L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
Les musulmans du Burkina Faso ont commémoré la Tabaski le vendredi 27 novembre 2009. Dans la capitale, c’est la place de la Nation qui a servi de cadre à la grande prière dirigée par l’imam de la grande mosquée de Ouagadougou, Aboubacar Sana. Pour la première fois, sauf erreur, les fidèles musulmans avaient à leurs côtés l’archevêque de Ouagadougou, Mgr Philippe Ouédraogo.
Cultiver la paix, l’entente et la solidarité entre les frères en islam, c’est sous ce signe qu’a été commémoré l’Aid El kébir ou Tabaski, le vendredi 27 novembre 2009, par la communauté musulmane du Burkina Faso. Cette fête du sacrifice du mouton célébrée chaque année au 10e jour du mois lunaire du calendrier musulman est un souvenir de l’acte d’Abraham. En effet, ce dernier, pour exprimer sa soumission à Dieu, s’est plié à sa volonté par le sacrifice de son unique fils Ismaël.
En vue de se conformer à cette recommandation divine, le musulman célèbre la Tabaski à travers le sacrifice d’un mouton pour marquer sa dévotion à Dieu. A Ouagadougou, la grande prière, qui s’est déroulée sur la place de la Nation, a été officiée par l’imam de la grande mosquée de Ouagadougou, Aboubacar Sana. Dès 8h, les lieux étaient bondés de fidèles parmi lesquels on pouvait noter la présence de quelques membres du gouvernement, à savoir les ministres Yéro Boly, Seydou Bouda, Emile Ouédraogo et le Grand chancelier des Ordres burkinabè, Mamadou Djerma.
Moment de joie, de congratulations, mais aussi de recueillement en ce vendredi saint. Après la prière, place au prêche. Occasion pour Aboubacar Sana de rappeler les prescriptions divines en ce jour béni. Il a dit des bénédictions aussi bien à l’endroit des fidèles musulmans qu’à celui des autres communautés. Son intervention a également porté sur la stabilité et la cohésion, qui sont à mettre à l’actif du président du Faso. « C’est une grâce de Dieu pour nous d’avoir un président qui cherche à apporter la paix entre les différentes communautés religieuses », a-t-il dit avant de procéder à l’immolation du bélier.
Comme chaque année, nombreux étaient encore les fidèles qui n’ont pas pu s’acheter un mouton, en raison du renchérissement de la vie. Le sacrifice de cet animal, du point de vue de la jurisprudence islamique, recommande à tout musulman majeur qui en a les moyens d’immoler une bête selon les prescriptions du Coran, de préférence un bélier. A défaut, dans l’ordre de la hiérarchie définie par l’islam, on peut immoler une brebis, une chèvre, un bœuf, un chameau ou même un coq…ne souffrant d’aucune infirmité. Le fait majeur de cette Tabaski, c’est la présence de l’archevêque de Ouagadougou, Monseigneur Philippe Ouédraogo, aux côtés des fidèles musulmans.
Même s’il n’a pas fait de génuflexions comme eux, sa présence aura marqué plus d’un mahométan à la place de la Nation. Après la prière, il est allé exprimer la parfaite harmonie qui existe entre les deux communautés religieuses du Burkina en distribuant des poignées de main aux fidèles musulmans. En tout cas, nombreux étaient les mahométans qui, tout émus par la présence de Mgr Philippe Ouédraogo, se bousculaient pour lui serrer la main. Preuve que son déplacement a fait son effet.
Pour le 1er vice-président de la communauté musulmane du Burkina, El hadj Adama Sakandé, c’est un geste symbolique plein de sens et qui renforce la cohésion entre les religions. « Inch Allah, nous allons lui rendre la monnaie à l’occasion des fêtes chrétiennes à venir », a-t-il lancé tout ému.
Quant à l’archevêque de Ouagadougou, « les musulmans comme les chrétiens sont tous des croyants » et c’est le même et unique Dieu pour toutes les deux communautés religieuses. Il était donc normal qu’il fasse le déplacement à la place de la Nation pour saluer, au nom de la communauté catholique, leurs « frères et amis musulmans et leur souhaiter la bonne fête ». Selon lui, les musulmans commémorent le sacrifice du fils d’Abraham. Les chrétiens connaissent également le même sacrifice.
Les musulmans prient pour Ismaël et les chrétiens pour Isaac mais c’est le même Abraham, a-t-il dit. Son vœu est que tous les croyants aient la même fidélité par rapport à leur seigneur comme Abraham, qu’ils puissent « bénir Dieu et s’aimer les uns les autres » et qu’ensemble, ils se donnent la main pour construire un monde plus digne de Dieu et au service des hommes .
Hamidou Ouédraogo
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 30 novembre 2009 à 08:20, par Viima En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
Salut,
Voila un geste fort de coexistence pacifique. Je salue cette volonté de Monseigneur Philippe de prendre part a cette priere et dans le meme temps témoigner mes vives salutations aux freres musulmans pour avoir toujours conservé l’esprit d’ouverture.
Merci
2. Le 30 novembre 2009 à 10:50, par eve En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
bonjour !
que la paix soit avec tous ! ceci est un véritable signe de l’amour de Dieu et du prochain. L’amour de Dieu et du prochain ne consiste pas seulement en parole ! mais en acte et en vérité. Que Dieu nous aide tous afin que l’adoration a Dieu ne consiste pas à un mot ( musulmand, catholique, protestant....) mais en acte et en vérité. En signe. Signe qui puisse faire changer le visage de la terre, où règnera paix, justice, sérénité, vérité et tout ce qui est juste.
Merci
3. Le 30 novembre 2009 à 11:16, par SAVANT En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
C’est un vrais exemple pour la génération présente et aussi pour la génération future de voir nos parents unis quel qu’en soit leurs religions par ce que nous devions s’avoir que,avant d’être musulman ou chrétien nous somme d’abord Africains et Burkinabé avant tous.Merci a ceux qui font tous pour nous transmettre ces valeurs sûres que l’Afrique possède depuis sa création.
4. Le 30 novembre 2009 à 11:26, par Yadega En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
Très bel article, Mr Ouedraogo !
Je suis très fier ce de Burkina qui prouve au monde entier que le " Vivre ensemble " peut vraiment exister !
Restons tout de même vigilants en défendant la laïcité qui pour moi reste une valeur essentielle de notre modèle de société.
Vive les Burkinabè croyants ou non croyants, pratiquants ou non !
Yadega
5. Le 30 novembre 2009 à 13:03, par Sid Mètta En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
Félicitations à Mgr Philippe OUEDRAOGO pour ce geste plein de signification. C’est en cela qu’on reconnaît les grands hommes. osons croire que c’est bien parti pour le Dialogue des Religions.Il faut un début à tout, et Monseigneur vient de faire le premier pas. Seul détail dont il faut tenir compte, on entre dans les mosquées sans chaussures et on entre dans les églises sans bonnets.
6. Le 30 novembre 2009 à 13:18, par Jeune Burkinabè Indigné En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
C’est ce qui fait bon vivre au Faso, malgré la pauvreté. Puisse Dieu nous aider à toujours consilider nos relations pour une société harmonieuse quelques soient nos divergeances réligieuses. Je crois que cet article devrait être traduit en anglais afin que nos frères et soeurs de pays anglophones, notamment du Nigéria puisse comprendre ce bel example de cohabitation entre religions.
7. Le 30 novembre 2009 à 17:45, par Le VOLTAIQUE En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
C’est en Voltaique que Mgr Philippe Ouedraogo a agi.
A Vous Burkinabe de comprendre le message de "mon pere" et changer de comportement vis a vis de vos semblables.Nous(Voltaiques) continuerons a vous donner des lecons de Civisme, de savoir-vivre.
Que Le Tout Puissant assiste mon Faso.
AAAMMIIINN ou AMEN
8. Le 30 novembre 2009 à 21:38, par mytibkèta En réponse à : L’Aid El kébir : Mgr Philippe Ouédraogo en communion avec les musulmans
J’apprécie à sa juste valeur le signe que Monseigneur Philippe Ouédraogo vient d’apporter à la communauté musulmane qui dans son ensemble a des comportements qui souvent laissent perplexe plus d’un fidèle musulman. Je ne pense pas que c’est rendre service au président que de lui attribuer la paternité de la paix au burkina. Je crois en ce jour béni qu’il eut été intéressant que ce genre de reflexion porte sur un trait de caractère du peuple burkinabe dans sa globalité, qui en dépit du mal-vivre qu’il connait fait de la patience et la tolérence son comportement de tous les jours nonobstant ceux qui le gèrent et qui est gage d’une paix . Maintenant les premiers responsables musulmans doivent se dire que bien de personnes ont adhéré à l’idéal prôné par le coran et pratique l’islam sans tenir compte d’eux car souvent vendeurs d’illusions et aussi attachés aux biens matériels que leur accointence avec et le pouvoir et les plus nantis procurent et qu’ils défendent becs et ongles dehors. Aller vers les autres comme l’a fait Monseigneur est un signe d’humilité et de tolérance. Que dieu fasse que les responsables musulmans s’en inspirent même si c’est sur le tard.