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COTE D’IVOIRE : Le mauvais génie s’est échappé de la bouteille

Publié le lundi 22 février 2010 à 00h26min

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La Côte d’Ivoire est à nouveau en ébullition après bien des années de calme. Une fois de plus, c’est la politique qui met l’Eburnie en convulsion. Au début, était la contestation tous azimuts des procès en radiation de citoyens dont on dit qu’ils se sont frauduleusement inscrits sur la liste électorale pour l’élection présidentielle qui n’en finit pas d’être une ligne d’horizon.

Le degré de violence est tel que le chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne, le général Philippe Mangou, a cru bon de faire une sortie. Mais au lieu d’appeler à un apaisement, il risque plutôt d’attiser les braises en prenant fait et cause pour le régime en place. On a beaucoup plus vu et entendu un zélé défenseur du pouvoir qu’un patron d’une armée républicaine c’est-à-dire au-dessus de la mêlée. D’ailleurs, le chef d’Etat-major est-il vraiment dans son rôle avec cette sortie qui laisse une très forte impression de politisation de l’armée ? Assurément non. En pareilles circonstances, c’est le ministère de l’Intérieur ou de la Sécurité qui parle.

A défaut, c’est le Premier ministre ou le chef de l’Etat qui monte au créneau. On comprend bien le souci du chef d’Etat-major de préserver l’ordre mais il risque fort de ne pas être entendu avec le ton va-t-en guerre employé contre les leaders de l’opposition accusés d’être à l’origine des troubles. Mais c’est oublier la vraie cause de l’actuelle spirale de violences dont le pouvoir FPI (Front populaire ivoirien) doit être tenu pour principal responsable. On se rappelle que la tambouille actuelle est partie des accusations de fraudes formulées par Laurent Gbagbo himself contre le président de la CEI. Tout ce qui se passe actuellement avec son lot de manifestations violentes et de morts, découle de ces accusations. Le bouchon de la bouteille dans laquelle le mauvais génie avait été enfermé depuis longtemps a été ainsi sauté. Conséquence : le génie s’est échappé et est devenu incontrôlable. Pourra-t-on jamais le remettre en bouteille ? On l’espère vivement.

La suspension desdits procès par le pouvoir avait mis fin aux saccages de tribunaux suivis de répression de manifestants qui avaient même occasionné un mort. Alors que l’on croyait la parenthèse des violences définitivement refermée, un autre acte allait à nouveau mettre le feu aux poudres. Il s’agit de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI) dont la tête de son président avait été demandée par le camp présidentiel qui l’accusait de fraudes sur les listes électorales.

Et c’est reparti pour des manifestations violentes de rue un peu partout à travers la Côte d’Ivoire à l’appel de l’opposition. Cette fois, il ne s’agit plus de contester la médiation de telle ou telle personne du fichier électoral mais du rétablissement de la CEI et, revendication nouvelle, le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir dont d’ailleurs la légitimité est remise en cause. Le bras de fer vire par endroits à un bain de sang comme ce fut le cas le week-end écoulé avec la mort de 5 manifestants tués par balle dans la région natale du chef de l’Etat. La situation va jusqu’à inquiéter le médiateur de la crise ivoirienne, Blaise Compaoré, qui a la réputation d’avoir un flegme à toute épreuve et dont on espère qu’il viendra à bout de cette situation.

Par Séni DABO

Le Pays

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