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Corruption : Oui elle recule !

Publié le lundi 28 juin 2010 à 00h32min

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En effet, les options stratégiques en la matière indiquent une réelle volonté politique d’assurer non seulement des résultats immédiats à travers des contrôles permanents et la prise en charge des cas avérés de mal-gouvernance, mais bien plus de prévenir par des actions diverses de formation et d’information, d’asseoir de véritables mesures de dissuasion et de cultiver la recherche de l’excellence.

Il s’agit donc de voir plus loin que les politiques-spectacles du genre « opération mains propres » et autres dont les résultats sont trop souvent à la fois aléatoires et éphémères.

La saison des rapports des institutions est ouverte. Et c’est l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat (ASCE) qui a ouvert le bal en présentant le sien au Président du Faso le lundi 14 juin dernier et en le décortiquant devant les journalistes le lendemain. Un exercice attendu avec impatience et beaucoup d’intérêt par les hommes de médias puisqu’il ne manque pas de « révélations croustillantes » qui viennent alimenter leurs chroniques ou apporter la preuve à posteriori de la pertinence de leurs investigations.

Les hommes politiques et les analystes ne sont pas en reste eux aussi, quand on sait l’exploitation que les uns et les autres en font pour étayer leurs positions si ce n’est tirer des plans sur les comètes. En effet, on ne le sait que trop bien, par ces temps qui courent, du Nord au Sud et d’Est en Ouest s’il y a des sujets qui suscitent intérêts et polémiques dans tous les milieux, ce sont bien ceux relatifs à la corruption et à la gestion des biens publics qui sont par excellence au centre de l’action de l’ASCE.

On comprend dès lors que personne ne se soit fait prier pour entendre Henri Bruno BESSIN.
Pour un deuxième rapport, il faut dire que l’ASCE n’a pas fait dans la dentelle toute chose qui va assurément renforcer la bonne image dont elle est créditée même si beaucoup de personnes restent encore sceptiques et en attendent davantage. Ils sont tout à fait dans leur bon droit, surtout qu’à écouter certains, la corruption serait généralisée dans ce pays, tout comme la mal-gouvernance serait la chose la mieux partagée du sommet à la base de l’Etat et la prédation des biens publics le sport favori des Burkinabè. Bien plus que d’agoniser, comme l’avait diagnostiqué une haute personnalité de l’Etat, la morale serait déjà passée de vie à trépas et ses funérailles célébrées.

C’est dire si l’ASCE avait beaucoup à dire et était attendue au tournant. Cela d’autant plus que la « vox populi » voudrait que le meilleur moyen d’enterrer un problème sous nos cieux serait de le confier à des structures du genre dont les rapports serviraient beaucoup plus à orner les bibliothèques et à allonger les listes des « preuves » du bon fonctionnement des institutions qu’à faire autre chose. Procès d’intentions ou une lapalissade ? Ce n’est pas demain qu’on fera l’unanimité sur la question si tant est-il que cela a une quelconque importance.
Henri Bruno BESSIN a donc rendu sa copie et si nombreux sont ceux qui sont satisfaits, d’autres y voient plutôt un verre à moitié vide.

Toujours est-il que le tableau est loin d’être aussi sombre que ne le veut un certain discours qui a pourtant pignon sur rue et pour lequel ce pays ne mérite plus son nom de « Patrie des hommes intègres ». Si personne ne prétend soutenir que tous les citoyens du pays sont intègres, il y a néanmoins de sérieuses raisons de penser que les tenants du discours négationniste sont de mauvaise foi. En effet, toutes les études des institutions de référence mondiale indiquent que non seulement les chiffres de la corruption au Burkina Faso sont bons mais bien plus, ils progressent dans le bon sens. Pour ne prendre que celles de la Banque Mondiale, elles montrent une nette amélioration dans la perception de la corruption entre 2006 et 2009 tant dans les petites que les moyennes et grandes entreprises.

Cette progression est la résultante d’une réelle amélioration du « degré de prise de conscience sur les méfaits aussi bien dans l’administration publique que, dans les autres secteurs », comme l’indique l’ASCE. Cette prise de conscience s’accompagne d’un rejet massif du fléau qui se manifeste aussi par un accroissement notable des actes de dénonciation. Tout cela est une des conséquences directes de la lutte multiforme contre le fléau.
Ces résultats sont très promoteurs et augurent de lendemains meilleurs même si on peut déjà se féliciter des chiffres. Selon Transparency International, le Burkina Faso est classé 79e sur 180 pays dans le monde ; 8e pays le moins corrompu en Afrique ; 3e dans l’espace CEDEAO et 1e dans celui de l’UEMOA. Ce n’est par rien !

Des chiffres qui font mentir les théoriciens de la corruption à ciel ouvert et de l’inefficacité de la lutte engagée contre le fléau.
Quand en plus on s’aperçoit que la tendance est à l’amélioration on ne peut entrevoir l’avenir que sous de meilleurs auspices. Cela est beaucoup plus intéressant que les résultats en eux-mêmes. En effet, les options stratégiques en la matière indiquent une réelle volonté politique d’assurer non seulement des résultats immédiats à travers des contrôles permanents et la prise en charge des cas avérés de mal-gouvernance, mais bien plus de prévenir par des actions diverses de formation et d’information, d’asseoir de véritables mesures de dissuasion et de cultiver la recherche de l’excellence.

Il s’agit donc de voir plus loin que les politiques-spectacles du genre « opération mains propres » et autres dont les résultats sont trop souvent à la fois aléatoires et éphémères.
C’est là où les recommandations de l’ASCE prennent toute leur importance et interpellent chaque acteur à jouer sa partition.o

NDLR : Notre dossier de la semaine prochaine portera sur le rapport de l’ASCE.

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 28 juin 2010 à 08:48 En réponse à : Corruption : Oui elle recule !

    A se demander par quel coté de la lunette vous regardez l’évolution de la corruption au Faso. Vous pedalez ccomplètement à coté de votre velo.

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