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El Hadj Sana Pamoussa, ancien député de la 1ère République de 1959 à 1966 : « Je semble être oublié ; alors que je faisais partie des premiers à fredonner la " fière Volta de nos aïeux" »

Publié le jeudi 4 novembre 2010 à 02h30min

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En prélude des festivités du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso placé sous le thème "souvenir et espérance", nous avons rencontré un ancien parlementaire de la 1ère république à Kongoussi le 21 octobre 2010. A travers l’entretien qui suit, El Hadj Sana Pamoussa nous relate ses souvenirs et ses impressions sur la commémoration des 50 ans de l’indépendance de notre pays.

Agence d’information du Burkina (AIB) : Qui est El Hadj Sana Pamoussa ?

Sana Pamoussa (SP) : Je m’appelle Sana Pamoussa, je suis né vers 1933 à Kora dans la commune de Kongoussi. Je suis instituteur à la retraite depuis le 1er janvier 1987. J’ai été député de la 1ère république de 1959 à 1966 ; et élevé au rang de chevalier de l’ordre national en 2000.

AIB : Est-ce que vous pouvez nous parler des premières heures de la proclamation de l’indépendance du Burkina Faso en tant que témoin privilégié ?

SP : Avec plaisir ! D’abord avant la proclamation de l’indépendance de notre pays, je voudrais vous rappeler qu’en 1959 j’ai été élu comme député à l’Assemblée législative. A la veille (quelques jours avant) des indépendances, les autorités du pays à travers le Conseil de l’Entende, ont obtenu par le biais d’un référendum , la reconduction des députés pour le compte de l’Assemblée Nationale en 1960.

Dès lors, nous nous préparions pour aller à l’indépendance. C’est ainsi que nous avons eu le privilège d’apprendre l’hymne national au sein de l’Assemblée Nationale avec l’Abbé Robert Ouédraogo ; paix à son âme. Le 5 août 1960 nous étions 61 députés à prendre position au balcon de l’Assemblée Nationale et nez à nez avec le président Maurice Yaméogo au moment de la proclamation de l’indépendance. Après son discours nous avons entonné la "fière volta de nos aïeux".

AIB : Que ressentiez-vous ce jour là ?

SP : Ah oui ! Au début j’étais animé d’un sentiment de doute mais par la suite au regard de la détermination du président Maurice Yaméogo, puisque cela se lisait à travers son discours, je me suis senti libéré et confiant pour prendre désormais notre destinée en main.

AIB : De 1960 à nos jours, quel regard portez-vous sur l’évolution politique, économique et sociale du pays ?

SP : Il faut dire que sur le plan politique, le Burkina Faso a connu des moments d’instabilité qui, à mon humble avis étaient nécessaires pour la consolidation de certains acquis. Certes qu’il ait eu des manquements graves, mais il faut se féliciter aujourd’hui car les hommes ont une maturité politique certaine en témoigne la stabilité du pays. Economiquement, beaucoup d’efforts ont été consentis par les dirigeants dans les domaines de l’agriculture, l’élevage et le commerce ;cependant des insuffisances demeurent car le pays subit toujours le coup des grandes puissances ce qui fragilise d’ailleurs l’essor du pays.

Au plan social, reconnaissons que le burkinabé incarne les valeurs de la solidarité, du respect mutuel, du courage et bien d’autres qui concourent à la cohésion sociale. Ces cinq dernières années, le gouvernement a beaucoup mis l’accent sur les secteurs sociaux de base à travers l’amélioration de l’offre éducative, sanitaire, sportive et culturelle, ce qui est très encourageant.

AIB : Dans quelques jours le Burkina Faso va célébrer le cinquantenaire de son indépendance ;que représente pour vous cette commémoration ?

SP : 50 ans ce n’est pas 50 jours ! Quoi de plus normal que de célébrer ce cinquantenaire. En effet, au-delà de l’aspect festif de la commémoration, je pense que ce cinquantenaire est un moment fort pour rendre hommage aux fondateurs de l’indépendance et aussi pour faire le bilan et poser des bases pour le futur.

AIB : Quelle est votre contribution à cette fête de l’indépendance ?

SP : Ma contribution est que grâce à Dieu je suis aujourd’hui un témoin vivant des premiers moments de la proclamation de l’indépendance. A ce titre je peux relater mon souvenir aux jeunes générations tout en leur prodiguant des conseils. Mais je me demande si ma contribution vaut la peine, du moment où je semble être oublié par les organisateurs de cette fête. Je le dis parce qu’à la conférence régionale du Centre-Nord je n’ai pas été invité officiellement.

Alors que si ma mémoire ne me trompe, parmi les 61 députés ayant pris part à la proclamation de l’indépendance le 5 août 1960, je fais partie des cinq anciens députés toujours en vie, dont les quatre autres sont : Gérard Kango Ouédraogo, le Naba Bougoum Dima de Boussouma, Tamboura Hamadoun à Djibo et Traoré Yacouba à Gaoua. Mais comme toute œuvre humaine est perfectible, je crois que les organisateurs prendront en compte mes préoccupations les prochaines fois.

AIB : Quel message avez-vous à lancer pour ce cinquantenaire ?

SP : D’abord je vous remercie pour ce cadre d’expression que vous m’offrez, je souhaite une bonne fête de l’indépendance à tous et j’invite les jeunes à prendre leur courage en main et de se mettre au travail car les 50 prochaines années sont à leur charge aussi l’avenir du pays dépend d’eux.

Propos recueillis par Philippe W. Ouédraogo

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2010 à 08:07, par Koalga Oscar En réponse à : El Hadj Sana Pamoussa, ancien député de la 1ère République de 1959 à 1966 : « Je semble être oublié ; alors que je faisais partie des premiers à fredonner la " fière Volta de nos aïeux" »

    Je suis tres content de retoruver sur les lignes mon ancien Directeur de l ecole de Minissia dans la province du passore pour qui je dedies aujourdhui mon education a l ecole. Quand mon pere, le Chef de Canton de La Titon, avait refuse que je frequente l ecole parce que ma mere ne veut plus qu on lui fabrique des paresseux comme mon grand frere Koalga Panimdi qui a echoue a lentree en 6e. Mais moi je tenais a aller a l ecole et j ai suivi les buissons de Loungo a Minissia pour m aligner avec les nouvceaux leves en recrutement pour la promotion 1967. J arrivit devant les maitres charges des inscriptions dont Sana Pamoussa et mon pere assis a cote en sa qualite de Chef de Canton. A ma vue, mon pere montre son refus de mon inscription et pire crie sur moi en ces termes : toi que fais-tu la. Je faillit prendre mes jambes au cou pour retourner au village quand une main celeste se saisit de mon bras tout en demandant a mon pere : Chef, pardon, comme il est arrive jusque la, laissez on va l inscrire. Et ainsi je fut inscris a l ecole contre le gre et la volonte de mon pere et de ma mere. Et ainsi commenca mon aventure a l ecole primaire publique de Minissia sous la cairvoyante direction de Sana Pamoussa qui malheureusement quittera tres tot l ecole de Minissia, je crois un an apres mon inscription a l ecole et depuis je n ai plus eu l ocassion de voir mon maitre depuis 1968. Aujourdhui c est un plaisir pour moi de dedier mon education recue a papa Sana Pamoussa que j esperes je retrouverai un jour pour eencore revivre le passe surtout quand mon pere exultait de joie en fin d anne scolaire de savoir que son fils etait le premier de sa classe et raflait beaucoup de prix sous le rafrd avise du sieur Sana Pamoussa et surtout fiere d etre devant son peuple du canton aux festivites de fin d annee scolaire. Papa Pamoussa, merci de m avoir sauve et surtout de m avoir permis d avloir aujourdhui l eclairage qui sied pour comprendre la situation de mon pays. je vous dedie tous mes dilpolmes CEPE, baccalaureat. license, maitrise, master, DEA et Diplomes specilaises dont je suis detenteur actuellement.Je ferai le depalcemnt de Kongoussi pour vou rencontre afin de vous dire de vie voix merci. Papa Pamoussa, merci. Que dieu vous benisse et vous comble de ses graces. Je suis tres heureux de vous revoir. Koalga Naam Guebada Oscar, fils du chef du canton de La titon Naaba Ligdi, 76 62 79 19 ou 70 17 87 31. Je suis fier de vous. Que Dieu vous benisse.

  • Le 5 novembre 2010 à 09:09, par ALINOS4 En réponse à : El Hadj Sana Pamoussa, ancien député de la 1ère République de 1959 à 1966 : « Je semble être oublié ; alors que je faisais partie des premiers à fredonner la " fière Volta de nos aïeux" »

    FÉLICITATION A L’AIB POUR AVOIR PERMIS A CE SAGE DE S’EXPRIMER.
    CARTONS ROUGES AUX ORGANISATEURS DU CINQUANTENAIRE, NOTAMMENT A CEUX DE SA RÉGION. COMMENT PEUT-ON OUBLIER UNE TELLE BIBLIOTHÈQUE DES INDÉPENDANCES ? DE SURCROIT DÉCORÉ POUR BONS ET LOYAUX SERVICES !
    SALUT PAPA ! ÉCRIVEZ NOUS VOS MÉMOIRES, NOUS VOUS LIRONS POUR NOUS CULTIVER DAVANTAGE.

  • Le 7 novembre 2010 à 03:02, par LE JUSTE En réponse à : El Hadj Sana Pamoussa, ancien député de la 1ère République de 1959 à 1966 : « Je semble être oublié ; alors que je faisais partie des premiers à fredonner la " fière Volta de nos aïeux" »

    Je suis très content de cet article qui prouve que si l’Organisation du 50tenaire l’a oublié,beaucoup de burkinabé ne l’ont pas oublié et savent qu’il est toujours en vie.Seulement ils n’avaient pas les moyens de le voir ou d’aviser les organisateur.Je profite dire qu’il y a surement d’autres temoins vivants de notre histoire qui sont presque dans l’anonymat parce qu s’étant retiré de la vie publique et politique. Merci à lAIB et courage à ses journalistes qui font consciemment leur travail. LE JUSTE

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