LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Pacification des campus universitaires : « Le dialogue seul ne suffira pas »

Publié le jeudi 25 février 2010 à 10h27min

PARTAGER :                          

L’université de Ouagadougou en collaboration avec les universités francophones ont organisé à Ouagadougou du 21 au 23 février 2010 un colloque sur la pacification des campus universitaires. Des présidents, recteurs d’universités, syndicats et autres membres de la société civile ont, pendant deux jours, fait le diagnostic des crises universitaires et esquissé des pistes de résolution.

Des débats intenses sous-tendus par des exposés et des rencontres informelles ont constitué le plat de résistance de ces 48 heures de travaux. L’occasion était belle de “limer sa cervelle contre celle d’autrui“. Ce qui a permis de s’enrichir mutuellement, de dégager des pistes pour une meilleure compréhension des différents aspects de cette thématique. Les conclusions des travaux apportent ainsi l’éclairage nécessaire et réconforte les participants dans la conviction d’avoir réussi un pari. Comme l’atteste les propos de ce séminariste « J’étais venu par curiosité pour écouter, apprendre et m’informer ; je crois que j’ai eu raison parce que maintenant ma perception du sujet est devenue plus vaste mais plus concrète, très efficace ».

Les éléments essentiels qui ressortent des conclusions sont : la redéfinition des rôles des différents partenaires ; la prise en compte des problèmes essentiels de l’université en termes de déficit de réflexion stratégique et opérationnelle, déficit au plan des outils et instrument de gouvernance, déficit de responsables et acteurs formés.

Les participants préconisent alors de réaliser les conditions du vouloir vivre ensemble en pratiquant le dialogue dans les espaces de concertation, en démocratisant davantage les instances et les représentations des étudiants, en établissant un guide de procédure pour les différents acteurs et en identifiant dans l’université une instance de médiation. Il importe également de prendre en compte l’éducation à la citoyenneté pour que tous les acteurs aient la même compréhension de certaines questions essentielles.

Le Pr Ehilé Ehouan Etienne, président de la conférence des recteurs et présidents d’université de l’Afrique francophone et de l’océan indien (CRUFAOCI) souhaite qu’au sortir du colloque de l’UO, les conclusions ne soient pas rangés dans des tiroirs mais soient restitués et transmis à qui de droit pour une large diffusion, pour une prise en compte véritable de sorte que le sentiment de soulagement soit largement partagé et « qu’ensemble nous puissions écrire une nouvelle page de l’histoire des universités de la zone UEMOA ». « Le coq continuera de chanter tous les matins pour votre engagement et pour tous les actes que vous posez au quotidien pour l’institution universitaire africaine. Beaucoup de paix et de stabilité dans vos universités », déclare-t-il en guise de remerciement aux organisateurs du colloque.

Faire vivre la nouvelle gouvernance universitaire sous les cieux africains, c’est le rêve partagé de tous les participants. Pour que ce rêve soit une réalité, le président de la CRUFAOCI implore ses collègues en ces termes « s’il vous plait, chers séminaristes, pour une fois débarrassez vos tiroirs des CD-Rom afin que la restitution de ce séminaire à vos pairs soit effective ».

Pour le président de l’Agence universitaire de la Francophonie, le Pr Yvon Fontaine, co-organisateur de la rencontre, « la mobilisation des recteurs, présidents, représentants de syndicats d’enseignants et d’étudiants et de la société civile montrent bien la volonté des uns et des autres de faire des universités un lieu où il fait bon vivre ». L’université doit retrouver ses lettres de noblesse. Pour que la paix sociale revienne dans les universités, il faut que chacun contribue efficacement. D’abord l’université dans toutes ses composantes, ensuite l’Etat qui finance la recherche. « Le dialogue seul ne suffira pas et il faut travailler parallèlement au moins sur différents aspects tels que la reforme des programmes, la professionnalisation de l’enseignement, la question des effectifs et des infrastructures universitaires », précise-t-il.

Ce processus est déjà lancé fort heureusement. Le système LMD est en marche, des médiateurs ont été installés dans certaines universités. Pourvu que les conclusions de ce colloque de Ouagadougou soient exploitées à bon escient afin que les exigences de pacification des universités soit une réalité. Pour y arriver, l’AUF et l’Institut panafricain de gouvernance universitaire s’engagent à appuyer ce processus.
Les premiers responsables de l’UO ont saisi cette occasion pour élever le recteur de l’agence universitaire de la Francophonie, le Pr Bernard Cerquiglini au grade de Docteur honoris causa en signe de reconnaissance pour ses efforts pour une solidarité agissante au sein des universités.

Moussa Diallo


Pr Cerquiglini habillé par le président de l’UO et le Ministre Paré

Pr Bernard Cerquiglini, recteur de l’agence universitaire de la Francophonie, 5e Docteur Honoris Causa de l’université de Ouagadougou

Pr Bernard Cerquiglini est déjà titulaire d’un doctorat honoris causa de l’université de Budapest et de nombreux autres titres dont le prix Honoré Savey de l’académie des inscriptions et des belles lettres. Il est aussi titulaire de nombreuses distinctions et décorations dont la légion d’honneur de l’ordre national du mérite de France au titre de chevalier, des palmes académiques de l’ordre des arts et des lettres au titre de commandeur et officier de l’ordre des palmes académiques du Burkina Faso.

L’Université de Ouagadougou, en décernant ce titre au Pr Bernard Cerquiglini, s’honore avant d’honorer l’auteur selon ses premiers responsables. Ils se réjouissent d’être la première des universités africaines à s’inscrire dans ce concert intellectuel de louanges.

L’UO veut aussi souligner de la façon la plus solennelle qui soit sa reconnaissance appuyée envers un universitaire exceptionnel qui a su allier compétences scientifiques (langues et culture Française), compétences administratives et engagement profond pour la Francophonie. « Donc quelque part, l’honneur que nous avons et que nous faisons ou que nous rendons aux autres est un honneur qui est toujours mérité. L’Université de Ouagadougou, en décidant de vous décerner le titre de Doctorat honoris causa s’attire plus de grandeur qu’elle n’en ajoute aux hommages qui vous ont été rendus », précise Pr Joseph Paré, ministre des Enseignements secondaires, supérieur et de la recherche scientifique du Burkina.

Né à Lyon en 1947, le Pr Cerquiglini, suite aux conseils de son professeur de Français, entre à l’institut supérieur normal de Saint-Cloud d’où il sort avec le titre de docteur es lettres et agrégé de lettres modernes. Alors, débute une brillante carrière de professeur de linguistique dans différentes universités prestigieuses notamment aux Etats-Unis et en France. Puis, il est successivement directeur des écoles au ministère de l’éducation nationale, délégué général à la langue française auprès de trois Premiers ministres (Michel Rocard, Edith Cresson et Pierre Bérégovoy), directeur de l’institut de la langue Française, vice-président du Conseil supérieur de la langue Française, délégué général à la langue Française et aux langues de France au ministère de la culture, directeur du centre d’étude Francophone et de la Lousiana State University et président du laboratoire national de la lecture.

M. Cerquiglini n’est pas qu’un homme de bureau, il rempli pleinement son rôle de scientifique. A cet effet, il a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages scientifiques. Le professeur attachant et si éclairant dans ses présentations des curiosités verbales de la langue Française à travers l’émission télévisée à succès sur TV5 a mené de front et il continue à le faire une quadruple carrière d’universitaire, de chercheur, de gestionnaire et de communicateur.

Recteur de l’agence universitaire de la Francophonie depuis décembre 2007, il a fait de la francophonie une des plus grandes associations mondiales des universités avec 728 membres repartis sur les cinq continents. Ce titre de Docteur honoris causa lui a été décerné pour trois raisons, selon Pr Joseph Paré : la place d’honneur qu’il occupe comme annaliste et présentateur de la langue française dans ses diversités et ses variétés ; sa contribution à la science d’expression française et sa vision de l’avenir pour l’enseignement supérieur dans l’espace francophone.

Bernard Cerquiglini est ainsi le 5e personnage à bénéficier de ce prestigieux titre de Doctorat honoris causa de l’université de Ouagadougou. C’est donc un rare privilège à en juger par le nombre de ses prédécesseurs. « Avec ce titre, je suis davantage des vôtres », déclare-t-il l’air visiblement satisfait.

Moussa Diallo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique