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WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

Publié le mercredi 4 août 2010 à 01h03min

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Les marabouts, les charlatans, les sorciers,
les prédicateurs et autres acteurs de la magie noire sont légion au
Burkina. Avec leurs occultes puissances réelles ou supposées, ils
s’attirent une clientèle abondante à la recherche d’un mieux-être. Le
développement de la science et la propagation des religions dites
révélées n’ont pas réussi à effacer cet occultisme des habitudes des
Burkinabè. A Ouagadougou, malgré l’urbanisme et le cosmopolitisme,
chaque jour que Dieu fait, ce sont encore des milliers de femmes et
d’hommes qui, discrètement ou non, consultent un marabout, un féticheur,
un charlatan, etc., dans l’espoir de trouver solution à leurs problèmes
sociaux. Nous vous proposons, dans ce dossier spécial, un coup de
projecteur sur cette activité qui fait tant courir des personnes de
différentes classes sociales, au pays des Hommes intègres.

Combien de fois souhaiterez-vous mourir ? Ou, pour être plus optimiste,
combien de fois souhaiterez-vous vivre ? Le vieux Bilimpo Ouali,
redoutable féticheur résidant dans un village rattaché à la commune de
Fada N’Gourma, vous en propose le choix. A ses clients qui souhaitent
renaître après une mort naturelle, il propose un « wack » qu’ils se
doivent de bouffer. Il les rassure alors qu’ils renaîtront sous d’autres
cieux, quelque part dans un pays quelconque. En Somalie, au Venezuela,
en Chine, en Espagne, ou aux Etats-Unis, pourquoi pas ?…

Beaucoup de gens y croient fermement et se sont même fait promettre de
renaître une ou deux fois après leur mort. Le fétiche de Bilimpo fait
d’autant plus courir des candidats à la réincarnation que, dans les rues
de Fada N’Gourma, on raconte qu’un homme qui avait bouffé ce « wack »
renaquit au Nigeria après sa mort. Il s’y remaria et eut des enfants
dont il envoya le premier à Fada, pour informer son ex-famille de la
nouvelle vie qu’il mène sur la terre des Yoruba.

Ici, au Faso, et comme Bilimpo Ouali, ce sont des milliers de marabouts,
de charlatans, de féticheurs, et autres faiseurs de miracles qui
promettent des solutions magiques aux angoisses de leurs clientèles. Et
ce sont des dizaines de milliers de Burkinabè, des villes et des
campagnes, qui y croient, qui consultent les marabouts, soit pour
envoûter une personne, soit pour trouver remède à une mystérieuse
maladie, soit pour faire prospérer un commerce, se protéger contre la
malchance, etc. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’est pas rare, dans
les rues d’une ville comme Ouagadougou, de trouver soigneusement
disposés sur un carrefour, une termitière, etc., des objets de
sacrifice : grains de céréales, noix de cola, pièces de cauris ou de
monnaie, galettes, canaris, etc.

Au Burkina, il y a des gens, même parmi les plus intellectuels, qui ne
jurent que par le « wack » pour faire prospérer leur business. Si fait que
certaines langues évoquent quasi-systématiquement la magie noire, pour
justifier les fulgurants succès de toute entreprise locale. Outre le
business privé, le « wack » s’invite même dans le sport, la culture, la
politique, etc.

Chez Madi le charlatan…

1’ cauris de MadiA Ouagadougou, les « wackmans », les marabouts et les
charlatans ont pignon sur rue. Ils officient dans tous les quartiers et
font face à une clientèle abondante. Mais ils ne sont pas tous prêts à
parler de leur activité à un journaliste. Dans le village de Yagma
(banlieue nord de Ouaga), nous avons réussi à faire parler Madi
Oualbéogo, un charlatan de renom. Lorsque nous lui avons demandé son
âge, il nous a brandi sa carte d’identité burkinabè (l’ancienne pièce)
pliée en quatre. Si l’on se fie à ce document, l’homme est âgé d’à peu
près 51 ans, puisque né vers 1959. Sa profession ? Cultivateur, toujours
selon sa CIB. Mais, en ce début de saison de pluies, Madi consulte
chaque jour en continu, entre 8 h et 21h, à son domicile. Il habite une
modeste construction faite de deux maisonnettes en terre battue et
juxtaposées, qu’il loue depuis 2003. A l’entrée de la concession, rien
de spécial n’indique que l’on est dans l’antre d’un charlatan. Il y
travaille en solitaire. Et à la descente, il rejoint sa famille à
Bassinko, un autre village situé à moins d’une dizaine de kilomètres de
Yagma.

A notre arrivée sur les lieux (le dimanche 4 juillet 2010 à 16h), seuls
deux moutons de pelage blanc, mais de tailles distinctement différentes,
attachés sous un hangar certainement abandonné, ont retenu notre
attention. Rien d’autre, sinon quelques vêtements étalés sur une
cordelette qui relie le hangar à un bout de la première maison. Pas
grand-chose non plus à découvrir dans la deuxième maison où travaille le
charlatan. Il dispose de 3 chaises en plastique synthétique pour la
clientèle. Et il s’installe lui-même sur une grande natte qui occupe
plus de la moitié de la pièce d’accueil des clients. Son principal outil
de travail, c’est un lot de cauris qu’il range soigneusement dans un
petit sac en cotonnade après chaque consultation. Sont visiblement
disposés sous une petite table, des pots en argile cuite dont nous
ignorons le contenu. Au-dessus de la table, sont installées des
bouteilles transparentes contenant des potions de différentes couleurs…

Après une longue communication téléphonique en langue mooré avec,
probablement un client, Madi est enfin disponible pour répondre à nos
questions. C’est un homme qui n’est pas très bavard. A la plupart de
nos questions, il a répondu par oui, ou par non, sans commentaire. Il
est très méfiant, ou plutôt très prudent en parole. Sur notre
insistance, il a dit disposer d’un pouvoir mystique que lui aurait
transmis son défunt père et dont il dit lui-même ignorer les origines.
/« Je sais comment faire pour trouver une solution aux problèmes des
gens, mais je ne saurai vous dire d’où viennent mes connaissances »,/
nous a-t-il déclaré dans un français approximatif. Sa spécialité, c’est
chasser les mauvais esprits. Mais ses offres de services sont aussi
diverses que variées : maraboutage d’une personne aimée, protection
contre la malchance, envoûtement et désenvoûtement d’êtres humains,
aide au développement d’un commerce, etc. La thérapie de Madi s’applique
à toute personne, sauf à lui-même. Il avoue être incapable d’envoûter
quelqu’un pour son propre compte, de lire son propre avenir ou de
trouver la panacée pour se protéger des mauvais esprits. « Je suis
seulement au service d’autrui », nous a-t-il confié, avec un air de modestie.

La junte féminine constitue la principale clientèle du charlatan de
Yagma. Mais il reçoit aussi des hommes qui viennent essentiellement pour
faire prospérer leurs entreprises, chercher une issue à leurs problèmes
sociaux ; des jeunes à la recherche d’emploi, etc. Quant aux femmes,
elles viennent, pour la plupart, avec des problèmes conjugaux. Certaines
d’entre elles viennent avec le souci de voir réussir leurs enfants et
d’autres encore pour la prospérité de leurs affaires. Les cas de maladie
constituent le dernier motif de consultation chez Madi. /« Tout de même,
nous confie-t-il, je reçois quelques malade,s et comme ce n’est pas ma
spécialité, je les réfère à un marabout basé à Bassinko »./

Combien ça coûte, tout ça ?

Chez Madi, la consultation vaut 1000 F CFA.
Cet argent ne lui est jamais remis main à main. Le client est,
entre-temps, invité à déposer le billet de banque pendant que le
charlatan est en plaine incantation. Et après, où va cet argent ?
Interdit de poser cette question ! Le reste des dépenses se rapportent
essentiellement aux sacrifices : un mouton, un poulet, un pagne, des
céréales, de la cola, de l’argent, etc. /« Mais il arrive que des clients
satisfaits reviennent délibérément me faire des cadeaux »,/ avoue Madi
qui, visiblement, ne crache pas sur ces genres de libéralités.

Notre entretien avec le charlatan de Yagma a été malheureusement écourté
par l’arrivée, vers 17h, d’un véhicule Mercedes 190. La voiture s’est
immobilisée sans trop de vrombissement de moteur. Seul le bruit sec du
frein a attiré notre attention. Madi lève le rideau blanchâtre qui était
dressé à la porte de la baraque. Trois dames sortent du véhicule. /« Ce
sont des clientes »/, nous a-t-il chuchoté, nous invitant à revenir une
prochaine fois pour plus de détails sur son activité…

Ouaga-ville, secteur 30, à quelques centaines de mètres du SIAO, réside
Constantin Thiombiano. Il est agent de police. Mais pas que ça : il est
aussi charlatan, prédicateur d’avenir. Il consulte à domicile, la nuit,
à partir de 19h, à sa descente de boulot. Nos multiples rendez-vous avec
Constantin ont tous foiré, en raison du calendrier très chargé de ce
dernier. Mais, à ce qu’on dit, son domicile ne désemplit pas. Les
clients, les femmes surtout, font la queue chaque soir pour savoir de
quoi seront faits leurs lendemains, et ce qu’il y a lieu de faire pour
éviter de sombrer dans le chaos…

Par Paul-Miki ROAMBA

Le Reporter

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2010 à 03:33, par Inoussa verite En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Ces gens n’ont aucun pouvoir et ne peuvent resoudre aucun probleme : c’est de la mystification pure et simple. Bien au contraire ils representent le vrai obstacle au developpement de l’Afrique. Ces charlatans, marabouts entretiennent l’ignorance et l’obscurantisme et devraient etre combatus avec la derniere energie. Nos amulettes n’ont pas pu arreter la traite negriere, la colonisation etc... et aujourd’hui la faim, la misere, le VIH. Pire, ces pratiques occultes cultivent et entretiennent l’ILLUSION. Il est temps que l’Afrique se reveille et tracque ces pratiques retrograde jusqu’à leur dernier retranchement.

  • Le 4 août 2010 à 07:23, par Joweder (76 00 00 06 En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Que reprochons nous à ces articles de nos chers journalistes ? Un travail baclé d’habitude... qui n’apporte une information de plus ou une connaissance de plus à leurs lecteurs. Que pouvons nous retenir de cet article ? Des informations dèjà connues. Il n’y a pas eu un travail de fond afin de nous donner des informations utiles. Aujourd’hui nous savons combien les burkinabès dépenses pour les produits phamacétiques. Combien de millards les burkinabès injectent dans l’ocultisme ? Le phénomène d’escroquerie dans ce domaine ? Les conséquences sociales de l’ocultisme ? Les accusations de sorcelerie, les meurtres, et autres ? Quels sont leur poid dans la société d’aujourd’hui ? Pourquoi malgré les réligions revélées, bon nombre de burkinabès restent toujours attachés à l’ocultisme ? Est ce un mal ? Juste comparer les comportements de différents sociètés par rapport à l’ocultisme ? Au Burkina,comment c’est perçu ? Au sénégal, je crois que c’est même normal d’avoir son marabout ou bien ? Nonobstant que les religions revelées viennent d’Europe, comment laa société se comporte par rapport à l’ocultisme ? Je crois que plus que jamais nous devons tavailler à produire des articles dignes de journalistes. Qui sont ceux qui valident ces articles ? Pour moi un tel article, n’est qu’une manière de faire la plus belle publicité à quelques marabouts ou charlatans cités dans ce article. Cordialement, Joweder.

  • Le 4 août 2010 à 09:59 En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Confions nous à notre créateur et nous aurons la solutions à tous nos problèmes. Que le sang de JÉSUS nous purifie de toutes ces impuretés. AMEN !

  • Le 4 août 2010 à 10:59, par Mr SEYDOU En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    C’est une science qui est basee sur le mensonge et l’escroquerie.C’est vraiment du faux.Malgre la competence de ces magiciens,le Burkina est toujours en train de chercher son premier titre continental de football mais en vain.

  • Le 4 août 2010 à 12:05, par Guiti En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    il ne faut pas voir en de tels articles une sorte de publicité, mais plutôt une interpellation aux ames et esprits faibles qui y croient.
    cette pratique est si repandue que la situation devrait interpeller chacun sur le fait que les burkinabè souffrent et s’adonnent à n’importe quoi. c’est la resultante d’une misère intéllectuelle, financière et politique.

  • Le 4 août 2010 à 12:42, par merik En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Ces sciences occultes ne font que retarder l’afrique qui malgré toutes ses richesses peine a retrouver ses marques.
    Ces pratiques sataniques quelquefois entachées d’escroquerie doivent etre combattus de nos jour.
    Ce sont la veritables obstacles au developpement ; quand on pense que jusque là des personnes continue de penser en afrique que c’est par la sorcellerie que le blanc arrive a faire voler un avion. Si ces Wackman etaient fort il auraient pu s’imposer en europe ou en asie. Mais pourquoi le contraire ? C’est Jesus qui a eu le dernier mot.

  • Le 4 août 2010 à 15:58, par Pegd En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Reportage très simpliste. le contenu ne reflète pas du tout votre titre.

  • Le 5 août 2010 à 09:44, par papa En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Au precedent intervenant je lui dis de faire tres attention a ne pas confondre Jesus qui est un prophete et non Dieu le chef supreme de l´univers. PAPA

  • Le 5 août 2010 à 10:39, par Marabout En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Je pense que cet article serait riche si il avait demandé aussi aux clients des marabouts de témoigner sur les résultats obrenus après leur passage chez les marobouts, charlatan etc.
    Personnellement j’ai fait l’expérience et j’avoue qu’il ya plus de mensonge que de vérité.
    A titre d’exemple lorsque je cherchais de l’emploi, j’ai été voir un marabout et deux charlatants. Tous les 3 m’ont rassuré que je vais réussir. le marabout m’a dis que si j’échouais, lui il cessera d’exercer ses activités de marabouts. Ils m’ont mis dans une confiance totale. Imaginer ma deception lorsque j’ai appris que je n’ai pas réussi aux concours. Dépuis lors j’ai cessé de fréquenter les marabouts et charlatans. Je me confie à Dieu. Après cette décision de me confier à Dieu, j’ai obtenu un poste dans une institutions internationale. Chers lecteurs confiez vous à Dieu qu’aux marabouts et charlatans

  • Le 8 août 2010 à 11:51 En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    la majorite des reactions concernant cette affire me confirme que tout compte fait en matiere de pensee religieuse c’en est finie de la culture africaine tant les sectes diverses ont eu le loisir de commettre dans degats dans la tete de mes freres. Jesus etc si vous saviez mes pauvres freres !!! Je vous plains serieusement, sans ironie ni haine, ni hypocrisie. Essayez d’abord de comprendre votr propre culture
    SOME

  • Le 8 août 2010 à 20:03, par OUALI En réponse à : WACK, SORCELLERIE, MARABOUTAGE, CHARLATANISME : Voyage dans le monde de la magie noire

    Honte à tous ceux qui diabolisent nos coutumes, traditions et us en ne voyant que les bétises du blanc comme les bonnes trouvailles auqelles l’humanité devrait s’attacher ! Je crois sans risque de me tromper que ce sont ces (dé)raisonnements qui mettent l’Afrique en retard car ces propes fils la renie et ne croit guère en elle ! Que nos ancetres veillent sur nous ! Mindor

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