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COUR DES COMPTES : Penser aussi aux bons gestionnaires

Publié le vendredi 18 décembre 2009 à 02h16min

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A la queue leu leu, les présidents de la Cour des comptes, du Conseil supérieur de la communication (CSC), le Médiateur du Faso et de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL) sont allés sacrifier à un rituel le 15 décembre dernier au chef de l’Etat. Il s’agit de la remise des rapports annuels d’activités de ces institutions. Certes, l’on est toujours en 2009 dont les derniers jours sont en train de s’écouler, mais les rapports font le bilan des activités menées par ces institutions en 2008. Comme toujours, c’est le rapport de la Cour des comptes qui était le plus attendu. Qui a été épinglé pour mauvaise gestion du denier public ?

Comment les mauvais gestionnaires s’y sont pris ? C’étaient quelques interrogations à l’annonce de la remise de ce rapport qui marque également sa mise à la disposition du public, ne serait-ce que par organes de presse interposés. Très rapidement, tous ceux qui s’interrogent ainsi ont commencé à trouver des réponses à leurs questions, soit pour avoir eu accès au rapport, soit en se contentant de l’exploitation faite par les organes de presse écrite. Petit à petit, chacun se fait donc une idée de l’utilisation faite de l’argent public par tel premier responsable ou par une structure, une institution donnée. Ainsi, on sait par exemple que tout ne se passe pas dans les règles de l’art, côté gestion, au Conseil consitutionnel, au Centre de gestion des cités, dans les lotissements à Kaya et à Banfora, etc.

La lumière crue jetée sur la gestion des structures publiques a l’avantage de ne pas donner libre cours à la rumeur, aux accusations sans fondement de mauvaise gestion, de détournements, qui étaient de mise avant la création en mai 2000 de la Cour des comptes ou bien quand les rapports de la défunte Inspection générale d’Etat (IGE) étaient confidentiels. Mieux encore, les rapports qui sont maintenant publiés font que ceux-ci ne peuvent plus être utilisés comme moyens de chantage par ceux qui avaient accès aux rapports confidentiels. L’information est démocratisée vu qu’elle est donnée à tout le monde en même temps, même si au regard de la sensibilité du sujet – la gestion des deniers publics – il ne manque pas de personnes pour dire que c’est une façon de jeter en pâture les indélicats, surtout s’ils sont d’une certaine carrure. C’est ce que l’on a entendu en tout cas lors de la publication des rapports antérieurs dans lesquels par exemple la réfection de la mairie centrale de Ouagadougou a été critiquée, des personnalités ont été indexées par rapport à des ventes de villas, etc.

Le travail fait par la juridiction supérieure de contrôle des finances publiques est à saluer à sa juste valeur si tant est qu’il contribue de plus en plus à apporter la transparence. Le contribuable se réjouit de savoir qu’il y a une institution qui veille à l’utilisation saine de son argent ; à ce que des individus, du fait de leur fonction, ne mettent pas cet argent dans leurs poches. Toutefois, il se réjouirait davantage si les mauvais gestionnaires du denier public sont sanctionnés, une fois pris. Car ce que l’on remarque jusque-là, c’est que ceux qui sont épinglés dans les rapports de la Cour des comptes pour mauvaise gestion, manquement de divers ordres, ne sont pas inquiétés. Ou si cela est fait, ce n’est pas porté à la connaissance de tout le monde au même titre que les écarts de conduite. Si fait que ce qui hante les gestionnaires de fonds publics, c’est surtout d’avoir son nom dans un des rapports qui tiennent en haleine le peuple. Pour le reste « c’est l’homme qui a peur, sinon il n’y a rien au village ».

Le travail de la Cour des comptes doit être prolongé par tous ceux qui sont habilités à sanctionner les mauvais gestionnaires. Sans cela, il y a le risque, à la longue, que l’œuvre soit sapée ou, à tout le moins, que l’intérêt qui lui est porté disparaisse. Parlant des sanctions, il y a quelque chose qui me vient à l’esprit : pourquoi ne pas récompenser les bons gestionnaires ? La République qui est très prompte à récompenser ses fils méritants même si cela fait jaser souvent, vu le profil de certains récipiendaires, devrait sérieusement y penser. Les gestionnaires, les ordonnateurs qui n’auront pas été épinglés par la Cour, éprouveront eux aussi de la fierté d’être … épinglés cette fois d’une médaille. A ce qu’on dit, la Cour des comptes elle-même a fait cette recommandation l’année dernière mais elle n’est pas encore effective. Ici aussi, il revient à qui de droit de traduire cela en actes concrets. Il ne faudra pas y voir de petits cadeaux entre amis comme le reproche qui est fait depuis un certain temps aux décorations à la pelle.

Mais plutôt une reconnaissance qui fera inéluctablement l’unanimité, redonnera de la valeur aux décorations. Et au-delà de la fierté personnelle des parangons de la gestion, c’est une invite aux autres à suivre des exemples de probité, de rigueur, de professionnalisme, etc. Gérer de grosses sommes appartenant à tout le monde sans se faire indexer est un véritable exploit, tant la tentation de s’en servir est grande. Outre les médailles, il peut même être institué en interne des primes pour bonne gestion financière, des gratifications, des bonifications pour ceux qui mettent un point d’honneur à jouer les bons gardiens du coffre-fort de la maison commune. Quelle que soit la méthode de récompense, le plus important est le geste de reconnaissance pour l’exercice d’une fonction hautement difficile.

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