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Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

Publié le vendredi 4 février 2011 à 03h21min

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Intervenir militairement pour faire partir Gbagbo. La question divise toujours. C’est peu dire. Il faut pourtant en arriver là. C’est du reste ce que soutient l’auteur de l’écrit qui suit. Il y va de la paix, selon lui.

“L’idée d’une intervention militaire pour déloger M. Laurent Gbagbo du pouvoir divise. Qu’elle devienne effective ou pas, et quel qu’en soit le bilan final, elle restera longtemps encore une question très controversée. Pour ma part, j’ai déjà exprimé mon soutien à une action énergique pour mettre un terme à l’aventure de M. Gbagbo et permettre à l’histoire de suivre son cours. Il a échoué à la tête de la Côte d’Ivoire, gaspillé une décennie de la vie du pays.

A la façon d’un gourou, il a réussi la prouesse de conditionner politiquement une proportion considérable d’Ivoiriens. Certes, Gbagbo a hérité d’un pays qui déjà se délitait. En tant que président, c’était son devoir de ressouder son peuple, de bâtir une nation. Un président sous le règne de qui un pays se fissure, se déchire ne peut donner une meilleure preuve de son échec à exercer cette charge. Depuis, il tient en otage la marche de l’histoire dans son pays.

En cas d’intervention militaire en Côte d’Ivoire, des populations civiles ivoiriennes et résidentes, des soldats ivoiriens, de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou de l’ONU pourraient payer un lourd tribut. J’ai une conscience profonde de ce que pourrait représenter une telle intervention, en termes de victimes humaines. Je mesure tout autant la nécessité, voire l’exigence morale, qu’il y a à intervenir militairement dans ce pays.

La force des armes...

Le 29 décembre 2010, des intellectuels africains et européens ont signé un appel contre une intervention militaire en Côte d’Ivoire. Il commençait par ceci : « Profondément convaincus qu’une intervention militaire en Côte d’Ivoire serait de nature à aggraver une situation qui est suffisamment tragique, et plongera à coup sûr le pays et la sous-région dans la tourmente, les signataires de la présente lettre ouverte en appellent aux opinions publiques de toutes les nations et aux gouvernements de tous les pays épris de démocratie, de paix et de liberté, afin d’enrayer la menace de guerre qui plane sur ce pays ».

J’ai beaucoup de respect pour les différentes voix qui se sont ainsi exprimées. Leur appel recèle des arguments qui ne peuvent pas laisser indifférent. Mais cette démarche et le refus à tout prix de l’action militaire au profit d’une voix non violente ne peuvent, seuls, mettre fin au blocage et aux meurtres en Côte d’Ivoire.

En particulier, lorsqu’on a le sens de l’Etat on ne peut y souscrire entièrement. J’invite tous ceux qui sont dans le refus systématique de l’action militaire légitime à voir ou à revoir le discours du président Obama le 10 décembre 2009 devant le Comité norvégien du Prix Nobel. Obama rappelle que les déclarations et les traités n’ont pas suffi à apporter la paix dans le monde. La force des armes et le sacrifice des soldats ont été déterminants dans la recherche d’un monde stable et prospère. C’est une triste vérité du monde tel qu’il est aujourd’hui.

C’est cette réalité qui a conduit cet autre lauréat du Prix Nobel de la Paix, Nelson Mandela, à la tête d’Umkhonto we Siswe, la branche militaire de l’ANC. C’est la force des armes qui a arrêté la situation de guerre ouverte en Côte d’Ivoire en 2002, lorsque des troupes françaises se sont interposées entre les belligérants, ouvrant parfois mortellement le feu sur des rebelles. Au passage, sauvant sans doute le pouvoir de Gbagbo. Lorsque de telles interventions ont lieu pour des raisons humanitaires ou en soutien aux institutions démocratiques, elles ne visent pas la gloire, ni à imposer une quelconque volonté extérieure.

Elles sont commandées par l’exigence de responsabilité. Ces interventions doivent veiller à respecter scrupuleusement les standards internationaux qui encadrent l’usage de la force armée. Dans le cas présent, cela s’impose d’autant plus que ceux qui s’opposent au recours à la force citent en exemple les exactions commises par les forces militaires de la CEDEAO au Liberia dans les années 1990.

Une exigence de responsabilité

C’est vrai, avant d’arriver à l’emploi de la force pour faire partir Gbagbo, il convient de s’assurer que toute possibilité de solution pacifique est épuisée. Après près d’une décennie de négociations longues, tumultueuses et harassantes, M. Gbagbo a achevé de convaincre de son manque de crédibilité et de son cynisme. Il a lassé tout le monde. Parce qu’il faut donner toutes les chances à une issue pacifique, les initiatives dans ce sens se sont malgré tout multipliées de nouveau depuis le blocage postélectoral de début décembre 2010. Gbagbo a été ménagé afin qu’il lui soit laissé une porte de sortie. Mais rien n’y fait.

En vérité, tous ceux qui le connaissent bien ou qui suivent ce dossier de près depuis toujours savent qu’il jouera indéfiniment de ruse et de cynisme pour gagner du temps, tant qu’il tiendra le palais de la présidence. Quelque extrême que puisse être la pression, elle ne réussirait qu’à faire de Gbagbo un « martyr » reclus dans son palais. Il faudra tôt ou tard passer à l’action militaire.

Entre-temps, la liste macabre des victimes civiles se serait tristement allongée. Peut-être, le point le plus crucial d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire est-il sa légitimité. Nous qui appelons des forces internationales à intervenir dans ce pays le faisons parce que nous sommes épris de démocratie, de paix et de développement en Afrique.

Sans tomber dans l’arbitraire

Mais la justesse d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire contre Gbagbo ne serait pleinement et définitivement perçue que si nous avons les mêmes exigences à l’endroit de tous les autres pays du continent, en particulier ceux de la CEDEAO qui travaillent activement à cela.

Alors, il faut que les chefs d’Etat de la CEDEAO et les puissances occidentales qui les soutiennent se tiennent, les yeux dans les yeux, un langage de vérité : « Si on intervient militairement en Côte d’Ivoire, et on doit le faire, chacun est désormais tenu de ne pas tripatouiller sa Constitution, de ne pas briguer plus de deux mandats présidentiels, de permettre une démocratie exemplaire dans son pays ».

Et j’espère d’Alassane Ouattara et de Guillaume Soro qu’ils soient en première ligne pour plaider cela devant les présidents ouest-africains qui les soutiennent. Si nous manquions à cette exigence, nous ferions partir Gbagbo, mais nous mettrions longtemps à panser les blessures dans notre sous-région. Nous rendrions plus difficiles nos prises de positions et nos interventions futures. Au nom de la démocratie et de la paix, débarquons Gbagbo, mais ne tombons pas dans l’arbitraire.

Yacouba Gnègnè
Economiste, enseignant-chercheur, membre de l’Union pour le progrès et le changement (UPC)

(ygnegne@gmail.com)

- Les opinions émises sont celles de l’auteur et n’engagent pas l’UPC

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2011 à 18:57, par hercule84 En réponse à : Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

    JE TIENS A RAPPELER L’OPINION PUBLIC NATIONAL QUE LE SILENCE DE NOTRE PRÉSIDENT DEVIENT DE TROP. IL MÉRITE LE RESPECT DE SES IMPOLI D’IRRESPONSABLE IVOIRIEN TEL AFFI N’GUESSAN ET DU MINISTRE DE LA RUE Blé GOUDÉ ACQUIS D’UN GOUVERNEMENT FANTOCHE par USURPATION DU POUVOIR A LA DATE DU 28/12/2010 D’INJURIER DE Façon IMPUNI UN PRESIDENT DÉMOCRATIQUEMENT ÉLU PAR SON PEUPLE. IL FAUDRAIT QUE LE PRÉSIDENT DIT L’ENFANT TERRIBLE DE ZINIARÉ SACHE DONNER UNE RÉPONSE AUX AUTEURS DE SES INJURES. PAR ESPOIR DE VOIR SE CONCRÉTISER JE RESTE PERSUADER QU’UNE INTERVENTION MILITAIRE SEULE POURRA RESTAURER L’ÉTAT DE DROIT EN COTE D’IVOIRE. JE SOUHAITERAI QU’ON BOUTE HORS DU BURKINA LES APATRIDES TEL MAITRE HERMANN YAMÉOGO

  • Le 5 février 2011 à 09:57, par Gouverneur En réponse à : Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

    La communauté internationale devrait pour une fois prendre ses responsabilités et résoudre l’imbroglio socio-politique en côte ’ivoire ! Une bonne fois pour toute ! Mais que le cas ivoirien fasse école au cas où Gbagbo viendrait à être délogé par la force du pouvoir.Nos chefs d’états doivent comprendre que demain pourrait être leur tour ! Qu’on le reconnaisse ou pas,tous nos chefs d’états sont des potentiels Gbagbo. Peut - être même pire que lui.Qui parmi eux est prêt à quitter pacifiquement le pouvoir ? Qu’ils sachent donc que le syndrome ivoirien tire ses origines de maux comme les règnes à vie,donc les mandats illimités et les tripatouillages des constitutions ! Il faudrait que nos dirigeants actuels fassent preuve de myopie intellectuelle(ce qui sans vouloir verser dans le pessimisme est bien le cas de plusieurs d’entre eux !) pour ne pas cerner cette vérité avec des cas éloquents comme d’abord la côte d’ivoire et tout récemment la Tunisie ou l’Égypte !Pour convaincre ceux d’entre nous qui penserait toujours le contraire,méditons sur cette pensée d’un journaliste de la place :"Quelle est la différence entre un président qui instrumentalise un conseil constitutionnel pour se maintenir au pouvoir et un président qui veut modifier une constitution pour le même résultat ???

    • Le 9 février 2011 à 16:42, par kmer En réponse à : Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

      Vous vous comportez un peu comme les anjouanais qui disaient il n’y a pas longtemps à la France : "S’il vous plait, venez nous recoloniser" ! Pauvres Africains. Si la France avait voulu la démocratie en Côte d’Ivoire, Félix Houphouët BOIGNY n’aurait pas mis si longtemps au pouvoir. Si l’Europe avait voulu l’émancipation de l’Afrique noir elle aurait soutenu le combat contre l’apartheid. Et si les USA étaient des faiseurs de paix il n’y aurait pas eu tant de guerres civiles en Afrique et de scissions de pays. Comptez sur vos propres forces pour vous développer un peu comme les asiatiques ... Voilà pourquoi le Président ZUMA a réagit en envoyant un navire de guerre au large d’Abidjan. On lave le linge sale en Famille. L’Europe et les USA c’est pas notre famille. La preuve c’est les expulsions d’Africains ... de l’Ouest par Sarko ...

  • Le 9 février 2011 à 13:56, par mocktar En réponse à : Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

    bonjour la seule solution c est d intervenir militairement pour nous liberer notre sort y depend nous ne vivons presque pas dans le pays a propos nous le’s ivoiro burkinabe ne pourons tolerer les injures de monsieur kima emile pour des raison alimentaire envers le president blaise et au millier de burkinabe vivant en cote d ivoire je crois bien qu il doit etre interpelle au pays pour etre entendu nous somme majoritaire et sommes pret a appuyer l intervention militaire pret pour notre liberte

    • Le 11 février 2011 à 12:43, par icet En réponse à : Côte d’Ivoire : L’intervention militaire comme instrument de paix

      si on verifie bien tu n’est meme pas ivoiro burkinabé tu es burkinabé ne fui pas tes origines espece d’ingrat le pays d’heberge heberge tes parents mossi et en retour tu veux qu’on tue les ivoiriens votre sale pays qui resssemble a la plus miserable ville de cote d’ivoire qui korhogo. venez intervenir vous meme je te jure que le burkina va plus excister en tant que pays tes parents n’arrive pas a se nourrir au burkina or toi tu es a paris( cote d’ivoire ) tu es heureux tu dis t’intervenir militairement

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