui nous a assisté à l’arrivée, le 6 mars, de 17 Burkinabè de Libye via le Caire avec la contribution de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Peut-on savoir combien de Burkinabè il y a en Libye ?

• En vérité, nous en avons toujours une idée parce que l’ambassade veille à la situation des Burkinabè de l’étranger mais il faut dire que dans bien de pays, les Burkinabè se présentent à l’ambassade uniquement et exclusivement quand leurs intérêts sont en jeu. Nous sommes réduits, souvent pour avoir une idée de leur nombre, à des projections. Certes, il y a ceux qui sont enregistrés. Pour ce qui concerne la Libye, le dernier enregistrement que nous avons, fait 1500 Burkinabè environ, au regard des inscriptions pour obtenir la carte consulaire et au regard de détenteurs de passeport burkinabè.

Ils sont dans un pays en conflit, est-ce que vous avez leur situation ?

• Au niveau de l’ambassade, la préoccupation a été naturellement comme beaucoup d’autres pays de voler au secours de nos compatriotes. Dans cette optique, l’ambassade a demandé, par l’intermédiaire des responsables des communautés, que se fassent connaître ceux qui souhaitent rentrer au pays.

On a d’abord passé par la sensibilisation parce que malheureusement, on considère les ressortissants de l’Afrique subsaharienne comme des mercenaires. On est arrivé dans la région de Tripoli à un recensement de 900 à 1000 candidats au rapatriement et dans la région du Sud à peu près le même chiffre soit à environ 2000 personnes. Ce qui est au-delà des 1500 reconnus à l’ambassade.

Comment va se faire le rapatriement ?

• Nous sommes en pleine négociation parce qu’en vérité, c’est assez cher d’affrêter un avion et même c’est très cher. Nous avons bon espoir que très bientôt, nos négociations vont aboutir.

Peut-on savoir avec qui les négociations se mènent ?

• En matière de négociation, c’est difficile de révéler ses sources tant qu’on n’a pas encore abouti. Cela dit, on peut dire qu’avec l’OIM, nous avons procédé, le 6 mars, au rapatriement d’une dizaine et le 11 mars, une trentaine de personnes sont annoncées puis une vingtaine. Une centaine de personnes qui sont au Niger seront rapatriées les jours qui suivent. Si les négociations bilatérales aboutissent on relèvera les défis.

Quelle assistance apportez-vous aux rapatriés, une fois au pays ?

• Nos objectifs, c’est de pouvoir apporter la meilleure assistance. Notre préoccupation pour l’instant, c’est de pouvoir les aider à rejoindre leur localité d’origine. En général, l’OIM a tout un plan pour aider les rapatriés à s’intégrer mais avec cette situation brusque, la priorité, c’est de rapatrier les gens dans leur pays d’origine en attendant une meilleure assistance sur une durée plus longue.

Quelle échéance vous vous êtes donnée pour que tous ceux qui veulent rentrer soient satisfaits ?

• On a un très bon espoir que dans les jours, ou tout au plus dans les semaines à venir, nous y parviendrons.

Pourquoi l’Etat, en dehors des négociations avec ses partenaires, ne peut pas trouver ses propres moyens pour le faire vu l’urgence dans laquelle on se trouve ?

• Nous pouvons longuement en discuter. Imaginez 2000 personnes pour une rentrée volontaire. Pour affrêter un avion de Tripoli à Ouagadougou, pour seulement 100 personnes, ce n’est pas moins de 20 millions de FCFA. Pour 2000 personnes, c’est énorme. L’opinion a le droit de s’inquiéter, nous sommes aussi inquiets et nous cherchons les voies et moyens pour y parvenir progressivement. Il convient de souligner que ceux qu’on a enregistrés ne sont pas pour l’heure dans des régions de combat.

Un de nos compatriotes avait pourtant dit sur RFI que l’ambassade était injoignable mais tout ce que vous dites est en porte-à-faux avec cette déclaration.

• S’il était de bonne foi, il dirait qu’il était terré quelque part. Nous sommes dans un pays en contingentement de bien de choses, particulièrement les voies de communication. Nous-mêmes, en tant que maison-mère de l’ambassade, avons des difficultés de communication. Je ne défends pas l’ambassade mais c’est compréhensible en temps de crise.

La Côte d’Ivoire est aussi en crise alors que nous y avons une forte communauté. Peut-on savoir dans quelle situation vit-elle ?

• Nous suivons avec beaucoup d’attention, chaque jour, la situation à travers notre ambassade et les consulats généraux. Pour l’instant, nous avons enregistré 70 000 personnes qui sont rentrées mais il n’y a pas d’afflux massifs. On se prépare chaque jour à toute éventualité.

Propos recueillis par Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 mars 2011 à 05:26, par Momo En réponse à : Situation en Libye : “Nous nous apprêtons à rapatrier 2000 compatriotes” (Ousman Nacambo, SP/CSBE)

    "Pour la Libye, nous réfléchissons, en liaison avec des partenaires multilatéraux et bilatéraux, sur les moyens de rapatrier nos ressortissants..." quand la réflexion sera finie, les Burkinabé seront finis.
    Pour un pays d’émigrants, il y a lieu de repenser à nos structures de gestion de cette population et surtout former de vrais professionnels des migrations. On ne peut continuer à voir dans ces émigrés que des "western unions" ambulants. Pour le Burkinabé après cette interview il est conforté dans l’idée qu’il faut se débrouiller seul. Pour moins de personnes, il a été mis en place des "task forces" et des cellules sur le pont 24h/24. Le reste, c’est woba, woba...

  • Le 14 mars 2011 à 10:24, par Jacqueline En réponse à : Situation en Libye : “Nous nous apprêtons à rapatrier 2000 compatriotes” (Ousman Nacambo, SP/CSBE)

    Vraiment les burkinabe aiment le bla-bla-bla. Ce Monsieur prouve encore une fois que sa struicture n ’a pas de raison d’être. il affirme que "Nous sommes en pleine négociation parce qu’en vérité, c’est assez cher d’affrêter un avion et même c’est très cher. Nous avons bon espoir que très bientôt, nos négociations vont aboutir". Ce n est pas digne d’un etat qui se veut souverain et digne. La pauvreté de notre pays ne peut pas expliquer ce manque d’initiative et d’engagement. Il y a pres d’un mois que les autres pays ont evacué leurs ressortissants.la vie de l’homme est la meme partout. Soyons serieux !

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