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ACCOUCHEMENTS AU BURKINA : Ces comportements qui faussent tout

Publié le mardi 6 juillet 2010 à 01h47min

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Donner la vie. Voilà une expérience magnifique que beaucoup de femmes sont heureuses de vivre. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement puisque c’est Dieu lui-même qui a décidé d’associer l’Homme à son œuvre de création. Seulement voilà. En Afrique et particulièrement au Burkina Faso, donner la vie peut facilement tourner au cauchemar pour les familles et pire, les femmes risquent souvent la mort. Il est vrai que le gouvernement burkinabè a fait beaucoup d’efforts pour réduire la mortalité maternelle (avec l’appui de ses partenaires) qui était de 307 pour 100 000 naissances en 2008. Ainsi, en 2006, la subvention des soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) a été instituée et l’effectif du personnel qualifié dans les formations sanitaires a été renforcé.

Cela est indéniable. Malheureusement, la plupart des décès liés à la grossesse et à l’accouchement pourraient être évités de l’avis de plusieurs spécialistes.

Quand une femme enceinte arrive dans un centre de santé, il est encore fréquent qu’elle ne reçoive pas de soins parce que les sages-femmes sont occupées à d’autres choses (vendre des pagnes, regarder la télé ou tricoter par exemple) ou carrément ne leur accordent pas l’attention nécessaire. Ces infirmières ne constituent peut-être pas la majorité. Une femme qui n’a pas été bien prise en charge lors de son accouchement ne peut garder de bons souvenirs de ce qui était censé être merveilleux, donner la vie à un enfant. Pire, certains personnels de santé se sont spécialisés dans le racket des personnes démunies. Ce n’est pas étonnant que de nombreux Burkinabè doutent de l’existence de la subvention des soins de santé maternelle à hauteur de 80%. En fait, il existe une race de fonctionnaires véreux qui exigent des patientes des paiements informels en échange de traitements qui devraient leur être offerts gratuitement.

Cela limite considérablement la fréquentation des femmes, issues des couches sociales trop modestes, des centres de santé. Elles peinent à aller se faire consulter, si elles ne finissent pas par abandonner définitivement, à leurs risques et périls. Malheureusement, tous les soins ne peuvent souvent éviter l’irréparable parce que les femmes enceintes arrivent tard et parfois avec des complications. Or, le Burkina est l’un des pays où le taux de mortalité maternelle est fortement élévé. C’est pourquoi, des mesures doivent être prises afin que les consultations deviennent courantes même dans le village le plus reculé. Toutefois, si on stigmatise les comportements incorrects et parfois violents de certains personnels de santé, il faut aussi reconnaître les discriminations dont sont victimes de nombreuses femmes notamment concernant l’accès à l’éducation et à la santé.

La plupart du temps, la contraception leur est refusée parce que cette décision est du ressort du mari. Avouons que ces pesanteurs socioculturelles ont leur part de responsabilité dans ce phénomène. Doit-on continuer à accepter ce que d’aucuns qualifient d’aberration (la forte mortalité maternelle) dans un monde où la science ne fait que progresser ? Dans la mesure où le taux de fécondité est encore élevé au Burkina (6,2 enfants par femme), le combat contre la mortalité maternelle ne fait que commencer. Pour que les femmes ne risquent plus la mort en voulant donner la vie, chaque comportement et chaque initiative comptent : pour des soins qualifiés mais pas surfacturés, des plateaux techniques adéquats dans les centres de santé, des sages-femmes responsables, sages et professionnelles, des familles sensibilisées aux consultations prénatales …

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2010 à 13:35 En réponse à : ACCOUCHEMENTS AU BURKINA : Ces comportements qui faussent tout

    Proposition concrète :

    Que tous les hôpitaux, CMA, CSPS affichent en gros partout dans tous les couloirs et toutes les salles les soins et/ou médicaments qui sont gratuits.
    En précisant,ces soins, ou consultations sont gratuits.

    L’utilisation de visuels, images illustratives permettront aux analphabète de comprendre le message.

    mettre un numéro vert pour appeler et dénoncer des cas de non respect de cette gratuité. RA-DI-CAL !!!

    Si cela est affiché partout, je crois que les véreux de la santé ne pourront plus opérer, en tout cas pas de la même manière qu’avant.

  • Le 6 juillet 2010 à 17:24, par Soumangourou Kante En réponse à : ACCOUCHEMENTS AU BURKINA : Ces comportements qui faussent tout

    Salut, je suis tout à fait satisfait de savoir que finalement on en parle de ce fléaux là, moi meme j’ai perdu ma femme l’année passé très betement après une césarienne mal faite, et après avoir dépensé plus 600.000f.cfa dans l’achat des médicaments.
    L’ensemble du système sanitaire au Burkina est un calvaire pour les populations. J’ai assisté à des tèmoignaces très négatifs aux endoits des médecins et infirmires.

    Brèf ; le Burkina Faso, comme tant d’autres pays africains doivent faire des éfforts, avec le concours des dirigents enfin de moderniser et humaniser nos operateurs sanitaires.
    OH MON DIEU !!!!

  • Le 6 juillet 2010 à 19:06, par pa begh wende En réponse à : ACCOUCHEMENTS AU BURKINA : Ces comportements qui faussent tout

    Bonjour,
    je saisis cet article pour exprimer une situation que j’ai vécue à la maternité Yalgado en 2009. Ayant accompagné une dame qui devait être opérée pour cas de grossesse extra utérine, j’ai pu voir un panneau qui annonçait la gratuité ou la quasi gratuité d’un trousseau de médicaments. Quelle ne fut pas ma surprise quand je sis allée pour me procurer ce nécessaire ! En fait il vous délivrent un paquet qui ne contient pas la moitié de ce qui est annoncé et vos donnent une ordonnance en vous indiquant où aller acheter le complément.

    Une question est restée en suspens dans ma tête : la dotation a-t-elle été conforme à l’annonce ou pas ? Dans l’un ou l’autre cas, où est passé le reste des produits annoncés ?
    Quant à l’amabilité du personnel, je laisse ceux qui ont eu affaire apprécier.

    On ne devrait pas entrer dans ces métiers juste pour gagner sa pitance. parmi les motivations devraient trôner en bonne place le souci qu’on se fait pour autrui. Sinon, s’orinter vers la boucherie

  • Le 9 juillet 2010 à 20:55, par fred En réponse à : ACCOUCHEMENTS AU BURKINA : Ces comportements qui faussent tout

    Presque personne n’est au courant de cette gratuité des soins, vu les efforts et les sommes colossales que le ministère de la santé engage dans cette lutte, l’information devrait plutôt être la priorité d’autant plus quelle reduirait considérablement la corruption.

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