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DOULAYE CORENTIN KI, DOYEN DE LA COMMUNAUTE BURKINABE AU TCHAD : "Quand vous voyez les Tchadiens manifester leur culture, vous vous croyez au Burkina"

Publié le vendredi 30 juillet 2010 à 01h08min

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Comme c’est de coutume, le président du Faso, Blaise Compaoré, accorde des audiences aux Burkinabè résidant dans les pays où il se rend pour des rencontres internationales ou lors de ses voyages officiels. Cette coutume a été une fois de plus respectée le 24 juillet 2010 avec l’audience accordée à la communauté burkinabè au Tchad où le chef de l’Etat s’est rendu pour le 12e sommet des leaders et chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD). A l’issue de l’audience, nous avons rencontré celui qui se présente comme le doyen de la communauté burkinabè au Tchad. Il s’agit de Doulaye Corentin Ki qui est, par ailleurs, le représentant de l’Union africaine au Tchad.

« Le Pays » : Quel est l’objet de votre visite chez le président du Faso ?

Doulaye Corentin Ki : Nous sommes venus en tant que Burkinabè présenter nos respects au chef de l’Etat parce que nous n’avons pas encore eu l’occasion de le faire. La dernière fois, le chef de l’Etat était ici pour le sommet du CILSS mais son séjour était bref et nous n’avions pas pu le voir. Nous avons eu l’opportunité cette fois et avons donc décidé de venir le saluer avant qu’il ne s’envole pour Kampala pour le sommet de l’Union africaine. C’est principalement l’objet de notre visite. Bien entendu, nous lui avons présenté les efforts des ressortissants burkinabè qui sont ici et qui contribuent à la Mission des Nations unies pour la République centrafricaine et le Tchad (MINURCAT). Pas mal de militaires, de policiers sont là pour aider cette mission et en même temps aider le peuple tchadien à résoudre ses problèmes. Voilà essentiellement ce que nous sommes venus dire au président qui nous a beaucoup encouragés. Il nous a félicités pour le rôle que les Burkinabè jouent ici au Tchad.

La MINURCAT est sur le point de se retirer du Tchad. Est-ce que l’on sent une évolution positive sur le terrain concernant le retour à la paix ?

Je crois qu’il y a une évolution dans le bon sens. Vous savez que le 15 janvier dernier, il y a eu un accord entre le Tchad et le Soudan. Cela a permis de faire des avancées extraordinaires quant aux perspectives de paix. Du côté de la MINURCAT, le retrait, à la demande du Tchad, a déjà commencé et va s’achever le 31 décembre 2010. Après ce retrait, c’est le Tchad qui va prendre en charge toute la situation sécuritaire. Mais avec l’accord signé entre le Tchad et le Soudan, et comme nous le disait tout à l’heure le président, l’entente entre les deux présidents va réellement permettre de résoudre un certain nombre de problèmes particulièrement le problème sécuritaire entre les deux pays.

Comment l’intégration se fait-elle ici concernant la communauté burkinabè ?

Je disais tout à l’heure au président que nous avons même eu des Burkinabè qui sont venus s’installer ici du temps de la colonisation. Il y en a qui sont venus par le biais de la colonne Voulet-Chanoine ; d’autres ont fait partie des colonnes du général Leclerc qui ont quitté ici pour aller combattre pour la France libre. Nous avons donc des Burkinabè installés ici depuis longtemps et qui forment une importante communauté. Nous espérons que les autorités burkinabè songeront un jour à ouvrir une représentation diplomatique pour s’occuper des nombreux Burkinabè qui sont ici au Tchad.

A combien estimez-vous le nombre de Burkinabè vivant au Tchad ?

Je ne peux pas vous donner un nombre ; ils sont dans toutes les localités. Vous savez aussi que le Tchad est un pays de transition pour aller à La Mecque. Beaucoup de Burkinabè sont passés ici pour s’y rendre et, au retour, ils ont préféré rester au Tchad. Ils sont toujours là et de temps en temps nous nous retrouvons.

Est-il vrai que les Burkinabè et les Tchadiens ont des similitudes culturelles ?

C’est vrai. Quand vous voyez les Tchadiens manifester leur culture, vous vous croyez au Burkina. Ils ont des flûtes, des balafons ; ils dansent comme les Birifors, les Lobis. Je me suis laissé dire que dans certains villages le parler ressemble fort étrangement à certaines langues du Burkina notamment le mooré. Je peux dire que quand le lac Tchad était une mer intérieure qui s’étendait pratiquement jusqu’en Afrique de l’Ouest, des populations ont dû l’emprunter pour aller coloniser des terres au niveau du Ghana, du Burkina. D’où la similitude que nous observons entre les différents peuples.

Quelles sont les difficultés auxquelles est confrontée la communauté burkinabè ?

Le personnel international se préoccupe beaucoup de la sécurité parce qu’il y a pas mal d’insécurité particulièrement à l’Est où travaillent nos compatriotes qui font partie de la MINURCAT. Mais comme je l’ai dit, ce sont des problèmes qui vont se résoudre petit à petit. D’ailleurs, une partie est déjà résolue du fait justement des efforts de paix et des accords signés entre le Tchad et le Soudan.

Propos recueillis à N’Djamena par Séni DABO

Le Pays

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