LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

Publié le jeudi 17 juin 2010 à 22h15min

PARTAGER :                          

La notion d’identité, et notamment « d’identité nationale » fait énormément débat en France. Ce sujet sensible et complexe ne laisse en effet personne indifférent. Chacun a son avis sur la question, chacun a sa petite explication mais, la plupart du temps, les principaux points de
vue qui nous sont donnés sont ceux des « élites » : intellectuels et hommes politiques.

Aujourd’hui, nous avons décidé de nous intéresser aux principaux concernés ; ces jeunes, de 17 à 25 ans, nés en France et majoritairement issus de la deuxième génération de la vague d’immigration du milieu du siècle dernier. Quel rapport ces jeunes ont-ils à leurs racines ? Quel rôle pensent-ils jouer au sein de la société française ?

Être un jeune Français d’origine africaine, c’est avant tout avoir un statut particulier. Ce qui est frappant lorsque que ces jeunes en parlent, c’est qu’ils font preuve d’une extrême lucidité. La notion d’identité étant avant tout quelque chose de personnel, il est intéressant de voir la distinction que les intéressés font entre « être Français » et « se sentir Français ».

En effet, la plupart d’entre eux souligne le paradoxe auquel ils doivent faire face, jour après jour. Jonathane, 17 ans, lycéenne, nous dit que ses cousins et cousines, restés au pays, la taquinent souvent en la qualifiant de « Française à la peau noire ». Sans en avoir totalement conscience, la famille de Jonathane soulève une réelle contradiction susceptible d’entraîner un certain mal être. Il semble effectivement difficile de pouvoir trouver sa place lorsque dans son pays de naissance, on est considéré comme un étranger et que dans son pays d’origine, on est perçu comme un Français, un « touriste » nous dit même Moïse, 22 ans, musicien.

Pour ces jeunes, il semble primordial de sentir qu’ils appartiennent à un groupe et à un ensemble bien défini, et ce malgré le fait que ce besoin d’identification soit la base de sentiments très contradictoires. C’est ce que Mackenzie, 22 ans, vendeur, nous explique : « Ils ne nous considèrent pas comme des vrais Français. On est noirs donc ils nous mettent à part. C’est pire quand on vient de banlieue, mais de toute façon on sait très bien qu’on est pas comme eux et on en a jamais eu envie. ».

A l’image de Mackenzie, beaucoup de jeunes préfèrent donc s’auto-marginaliser plutôt que de prendre le risque de se sentir rejetés. Cette forme de mise à l’écart leur donne ainsi l’impression d’avoir fait le choix de la différence, le choix de ne respecter que les codes auxquels ils s’identifient. Bien évidemment, et ce malgré les apparences, la plupart d’entre eux rêve tout simplement d’être acceptés tels qu’ils sont.

Cependant, tous ne souffrent pas de cette situation. Certains s‘en amusent et s’en accommodent à leur manière. En effet, beaucoup de ces jeunes sont dans une optique d‘affirmation, parfois même très ostentatoire, de leur « africanité ». Cette revendication se fait généralement au travers de moyens très simples, l’essentiel étant qu’ils soient visibles. Cela passe donc par des choses telles que les tresses qu’ils se font, les bijoux et vêtements qu’ils portent, la musique qu’ils écoutent ou encore le vocabulaire qu’ils utilisent.
Selon Chloé, 17 ans, lycéenne « c’est une fierté de montrer qu’on aime notre pays d‘origine, c’est un plus, ça a du style ! (rires) ». Mais d’où vient une telle volonté d’affirmation ? Vient-elle d’un besoin d’expression de soi ou d’un simple rejet de ce que certains se plaisent à nommer « identité nationale » ? Pour Joyce, 18 ans, étudiante, la réponse est évidente « à part au Front National, personne n’aurait l’idée de dire qu’il est fier d’être Français. C’est mal vu, c’est tout. ».

Rassurons-nous, il existe tout de même des jeunes Français d’origine africaine qui assument pleinement leur double casquette. C’est le cas de Bryan, 25 ans, commercial « Oui, je suis africain et j’aime ce pays, il est beau, démocratique et il prend soin de nous. Il faut arrêter de nourrir les préjugés et de venir jouer les victimes après. »

Malgré le fait que l’identité soit quelque chose de personnel, le rapport que ces jeunes ont à leurs racines dépend principalement du regard des autres. Quoi qu’il en soit, qu’ils se sentent pleinement citoyens français ou pas, tous ont des projets et souhaitent construire leur futur en France. Certains souhaitent également aider leur pays, au moyen de dons et d‘associations, mais aucun n’a l’intention de s’y installer.

Kady Ouédraogo
Lefaso.net

A lire
- Diasporama, Bilguissa Diallo - Editions Anibwe. 17€.
- L’identité nationale, une énigme, Marcel Detienne - Editions folio histoire. 6,60€

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 17 juin 2010 à 15:49 En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

    bam sao tuub bee faranssé !!!

    • Le 19 juin 2010 à 12:00 En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

      mni saongo, ad burkin viima nonmame !

    • Le 26 juin 2010 à 16:42 En réponse à : Les Africains de France font pitie

      Sincerement,
      je pense que les Africains qui ont decide de vivre en France ne doivent s’en prendre qu’a eux-memes. Lorsque tu arrives dans un pays et tu te rends compte qu’ils sont trop hypocrites pour pouvoir te poignarder dans le dos, pourquoi insister et forcer pour y rester ? J’ai vecu juste 2 ans en France et j’ai decide d’immigrer au Canada anglophone. Au Quebec (Canada francophone), ils ont la meme mentalite que les Francais et il y’a de nombreux Francais. Plus jamais de ma vie, je n’aimerais rencontrer ou travailler avec un Francais. Ils sont tellement hypocrites qu’ils vont t’insulter dans ton dos mais en te souriant. Les autres peuples au moins quand ils ne t’aiment pas, ils te le disent franchement (Danemark, Allemagne, Angleterre). Je me demande vraiment comment les Noirs supportent de vivre en France.

  • Le 17 juin 2010 à 23:14 En réponse à : Complexe des immigres francophones

    Je pense que nous les Francophones devons devenir plus pragmatiques et nous debarasser de certains sentiments. L’essentiel pour un immigre ou un enfant d’immigre, c’est son independance financiere, c’est a dire avoir un emploi decent dans son pays d’accueil. Si j’ai un bon emploi qui me permet de nourrir ma famille et les envoyer dans de bonnes ecoles, cela importe peu, que le voisin d’immeuble (Francais blanc) veuille me saluer ou pas. S’il le fait, tant mieux, s’il ne le fait pas, je ne forcerai pas. On ne doit forcer personne a nous aimer.
    Quand je vois les Ghaneens et Nigerians (anglophones en general) en Europe, au Canada ou aux States, ils ne sont pas du tout complexes par leur double nationalite. Leur objectif, c’est l’independance financiere, l’argent. Observez que dans toutes les tentatives de rapprochement des peuples ici a l’etranger, ce sont les Francophones qui "perdent leur temps" a former des associations culturelles "Burkina-France", "Burkina-Allemagne, Haus-Afrika", "Burkina-Quebec" et j’en passe. Les anglophones travaillent, ont leur argent et vivent entre eux, si les Blancs les rejettent. Les Blancs ont convaincu surtout nous les Francophones que s’ils ne veulent pas nous accepter, c’est parce que nous ne faisons pas l’effort d’apprendre leur culture. Malheureusement, nous y croyons. Des qu’il y’a une catastrophe en Afrique, les francophones sollicitent tout de suite leurs amis en Europe, par pitie, rassemblent les dons et vivres et les convoient par conteneurs entiers au pays (inondations du 1er Septembre). Les Blancs aiment voir le Noir souffrir. Dans ce cas par pitie, ils envoient les aides. Par contre, ils n’aiment pas voir les Ghaneens et les Nigerians prosperer financierement en Europe, par jalousie. C’est paradoxal puisque lorsqu’on envoie des aides a des "pauvres", c’est pour qu’ils deviennent epanouis et riches a la longue comme les Blancs, ou bien ?
    Pauvres associations d’entraide en Europe des Africains francophones. Toujours prets a tendre la main, aucune fierte. Regardez vos amis anglophones en France ou en Allemagne, s’ils se rabaissent devant les Blancs comme vous des qu’il y a des inondations dans leurs pays d’origine.

  • Le 18 juin 2010 à 02:05, par Mahmud BEN Mahmud En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

    c’est ca. on prefere vivre dans la banlieue au milieu des dealers et des braqueurs, plutot que revenir au pays vivre a ouaga 2000. j’ai jamais compris ce phenomene. plusieurs de ces jeunes ont des parents riches (en CFA :-) ) et peuvent s’offrir une vie tranquille a ouaga 2000. mais ils preferent s’entasser en banlieue a Paris et se faire humilier tous les jours par les keufs. peut-etre que le fait de voir le metro, les belles voitures, etre dans le froid vaut mieux que venir cotoyer les misereux a ouagadougou.

    • Le 18 juin 2010 à 11:33 En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

      Chef, ton commentaire est un peu facile à mon goût !

    • Le 20 juin 2010 à 01:40 En réponse à : TPR et Ouaga 2000

      mon type,

      ces enfants qui preferent vivre a Paris plutot que de revenir dans la villa de leurs parents a Ouaga 2000 sont intelligents. La plupart d’entre eux savent que leurs parents ont fait des deals pour pouvoir construire des maisons a 200 millions a Ouaga 2000. Comme les enfants sont conscients que la magouille n’est pas eternel, ils preferent etre independant et vivre de leur propres moyens en France. Les enfants se rappelent des TPRs et ne veulent pas prendre le risque de revenir a Ouaga 2000. Ils preferent ne pas toucher a l’argent sale de leurs parents

    • Le 23 juin 2010 à 19:58, par ZIO En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

      mon ami,
      chacun est libre de vivre là où bon lui semble. ce n’est pas une honte de vivre en banlieue.Ouaga 2000 n’est pas une référence ! les français ne sont pas obligés de vivre en France, encore moins au 16è, tout comme les Américains à Manhattan, alors pourquoi les Burkinabé expatriés doivent retourner vivre à Ouaga 2000. sois un peu ouvert d’esprit. nous sommes au 21è siècle !

  • Le 19 juin 2010 à 12:35 En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

    Voilà un débat de cabaret pour un sujet aussi intéressant.
    Mais les burkinabé aiment l’intrigue et le nivellement par le bas. Ceux qui se présentent même comme des amis, il faut s’en méfier car ils sont infectés par les 3 M : Méchanceté - Médiocrité - et Mesquinerie. dixit Ablassé Ouédr

    • Le 20 juin 2010 à 17:56 En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

      Monsieur Ablassé à tout à fait raison,ce débat est vraiment d’un bas niveau pour un sujet aussi intéréssant.Je ne vois pas quel est le rapport entre la question de l’identité nationale en France et Ouaga2000,les enfants de riche,les TPR...Franchement c’est déçévant de lire des interventions pareilles.Il ne faut pas oublier que les jeunes dont il est question dans cet article et qui ont la double nationalité sont des déçendants pour la plus part d’aventuriers(de l’époque)issus de milieux modestes qui ont immigrés en France pour se construire et construire leur avenir.Et convénez qu’après avoir passé des décénies en France il est assez difficile de tout abandonner pour rentrer dans leur pays d’origine.Mais cela n’éffrite en rien l’amour que ces personnes ont pour leur patrie.Moi je pense plutot que le débat doit porter sur l’acceptation ou non de ces enfants d’immigrés dans le pays que leurs parents ont contribué à construire.Il faut donc arréter de ténir des propos qui peuvent etre touchant pour ces certaines personnes.Bravo à tous nos frères qui se battent en Europe,du courage à vous.

      • Le 20 juin 2010 à 21:54 En réponse à : Partir volontairement plutot que "Operation Bayiri"

        bro,

        tu dis qu’il est assez difficile de tout abandonner et rentrer dans leur pays d’origine. Nous avons tous tire les lecons de la Cote d’Ivoire. N’est il pas mieux de tout abandonner et rentrer dans son pays d’origine (le BF), plutot que d’attendre que les Francais blancs (a l’image des Ivoiriens de "souche") ne vous brutalisent et affretent des charters sur Ouaga comme "operation Bayiri" ? Au moins, ceux qui rentrent volontairement avant qu’on ne les chasse, ont le temps de preparer leur retour, retirer leurs maigres epargnes des banques francaises. Te rappeles-tu de la ville italienne qui avait brusquement en une seule nuit, chasse tous les noirs en les convoyant par autobus entiers hors de la ville ? C’etait comme "Operation Bayiri". C’est mieux de partir avant qu’on ne te sache. Les francais blancs n’aiment pas les Noirs et la France ne sera jamais un pays d’immigration comme le Canada anglophone ou les U.S.A.

        • Le 21 juin 2010 à 13:57 En réponse à : Partir volontairement plutot que "Operation Bayiri"

          Oui mais là,on parle de gens qui ont la double natinalité,ce qui signifie que techniquement aucune des deux nationalités n’est plus importante que l’autre,mème si bien entendu on peut toujours débattre sur la prééminence de la nationalité d’origine.Ces gens sont autant français que burkinabés,maliens ou ivoiriens...Ce qui compte à mon avis c’est surtout l’attache sociale et materielle.Etre né en France et y avoir grandi,y avoir suivi sa scolarité,y travaillé,réconnaissez quand mème que ça crée plus de liens avec la France qu’avec le pays d’origine des parents.C’est si facile de dire qu’on peut tout abandonner pour rentrer dans son pays d’origine,mais pensez un peu aux conséquences de cette rupture pour ces gens.Ce phénomène n’est pas à sens unique,il y’a aussi beaucoup d’étrangers au Burkina qui ne peuvent plus rentrer chez eux pour les raisons que j’ai évoqué ci-déssus.Et puis je me dis que c’est parce que la France a eu le courage de poser le débat sur l’identité natinale(mème si il semble y avoir une instrumentalisation de la question)que le sujet déchaine autant de passion,vous avez tantot parler de l’Italie,cette quetion ne s’est pas posée de façon ouverte mais cela n’a pas empéché ce qui s’est passé,ceci pour dire qu’aucun Etat n’est à l’abri de ce phénomène de rejèt de l’autre,mème pas le Burkina ou le Canada ou les Etats-unis.A partir du moment ou les nationaux de "souche" auront le sentiment d’ètre envahi et que leurs richesses vont au mains des "étrangers",tout peut arriver.Les Etats-unis ou le Canada n’en sont pas encore là parce qu’à mon avis il n’ont pas encore atteint ce seuil et il ont toujours bésoin de mains d’oeuvre pour se construire.Rendez-vous compte que mème la suisse jadis un exemple en est arrivé là.Il ont le sentiment aujourdh’ui d’ètre quelque peu envahi.L’immigration est un phénomène qui existe dépuis la nuit des temps et hélas avec ses potentiels conséquences dommageables.

  • Le 19 juin 2010 à 14:00, par biok En réponse à : Origines et identité : la parole aux jeunes africains de France

    y a prendre et à laisser chez les anglo comme les franco -phones

    les anglos ne tendent pas la main parce que c’est pas la mentalité, etc...
    les franco font copain/copains avec les blancs, etc...

    ok, mais tout cela est defini par rapport "aux blancs" à chaque fois

    moi je dis : a quand les Africains vont se definir par rapport à eu même, exit complexe inferiorité / supperiorité

    moi je crois qu’il est l’heure, tout est là pour

    un nasara

    • Le 19 juin 2010 à 17:58 En réponse à : y a differences entre franco et anglos mon cher

      Nassara,

      y’a plus a prendre chez les anglo que chez les franco.
      Regarde la merde partout ou les Francais sont :

      - Belgique : risque de scission entre les Flamands et Wallons

      - Canada : mesentente entre les francophones du Quebec et le reste du Canada

      - USA : maree noire de la Louisiane, ancienne colonie francaise

      - Haiti : seisme de grande envergure
      - Afrique de l’Ouest : sous-developpement apres 50 ans d’independance

      On entend peu parler de problemes d’emplois et d’integration des noirs dans le milieu de l’emploi en Angleterre, Canada anglophone ou aux USA.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique