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Insécurité dans le Sahel : « Aucun pays n’est épargné »

Publié le vendredi 14 janvier 2011 à 00h23min

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Dr Abdoulaye Amadou Traoré

Deux otages français ont trouvé la mort le 8 janvier au Niger. Pour lutter contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, il faut une réponse globale, apportée par tous les Etats concernés, avec l’appui de leurs partenaires étrangers. C’est le remède prescrit par le Docteur Abdoulaye Amadou Traoré, déjà affectueusement baptisé AAT par les Nigériens. Il est jeune- né le 2 décembre 1970 à Téra, dans le département de Tillabéri, à 137 km de Niamey, la capitale nigérienne-mais demeure convaincu que le Niger a besoin d’alternance et de bonne gouvernance. Ce sont, entre autres, les raisons qui l’ont poussé à se présenter pour la présidentielle du 31 janvier 2011 au Niger. A travers cet entretien qu’il nous a accordé par le Net, l’un des deux candidats indépendants à ce scrutin nigérien évoque des sujets liés aux otages, à la crise alimentaire mais aussi à la gestion de la chose politique dans son pays.

Fasozine.com : Dans votre pays, en plus des élections locales et bientôt présidentielle, l’actualité c’est surtout l’insécurité dans le Sahel, et le Niger n’est pas épargné. La dernière prise d’otage s’est, du reste, soldée par la mort de deux jeunes Français et de trois éléments des Forces de défense et de securité du Niger. Si vous êtes élu, comment comptez-vous lutter contre ce phénomène ?

Dr Abdoulaye Amadou Traoré : Aujourd’hui, la question de l’insécurité dépasse de loin les seules compétences des Etats pris individuellement. C’est un problème transnational qui requiert une réponse globale. C’est pourquoi d ailleurs j’adhère à la proposition du Président malien Amadou Toumani Touré, d’organiser une conférence internationale sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. Au vu de ce qui se passe, aucun pays n’est épargné. Il faudra que tous nos Etats concernés se mettent ensemble pour lutter contre le phénomène, avec l appui technique et financier de nos partenaires pour éviter la « somalisation » de la sous-région.

Vous êtes candidat indépendant à l’élection présidentielle du 31 janvier au Niger. Comment avez vous pris cette décision ?

Je suis un agent de développement qui est en contact permanent avec les populations les plus démunies, principalement les femmes et les jeunes, et singulièrement ceux vivant en milieu rural. Cela m a permis de comprendre et de connaitre les difficultés réelles auxquelles sont confrontées ces populations. Après consultation de certaines personnalités et toutes analyses faites, ces problèmes relèvent de la mauvaise gouvernance. La certitude est faite que le Niger a besoin d’un changement, d’un nouveau type de leader et de gouvernance. C’est ce qui a motivé ma décision de me porter candidat à l’élection présidentielle.

En quoi votre candidature est elle différente de celles des autres ?

D’abord, ma candidature repose sur un programme élaboré a partir des difficultés réelles auxquelles sont confrontées quotidiennement les populations les plus démunies du pays. Ensuite, mon programme prône la bonne gouvernance et une meilleure utilisation des ressources naturelles au profit de tous. Enfin, mon programme, en tant que candidat indépendant n’est prisonnier d’aucun parti politique, ni d’aucun clan. Il fédère tous les Nigériens qui adhèrent aux valeurs et aux principes qu’il véhicule.

Votre jeune âge ne constitue-t-il pas un handicap pour vous ?

Non ! Au contraire, c’est plutôt un atout dans la mesure où je ne suis otage d’aucun parti politique. Qui plus est, mon jeune âge est représentatif de la majorité de la population nigérienne constituée de plus de 60% de jeunes. Malgré mon jeune , j’ai accumulé suffisamment d’expériences au contact des populations tant rurales que urbaines.

Le Niger est souvent confronté a des crises alimentaires. Si vous êtes élu président de la République, quelles seront vos solutions pour les juguler ?

Au plan national il faudra transformer profondément notre système de production agro-sylvo-pastorale en mécanisant l’agriculture, tout en mettant en valeur les grandes superficies, en pratiquant l’irrigation et en professionnalisant le métier d agriculteur. Au plan sous-régional et régional, il faudra renforcer la capacité des institutions comme le CILSS (Comité Inter Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel, ndlr).

Le Niger possède d’immenses ressources naturelles, notamment l’uranium et bientôt le pétrole. Que comptez vous faire pour assurer une meilleure gestion de ces ressources afin qu’elles profitent a tous les Nigériens ?

Dans le cas actuel du Niger, la Constitution a, en partie, réglé le problème en prônant une meilleure répartition des revenus tirés de ces ressources au profit de la grande majorité de la population et en réservant une partie de ces ressources pour les générations futures. A l’avenir, il faudra associer davantage le secteur national a l’exploitation de ces ressources.

Dans votre programme, vous avez mis un accent particulier sur les jeunes et le monde rural. Pourquoi ?

Parce que les jeunes et le monde rural constituent les franges de la population les plus démunies et les plus nombreuses. De même, les jeunes sont les forces vives de la nation devant assurer la relève en matière de gouvernance. A ce titre ils doivent être bien formés et bien soignés. Il en est de même pour les populations rurales qui doivent assurer toutes les productions agro-sylvo-pastorales indispensables pour juguler les crises alimentaires.

Fasozine

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