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11 décembre 2009 : Ouahigouya sonne l’hallali contre l’oisiveté en saison sèche

Publié le mardi 15 décembre 2009 à 02h14min

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Ne dit-on pas qu’un homme qui a faim n’est pas un homme libre ? Rapportée à l’échelle d’une nation, la faim hypothèque le développement et compromet son indépendance obligée qu’elle sera à des compromis pas à son avantage voire des compromissions pour retarder l’éventuelle explosion sociale. C’est pourquoi l’appel de la « cité de Naba Kango » est à prendre comme cette volonté d’émancipation qui a guidé les Burkinabè de la période coloniale pour que survienne le 5 août 1960.

L’autosuffisance alimentaire, quête permanente, passe, pour un pays sahélien comme le Burkina, par la maîtrise du peu d’eau dont il dispose. Ce qui permettra aux paysans et autres exploitants agricoles de travailler toute l’année et de maximaliser les productions. La saison sèche qui est longue et impose généralement l’oisiveté chez les agriculteurs ne devra plus être qu’un mauvais souvenir et, à Ouahigouya, ce 11 décembre 2009, on sonnera l’hallali pour cela.

« Aujourd’hui, 5 Août 1960, je déclare indépendante la République de Haute-Volta ! » Cette phrase, simple, elle l’est grammaticalement mais, lourde de sens et de symboles, elle restera pour toutes les générations de Burkinabè, Voltaïques d’hier, pour qui elle sonnera toujours mélodieuse, prolongeant l’instant solennel de sa prononciation et appelant tout un chacun à prendre conscience de sa responsabilité dans la construction de cette nation libre, paisible, travailleuse qui compte dans le monde et qui cherche à contenter tous ses fils sans distinction aucune.

Oui, cette phrase, elle reviendra encore plus forte en chaque Burkinabè dans deux jours soit le 11 décembre 2009 qui verra se célébrer pour la 49e fois cet acte solennel qui a consacré l’entrée de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, dans le concert des nations libres et maîtresses de leur souveraineté nationale. Et la plus grande des interrogations devra être pour tout Burkinabè : « Qu’ai-je fait pour mériter de nos Pères ? ». Une interrogation qui permettra, nul doute, d’avoir le courage et la clairvoyance d’accepter boire à la source vivifiante de ces devanciers qui ont été de combats épiques pour que soit ce pays dont nous sommes fiers. Une question à laquelle il faut avoir le courage de répondre honnêtement et de se projeter dans l’avenir.

L’histoire, tous le savent, n’a pas été tendre pour ce pays encore moins la nature, cette nature justement au prétexte de laquelle l’ancien colonisateur n’avait pas voulu qu’il subsistât en tant qu’entité autonome. « Dispatché » au gré et selon les intérêts du colonisateur français qui en rattachera des morceaux en 1932 à la Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger, le Burkina Faso renaîtra de ses cendres en 1947, tel le Phénix, de par la ténacité et le courage de ses fils dont les plus illustres de l’époque sont incontestablement le Naba Koom, souverain des Mossé, des hommes politiques tels Daniel Ouezzin COULIBALY, Philippe Zinda KABORE… Le 11 décembre 1958, le territoire colonial deviendra la République de Haute-Volta et proclamera son indépendance le 5 août 1960 avec pour premier président, Maurice YAMEOGO.

Depuis lors, la traversée ne fut pas tranquille comme dans le meilleur des mondes tant l’adversité sur tous les plans ne fut pas mollasse. Si au plan sociopolitique le pays a connu beaucoup de soubresauts, la nature, comme pour éprouver ses habitants que le colonisateur lui-même qualifiait de courageux et travailleurs, s’est aussi mise de la partie et de grandes sécheresses dont celle mémorable de 1973 sont venues réduire à leur plus simple expression des efforts reconnus par tous. C’était sans compter avec la formidable capacité d’« encaissement », mais surtout de réaction de ce peuple qui clame que « découragement n’est pas Burkinabè ! »
Ainsi donc, malgré tout, le Burkina avance. Il a fait mentir les spécialistes sceptiques qui avaient décrété la non-viabilité du pays du fait de son indigence au plan ressources pour soutenir une économie. Aujourd’hui, le Burkina n’a pas à rougir de sa place dans le concert des nations. Bien au contraire, ayant su valoriser ses potentialités qui résident surtout en le travail et le génie de ses hommes, le pays est envié de certains qui croulent sous le poids de leurs richesses. Il est aussi régulièrement donné en exemple et continue de marquer des points malgré un environnement de plus en plus difficile.

Conscients que la pérennité des acquis et le développement résident dans le travail permanent, les Burkinabè ne reculent pas devant l’effort. Et chaque année, la célébration de la fête de l’Indépendance est là comme pour fouetter les esprits et les orgueils afin de pousser plus à l’action constructive de la nation. D’où des thèmes pensés en fonction des préoccupations majeures du moment et des régions qui accueillent les festivités. La crise alimentaire née de celle financière qui a secoué le pays en 2007 ne pouvait qu’inciter à revoir certaines pratiques dans le monde de l’agriculture. Ainsi fallait-il un thème bien à propos sur lequel Ouahigouya, qui accueille l’événement, appellerait à réfléchir et à travailler à mettre en œuvre : « Intensification des productions agricoles de saison sèche ». Pouvait-on trouver meilleur thème cette année que de réfléchir sur l’utilisation de la saison sèche, qui dans cette région dure 9 mois sur 12 ?

Ne dit-on pas qu’un homme qui a faim n’est pas un homme libre ? Rapportée à l’échelle d’une nation, la faim hypothèque le développement et compromet son indépendance obligée qu’elle sera à des compromis pas à son avantage voire des compromissions pour retarder l’éventuelle explosion sociale. C’est pourquoi l’appel de la « cité de Naba Kango » est à prendre comme cette volonté d’émancipation qui a guidé les Burkinabè de la période coloniale pour que survienne le 5 août 1960. L’autosuffisance alimentaire, quête permanente, passe, pour un pays sahélien comme le Burkina, par la maîtrise du peu d’eau dont il dispose. Ce qui permettra aux paysans et autres exploitants agricoles de travailler toute l’année et de maximaliser les productions. La saison sèche qui est longue et impose généralement l’oisiveté chez les agriculteurs ne devra plus être qu’un mauvais souvenir et, à Ouahigouya, ce 11 décembre 2009, on sonnera l’hallali pour cela.o

Fatogoma DOUSSE

L’Opinion

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