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DIASPORA BURKINABE AU NIGER : Plus d’un million de ressortissants

Publié le lundi 7 février 2011 à 00h38min

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Lors de notre séjour au Niger dans le cadre de la couverture médiatique de l’élection présidentielle couplée aux législatives, nous avons rendu une visite de courtoisie au Consul général du Burkina au Niger, Lazare Gansoré. Très disponible, celui-ci nous a accordé une interview dont la substance porte sur les missions principales du Consulat, les relations de coopération entre le Niger et le Burkina et notamment la diaspora burkinabè au Niger dont le nombre s’élève selon le Consul général à plus d’un million de personnes.

"Le Pays" : Depuis quand le Consulat général du Burkina au Niger a été créé ?

Lazare Gansoré : Avant de répondre à votre question, permettez moi de saluer votre présence dans les locaux du Consulat.

Que l’initiative du "Pays" serve d’exemple

Il me semble que c’est une tradition au niveau de votre organe de presse de rendre visite aux missions diplomatiques et consulaires lorsque vous vous déplacez. Et je voudrais me féliciter de cette initiative et espérer qu’elle serve d’exemple aux autres organes de presse. Pour répondre maintenant à votre question, je dirai que le Consulat général du Burkina Faso au Niger, qui relève de notre ambassade à Bamako au Mali, a été créé officiellement en juillet 2007. Mais ce n’est qu’en avril 2008 que nous avons ouvert les portes de notre Consulat à Niamey.

Quelles sont les principales missions assignées au Consulat ?

Les principales missions assignées au Consulat sont essentiellement la protection des Burkinabè et leurs intérêts, la promotion des relations économiques et culturelles avec le Niger, pour ne citer que ceux là.

Combien de personnes compte le Consulat ?

Le personnel diplomatique est composé de quatre personnes auxquelles viennent s’ajouter le personnel d’appui composé essentiellement de chauffeurs, de gardiens et de cuisiniers qui sont recrutés sur place, ici au Niger.

Quelles sont les difficultés que rencontre le Consulat ?

Au début, nous étions confrontés à un certain nombre de difficultés mais aujourd’hui, nous n’avions plus de difficultés majeures. Bien sûr, dans la vie d’un homme où d’une institution, on ne peut pas évoluer sans difficultés. Donc, celles dont je peut faire cas, ce sont celles liées à certains expulsés venant des pays d’Europe. Comme vous le savez, le Niger est un pays de passage pour les pays d’Afrique du Nord et même vers l’Europe. Donc nous avons souvent des cas d’expulsions qui nous reviennent sans moyens à gérer pour regagner le pays. Une autre difficulté que je peux citer est celle relative à la protection de nos compatriotes. Mais ce sont des difficultés que nous arrivons à gérer grâce à l’esprit de fraternité et de solidarité que nous essayons de cultiver au sein de la communauté.

Combien de Burkinabè vivent au Niger ?

C’est difficile de connaître avec certitude le nombre des Burkinabè qui vivent au Niger. Mais on pense qu’il y aurait au moins un million de personnes qui vivent à travers tout le territoire nigérien. Comme vous le savez, il y a une longue histoire de fraternité et de coopération qui lie les deux pays et c’est grâce à cette coopération que beaucoup de nos compatriotes vivent au Niger.

Ces Burkinabè sont-ils bien intégrés ?

Oui, les Burkinabè sont très bien intégrés et cela fait d’ailleurs notre fierté. C’est vrai que, quand on a une population de plus d’un million, il y a bien sûr de temps en temps des difficultés mais de manière générale, on peut dire que nos compatriotes sont bien intégrés. Ils sont par ailleurs bien appréciés par les autorités locales pour leur ardeur au travail et pour leur sérieux mais aussi pour leur respect des règlements et lois de ce pays. Et nous, nous n’avons jamais eu de cesse de leur dire qu’ils sont les ambassadeurs du Burkina au Niger et qu’ils doivent se comporter de façon à refléter le caractère sérieux, digne et intègre du peuple burkinabè.

Y a-t-il un cadre qui permet à la communauté burkinabè vivant au Niger de se rencontrer ?

Nous avons une association des ressortissants burkinabè au Niger qui est un cadre au sein duquel les Burkinabè se retrouvent pour évoquer leurs problèmes, partager leurs soucis et trouver ensemble des solutions. Elle regroupe des Burkinabè de diverses origines et fonctions diverses. Nous avons des fonctionnaires internationaux, des gens qui travaillent dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Nous essayons de les accompagner dans leurs efforts d’intégration et nous y cultivons l’esprit de fraternité, de solidarité et de sensibilisation de la nécessité pour nous Burkinabè de respecter les lois et règlement de ce pays.

Comment se porte la coopération entre le Burkina et le Niger ?

Nous avons de très bonnes relations de coopération. Nos deux pays appartiennent à plusieurs organisations sous-régionales au sein desquelles ils développent déjà une coopération concertée.

Des relations de coopération exemplaires

En dehors de cela, sur le plan bilatéral, nous avons une coopération assez dynamique qui se traduit par des échanges à tous les niveaux entre les deux pays. Nous partageons des expériences dans les domaines de santé, du développement, de la bonne gouvernance et nous venons, ces derniers temps, d’assister à un échange de part et d’autre de délégation entre le Niger et le Burkina. Ce qui traduit l’exemplarité de nos relations qui sont par ailleurs appelées à s’intensifier car depuis février 2009, les deux pays se sont entendus pour amener le différend frontalier qui les oppose à la Cour internationale de justice (CIJ). Cela dans le but de créer entre les deux pays un climat de paix et de sérénité, propice à un développement harmonieux de leurs relations.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le différend frontalier qui oppose les deux pays ?

Il s’agit d’une question d’interprétation de textes. Nos deux pays ont été colonisés. Donc, il y a des textes relatifs au tracé des frontières entre les deux Etats. En Afrique, les conflits naissent souvent sur l’interprétation des textes et sur le tracé même des frontières entre deux pays. C’est normal que cela se produise car l’essentiel, c’est de pouvoir le gérer dans la fraternité et dans la paix comme nous l’avions fait avec le Mali et sommes en train de le faire avec le Niger. Les deux pays se sont par ailleurs engagés à accepter le verdict que la CIJ donnera sur cette question d’interprétation de textes.

Le Niger vient d’organiser une élection présidentielle couplée aux législatives. Que pensez-vous de ces élections ?

En tant qu’observateur de la scène politique nigérienne, je me garderai de donner un jugement de valeur sur ces élections. Tout ce que je peux dire, c’est que je me réjouis du déroulement dans la paix et dans le calme de ces élections au cours desquelles, le peuple nigérien s’est exprimé librement sans contrainte et sans difficultés majeures. Que ce soient les observateurs de la CEDEAO, de l’Union européenne ou ceux de la Francophonie, tous se sont félicités du bon déroulement de ces élections.

La maturité du peuple nigérien

Nous pensons que cela traduit la maturité du peuple nigérien et la hauteur de vue des autorités de transition et nous sommes heureux pour nos frères du Niger.

Un mot pour conclure cet entretien ?

Je voudrais remercier une fois de plus le journal "Le Pays" pour l’excellent travail qu’il abat et lui renouveler notre disponibilité à oeuvrer ensemble pour le développement du Burkina.

Interview réalisée par Dabadi ZOUMBARA à Niamey

Le Pays

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