Comme tous les samedis après-midi, le groupe des Marcelin se retrouva ce samedi-là au maquis qui porte comme enseigne : "La fuite est terminée". Il ne manquait que Raoufou mais l’on savait qu’il allait venir, et effectivement vers 17 h, il arriva et avec lui, une fille... le scandale était juste derrière. Raoufou était "bien" .

Un peu trop même : sa langue pâteuse faisait des dérapages et ses yeux rouges et gluants trahissaient bien le nombre respectable de gadgets qu’il s’était envoyé. Marcelin et les autres constatèrent que leur ami était sérieusement "atteint" mais comme ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait, ils continuèrent leurs conversations sans plus prêter attention à un Raoufou dont on croirait qu’il a peine à tenir sa tête en place : elle se balladait entre le bas et le haut, entre la gauche et la droite. Bref : Raoufou était "Kak ?"

Ce fut au moment où l’on croyait qu’il allait s’endormir sur place que Raoufou leva brusquement la tête comme s’il venait de se souvenir de quelque chose ; et de fait, voici ce que de sa voix pâteuse, il annonça : "Marcelin, Marcelin tu sais, moi-là, je suis un dur... quand je "tape" une fille, elle pète ! "

Etonnement général tant cette surprenante déclaration avait surpris. Et la fille qui était avec lui de s’offusquer, ce qui eut pour effet, de révolter Raoufou qui se crut obligé de donner des précisions : "C’est quoi, je mens ? je mens ? tout à l’heure-là quand on "tapait", tu ne pétais pas "pouh-pouh ?"

Il lâcha ça puis il s’enfonça dans une sorte de torpeur. Sur la table, certains voulaient s’enfoncer sous la terre, d’autres arguèrent un besoin d’aller aux toilettes pour pouvoir détaler. La fille elle, gardait la tête baissée, silencieuse. La gêne était générale.

Le lendemain lorsqu’il fut dégrisé, il alla chez sa copine. Elle refusa de le voir. Elle le chassa carrément. C’est ce que, par la suite, il tentait d’expliquer à Marcelin lorsque celui-ci lui coupa la parole pour lui raconter dans le détail, son inqualifiable comportement de la veille, comportement d’éhonté qu’il n’est pas d’habitude.

Les excuses qu’il fit présenter à sa copine furent rejetées. La rupture est consommée. Voici pourquoi on dit que l’alcool n’a jamais aidé à devenir quelqu’un de respectable. Au contraire ! Raoufou, toi-même "pouh-pouh ! " Si ce n’est pas une honte pour des adultes !

Sacré Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya