Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
L’Unité d’action syndicale a choisi désormais de s’adresser au gouvernement par des lettres ouvertes prenant l’opinion à témoin. Cette décision, selon l’UAS, est née du fait que le gouvernement ne répondrait pas à ses correspondances qui l’interpellent sur un certain nombre de préoccupations.
C’est donc par lettre ouverte en date du 7 mai 2024 et adressée au Premier ministre, que l’UAS déclare avoir constaté une “rupture de fait du dialogue social”. Pour preuve, elle évoque la non tenue depuis 2022 du dialogue gouvernement-syndicat.
À en croire l’UAS, le licenciement du Secrétaire général de la CGT-B et les péripéties qui ont entouré la commémoration de la fête du travail le 1er mai montrent la volonté du gouvernement de “bâillonner le mouvement syndical”.
Elle souligne qu’en même temps que la marche des syndicats est interdite, des manifestations d’organisations qui soutiennent le pouvoir en place se tiennent et sont même encadrées par les forces de l’ordre. Du deux poids deux mesures que les syndicats dénoncent.
“Comme nous le dénonçons régulièrement, votre gouvernement affiche, depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques dont l’UAS”, peut-on lire dans la lettre adressée au Premier ministre.
Pour l’UAS, “la crise sécuritaire ne saurait justifier que les libertés individuelles et collectives soient prises en otage et que les droits n’existent que pour ceux et celles qui soutiennent le régime”. C’est pourquoi, elle interpelle une fois de plus le gouvernement sur la nécessité de respecter et de faire respecter les lois, ainsi que les décisions de justice.
Ci-dessous l’entièreté de la lettre ouverte adressée au Premier ministre.
Lefaso.net
Excellence Monsieur le Premier ministre,
L’Unité d’Action Syndicale (UAS) fait le constat d’une rupture de fait du dialogue social. Pour preuve, il y a la non tenue de la rencontre Gouvernement/Syndicats depuis 2022 et le choix opéré par le gouvernement de ne pas répondre à nos correspondances notamment celles qui l’interpellent sur un certain nombre de préoccupations.
Face au choix du gouvernement de ne pas répondre à nos correspondances, l’UAS a décidé de lui adresser désormais des lettres ouvertes qui présentent l’avantage de prendre l’opinion à témoin sur ce que nous entreprenons en direction de l’exécutif.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
La répression engagée par le gouvernement contre le Secrétaire général confédéral de la CGT-B et les péripéties autour de la commémoration du 1er mai 2024 illustrent la volonté du gouvernement de bâillonner le mouvement syndical.
Pour la commémoration du 1er mai de cette année, l’UAS a rempli les formalités relatives à l’organisation de la marche-meeting et de la remise d’une plate-forme revendicative. Nous avions même reçu de notre ministre de tutelle une correspondance annonçant que le gouvernement nous attendait le 1er mai à 9H à l’immeuble de la Réforme. Mais c’est la veille dans la nuit, que par appel téléphonique, Monsieur Mohamed SAVADOGO, Directeur de cabinet du ministre en charge de la fonction publique et du travail a informé le président de mois de l’UAS qu’en principe, le Président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, M. Maurice KONATE, devait nous notifier l’interdiction de la marche et que par conséquent une délégation gouvernementale se proposait de venir à la Bourse du Travail pour réceptionner la plate-forme revendicative. Effectivement, la même nuit, la délégation spéciale a appelé un membre du comité d’organisation pour l’informer qu’elle avait une lettre destinée à l’UAS. Cette lettre est arrivée à la Bourse du travail le mercredi 1er mai, jour du meeting. Comme on peut le constater, la réaction des différentes autorités manquent de cohérence et traduisent une machination contre l’UAS.
L’UAS note, au regard de ces éléments, que visiblement la décision d’interdire la marche a été prise en dehors de la délégation spéciale. Elle a sursis à la marche par esprit de maturité et parce que celle-ci était destinée à transmettre une plate-forme revendicative à une autorité qui ne serait pas présente.
Sur les motifs avancés par le PDS, nous faisons les observations suivantes :
le communiqué N°3 du MPSR2 (qui du reste est en violation de la Constitution) ne peut être évoqué puisque le 1er mai 2023, l’UAS a organisé une marche-meeting après en avoir informé la même délégation spéciale. Et vous étiez à la tête de la délégation gouvernementale qui a réceptionné la plate-forme revendicative ; et pour les organisations qui soutiennent le pouvoir, c’est comme si ce communiqué n’existait pas puisqu’elles organisent régulièrement des manifestations publiques, occupent l’espace public sans aucune restriction de la délégation spéciale ;
le motif de la situation sécuritaire non plus n’est pas recevable puisque d’autres organisations, notamment celles qui soutiennent le pouvoir, organisent dans le même contexte des manifestations publiques ; du reste, la lettre d’information vise à permettre à l’autorité de prendre les dispositions utiles en cas de besoin pour protéger la manifestation et assurer la sécurité publique. Par ailleurs, pendant que la marche du 1er mai était interdite à Ouagadougou, la Semaine nationale de la culture (SNC) battait son plein à Bobo-Dioulasso en drainant des milliers de participants. A Ouagadougou, des organisations soutenant le régime de la transition ont, en un laps de temps, organisé un défilé de motos et un sit-in devant l’ambassade des Etats-Unis avec un encadrement rapproché des forces de sécurité.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Comme nous le dénonçons régulièrement, votre gouvernement affiche, depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques dont l’UAS. Nous estimons qu’il faut donner un sens au rétablissement de la constitution et au serment prêté par le Président de la transition de respecter et de faire respecter la loi fondamentale. La crise sécuritaire ne saurait justifier que les libertés individuelles et collectives soient prises en otage et que les droits n’existent que pour ceux et celles qui soutiennent le régime. Le refus de toute critique et la répression systématique de ceux et celles qui émettent des avis critiques sur la gouvernance ne peuvent que conduire au règne de l’arbitraire, des règlements de compte et la destruction du vivre-ensemble. La communauté existe et se renforce parce qu’il y a une loi qui s’applique à tous et qui protège tous les citoyens contre les abus, y compris ceux qui peuvent venir des détenteurs du pouvoir d’Etat.
L’UAS vous interpelle encore une fois sur la nécessité pour votre gouvernement de respecter et de faire respecter les lois, ainsi que les décisions de justice
Excellence Monsieur le Premier ministre,
L’UAS tient à protester vigoureusement contre les faits suivants :
le silence du gouvernement suite aux différentes correspondances que lui adresse l’UAS ;
la grave interdiction de la marche du 1er mai 2024, une interdiction dont le gouvernement est visiblement l’initiateur ;
les violations répétées des libertés démocratiques et syndicales ;
les discriminations opérées dans le traitement des organisations concernant les manifestations sur la voie publique.
Vous souhaitant une bonne réception de la présente, l’UAS vous assure de sa détermination à défendre les libertés démocratiques et syndicales et les intérêts matériels et moraux des travailleurs.
Pour les secrétaires généraux, ont signé :
Vos commentaires
1. Le 8 mai à 16:44, par Ik’hma En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
On n’a arrivera à rien sans le droit et la justice.
Beaucoup hélas tombé dans l’erreur d’accuser le droit et la démocratie et allant jusqu’à tout jusfier par les contexte exceptionnel qui nous assaille. Or, le droit a toujours pris en compte et anticiper de telle situation.
Restriction, oui, mais elle doit s’imposer à tous se trouvant dans la même situation et notre être sélective.
En ce qui concerne cette sortie de l’UAS, même si elle revêt la maturité intellectuelle qui l’habite, force est de constater qu’elle manque de courage, l’UAS aurait mentionner expressément dans sa déclaration qu’elle se réserve tous les moyens légaux pour préserver ses acquis et en conquérir d’autres.
La peur habite tout le monde.
Pour ce qui est de l’exécutif, c’est à se demander si la priorité est réellement la reconquête du territoire.
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2. Le 8 mai à 16:47, par Citoyen ordinaire En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
Merci à le Faso.net mais je m’attendais à ce que l’intégralité de la lettre soit publiée ! Cette fameuse UAS n’a peut être rien compris pour le moment. Une partie du peuple fait partie de ce gouvernement et n’a pas forcément peur de la France-Afrique et de ses valets locaux ! Alors, ils peuvent continuer de rêver de réaliser l’exploit du 15 Octobre 1987 mais c’est le Terrain qui dira qui a mal apprécié !
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3. Le 8 mai à 16:49, par Ik’hma En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
Qu’espérer d’un premier qui jette l’anathème sur les droits de l’homme plutôt que de nuancer ces droits qui ont vocation à être universelle et l’instrumentalisation qu’en fait les états du nord dans leurs relations avec ceux du sud.
Autant supprimer tous ces instruments ratifiés qui les consacrent, la constitution elle même, supprimer certaine structures étatiques institués pour lesdits droits, telles la commission des droits de.l’homme et même dans les modules d’enseignement surtout dans l’armée
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4. Le 8 mai à 19:32, par Sacksida En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
De toute facon, l’on peut se demander si Ibrahim Traore et son regime MPSR 2, ont compris que dans les Luttes Multiformes Actuelles, c’est alliance nationale Burkinabe et Africains qui pourraient venir a bout du Phenomene Terroriste. Quand l’on pense que seuls les Inconditionnels du Regime Transitoire Actuelle ont sur toutes choses en excluant des opinions publiques contradictions, l’on s’eloigne des solutions adequates Endogenes a nos problemes. Toutefois, les Citoyens Burkinabe Honnetes et Integres doivent etre traiter sur le meme pieds d’egalites ; au cas contraire l’on cree d’autres problemes comme la Guerre Civile et superposee a celle contre le Terrorisme. Salut
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5. Le 9 mai à 18:43, par adidiam En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
Bonjour tous !
Déclaration fort à propos sans aucun doute !
Une Maturité politique aussi à saluer !
En effet pour décalquer les propos de quelqu’un "Pas un pas sans les travailleurs" ; autrement dit il faut dépasser progressivement la passivité politique prégnante dans notre pays qui n’épargne pas les travailleurs syndiqués et pour cause !
Alors, il nous fait imaginer une voie plus adaptée à ce contexte. Pour ma part, il y a lieu de considérer l’approche que l’on peut considérer et soutenir à travers le lien : Change.org-Sortir du régime militaire
Que la sagesse éclaire le régime militaire.
Bon courage à nous !
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6. Le 10 mai à 07:11, par Amors En réponse à : Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain temps, une volonté manifeste de bâillonner les organisations démocratiques (.....)”, l’UAS au Premier ministre
"Mais c’est la veille dans la nuit, que par appel téléphonique, Monsieur Mohamed SAVADOGO, Directeur de cabinet du ministre en charge de la fonction publique et du travail a informé le président de mois de l’UAS qu’en principe, le Président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, M. Maurice KONATE, devait nous notifier l’interdiction de la marche"
Le président de la délégation spéciale est bien obligé d’exécuter les ordres provenant d’un gouvernement qui semble prendre les représentants de la classe ouvrière pour des valets de l’impérialisme !
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