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BURKINA : Ces droits fondamentaux oubliés

Publié le mardi 21 décembre 2010 à 02h31min

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Dans la lancée de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina, les mouvements de défense des droits humains ont, eux aussi, fait le tour de la question. Et leur diagnostic est sans appel : en 50 ans d’indépendance, on est encore loin du compte. En ce qui concerne les droits civils et politiques, les nombreux régimes d’exception ont contribué à dégrader la note du Burkina avec les multiples exactions qui ont été observées. Mais, au-delà des libertés individuelles et collectives, ce sont les droits économiques, sociaux et culturels qui ont été le plus souvent royalement ignorés.

Pourtant, il faut le rappeler, la Constitution du Burkina dispose en son article 18 que "l’éducation, l’instruction, la formation, le travail, la sécurité sociale, le logement, le sport, les loisirs, la santé, la protection de la maternité et de l’enfance, l’assistance aux personnes âgées ou handicapées et aux cas sociaux, la création artistique et scientifique, constituent des droits sociaux et culturels (…)". Sous le prétexte du manque de ressources, nos Etats ont trop négligé ces droits fondamentaux. De fait, cette situation battait en brèche le caractère indivisible et interdépendant des droits de l’Homme. Comment peut-on réellement exercer sa citoyenneté quand le ventre est vide et qu’on n’a pas un abri digne de ce nom ?

Il ne faut d’ailleurs pas chercher loin pour en avoir une illustration. Si les populations ont boudé la présidentielle de novembre dernier, c’est certainement à cause de leur désintérêt pour la chose politique, qui, visiblement n’apporte pas les solutions qui seyent à leurs problèmes. Pourquoi aller voter pour une classe dirigeante dont le niveau de vie crève le plafond pendant que la grande majorité croupit dans la misère ? La conséquence dans certains pays a été malheureusement la survenue de conflits sociaux et de guerres dont le mobile central était la revendication pour une répartition équitable des fruits de la croissance.

Qu’on ne se leurre pas, la liberté d’expression, la liberté de croyance, la libre circulation des personnes et des biens, etc. bref, les droits civils et politiques ne peuvent remplir un ventre affamé. Après 50 ans d’indépendance, l’Etat burkinabè a peut-être ratifié tous les textes internationaux en ce qui concerne ces droits de première génération. Mais, le combat des droits fondamentaux est loin d’être gagné. Ce devrait être le pré-requis de l’émergence dont on parle tant. Un peuple qui produit des richesses est d’abord en bonne santé et a un niveau d’instruction suffisant. Il faut espérer que les prochaines années, au Burkina, seront placées sous le signe de la concrétisation des droits économiques, culturels et sociaux. En cela, les organisations de défense des droits humains devraient aussi concentrer leurs actions dans ce domaine.

SIDZABDA

Le Pays

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