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FORTES PRECIPITATIONS AU SAHEL : Les prévisions météorologiques du CILSS dans l’eau

Publié le mercredi 16 septembre 2009 à 04h04min

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A l’orée de la saison hivernale, les experts, météorologues ou climatologues du Comité inter-états de lutte contre la sécheresse au sahel (CILSS), avaient fait des prévisions météorologiques qui n’avaient pas laissé bon nombre de producteurs indifférents. Pour l’essentiel, les experts avaient prédit que les pluies ne seraient pas abondantes cette saison hivernale. Pour ce faire, les paysans de la bande sahélo-saharienne avaient plutôt intérêt à cultiver dans les bas-fonds ou à utiliser les semences précoces pour assurer un minimum de récolte.

Nombreux sont ceux qui avaient compris dans ces affirmations qu’il ne pleuvrait pas suffisamment cette année. Certains paysans ont alors décidé de ne pas entreprendre des travaux champêtres car à quoi cela leur servirait de s’échiner si au terme du labeur, ils n’étaient pas certains que leurs efforts leur permettent d’engranger des épis de mil, de maïs, des sacs d’arachides, de haricots, etc. D’autres populations avaient néanmoins fustigé ces propos, les qualifiant d’inopportuns. Pour elles, de tels arguments ne devraient pas être avancés. Pour celles d’entre elles qui étaient croyantes, ’’Les précipitations appartiennent à Dieu. Seul le Tout-Puissant est en mesure de dire s’il pleuvra beaucoup ou non’’, disaient-elles.

La suite de l’histoire est aujourd’hui connue. D’Abidjan à Dakar, de Bamako à Niamey en passant par Ouagadougou, les quantités d’eau recueillies en l’espace de quelques heures ont battu, par endroits, des records vieux d’un siècle. Dans la capitale burkinabè, plus de 300mm d’eau sont tombés du ciel en moins de 24 heures. Du jamais vu depuis 1919, disent les spécialistes. De nombreuses villes des pays de la bande sahélo-saharienne, où, d’après les prévisions du CILSS les pluies devaient manquer, se sont retrouvées avec parfois un ou deux mètres d’eau dans les rues et les chambres des habitants. Les conséquences de ces fortes précipitations, auxquelles les populations n’étaient pas préparées, ont été catastrophiques. Chaque pays a publié son bilan. Au Burkina, il n’est pas encore définitif. Néanmoins, les inondations ont causé la mort de 8 personnes et ont jeté dans la rue plus de 150 000 personnes devenues des sans- abris, leurs habitations ayant été détruites. Nombreux sont les biens publics et privés qui, à jamais, ont été perdus. Des édifices publics, des routes, des ponts, des archives ont également été détruits. Les dégâts sont estimés en milliards de francs CFA. Ces catastrophes auraient-elles pu être évitées ou les conséquences minimisées si les prévisions avaient été autres que celles communiquées ? On peut penser que des mesures préventives, par prudence, auraient pu être prises, ce qui à coup sûr allait modifier les bilans actuels. Il n’ y a pas de responsabilité à situer ou des accusations à formuler à qui que ce soit. On peut cependant dire que les prévisions météorologiques n’ont pas été très fiables et qu’elles sont même tombées à l’eau. La faute bien sûr à ces changements climatiques. Pouvait-il en être autrement dès lors que ces changements climatiques modifient les saisons, ’’déplacent même les mois’’ aux dires de certains, rendant parfois les prévisions météorologiques hasardeuses sous nos cieux.

Les vrais responsables de ces déluges qui ont donné à assister à des spectacles insupportables, ici comme ailleurs en Chine, en Turquie, en Inde et dans d’autres pays où les dégâts ont été beaucoup plus importants que ceux constatés en Afrique subsaharienne, sont à rechercher parmi les politiques de dévelopement et du côté des pays industrialisés. Ce n’est pas nouveau, depuis de nombreuses années en effet, les pays insdustrialisés sont reprochés de détruire le cadre de vie humain, vu la manière dont ils exploitent les ressources naturelles et polluent l’environnement. Ceux-ci ne semblent pas s’accorder sur les mesures à prendre lors des sommets mondiaux sur l’environnement et le climat pour protéger la planète terre. Chacun y va de ses solutions. Les inondations, les sécheresses et les feux de brousse sont parfois les suites malheureuses des actions des hommes qui ont tendance à se faire hara-kiri. Rien d’étonnant que dans de pareilles crconstances, les prévisions météo ne soient pas fiables et surtout prises au sérieux dans nos pays où on n’écoute pas, de façon générale, les informations relatives au temps qu’il fera demain.

Pour l’heure, les experts du CILSS ne sont pas encore montés au créneau, de nouveau, pour donner des explications a posteriori. On peut bien comprendre leur malaise et l’état d’esprit dans lequel ils sont actuellement. On peut être certain cependant que s’ils avaient vu juste dans leurs prévisions, leur attitude aurait été bien différente. En tout état de cause, il est à peu près certain à présent que les bulletins météorologiques qu’ils soient faux ou vrais, ne seront plus considérés à la légère comme cela a été le cas jusque-là. Il est à parier que les habitudes en la matière vont changer sous nos tropiques et que, avant de sortir de chez soi, avant de dormir ou d’entreprendre un voyage, on prenne le soin de se renseigner sur la météo et les dispositions à prendre. Les prévisionnistes gagneraient aussi à ne pas mener les populations en bâteau et à éviter de faire des annonces qui prendraient l’eau de toutes parts. Il faut aussi espérer qu’à présent les bulletins météorologiques soient considérés sous un autre angle par les organes d’information de masse comme la radio ou la télévision et qu’il leur soit réservé des places de choix dans leurs programmes.

Il n’est pas exclu que, finalement, ces inondations soient la résultante d’un phénomène exceptionnel qui a fait s’abattre sur le Sahel plus d’eau que de coutume. Il n’en sera peut-être pas ainsi tous les ans. Le Sahel sera toujours ce qu’il a été : peu arrosé avec des vents secs et de la poussière. Cette présivion attend d’être confirmée ou infirmée, en dernier ressort, par le ciel.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2009 à 11:36, par traoré sayouba En réponse à : FORTES PRECIPITATIONS AU SAHEL : Les prévisions météorologiques du CILSS dans l’eau

    Dans le N°4452 du mercredi 16 septembre 2009 du journal Le Pays, ce titre a retenu mon attention : FORTES PRECIPITATIONS AU SAHEL : Les prévisions météorologiques du CILSS dans l’eau. J’ai été voir le contenu de l’article et j’ai consulté le document du CILSS « présao 2009 »

    En Page 2 dudit document il est mentionné
    « Sur la zone II, qui correspond au Sahel Central et incluant l’Est du Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Nord des pays du Golfe de Guinée, la probabilité des pluies proches de la normale (p=40) avec une tendance à une probabilité au dessous de la normale (p=35) est prévue. »
    J’ai du mal à comprendre comment une « probabilité des pluies proches de la normale, avec une tendance à une probabilité au dessous de la normale » peut être compris ou expliqué comme des prévisions catastrophiques.

    En Page 3 on peut lire également sous la rubrique Impacts probables
    « Au cas où cette prévision se réaliserait avec une bonne répartition temporelle des pluies, les productions agricoles et pastorales pourront être équivalentes à la moyenne dans les pays du CILSS. Toutefois, le risque d’avoir des productions inférieures à la moyenne est élevé dans la zone du Sahel Occidental (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, et régions de Kayes, Koulikoro et Ségou au Mali), en particulier si la répartition temporelle des pluies est mauvaise.
    Des précipitions exceptionnelles pouvant provoquer des inondations peuvent être également enregistrées, mais avec une probabilité d’occurrence beaucoup plus faible qu’en 2008. »

    Vous avez bien lu : des précipitations exceptionnelles pouvant provoquer des inondations. » Mais il y a plus. S’il ne faut tomber dans un profond pessimisme, il importe de faire attention. J’ai fait un séjour au pays fin juin début juillet. J’ai visité le Centre, le Nord, le Sénou. Partout les gens étaient inquiets. Je suis rentré de nouveau en août au pays. Lors de ce séjour, j’ai fait Gaoua, Banfora, la région de Orodara, Bobo-Dioulasso et la région du Nord. Jusqu’à ces pluies catastrophiques du 1er septembre, l’inquiétude persistait.

    Au regard de tout ceci, je m’interroge : d’où vient-il qu’un phénomène exceptionnel puisse servir de norme ou invalider une norme ? De plus, que sait-on de la suite de la saison ?
    Dernière précision : je réagis ici en mon nom personnel, avec pour seule qualité d’être un fidèle lecteur de votre publication.
    Sayouba Traoré

  • Le 16 septembre 2009 à 17:31 En réponse à : FORTES PRECIPITATIONS AU SAHEL : Les prévisions météorologiques du CILSS dans l’eau

    Sayouba ; mon parent tu es vraiment un digne fils de TRAORE ; S’il le Faso avait au moins 5 personnes comme toi, vraiment le Burkina allait avancer. Tu es un homme très intélligent et lucide avec des analyses pertinentes. Les gens de la méteo parlent souvent au hasard. J’ai pas dis que les prévisions méteorologique sont fausses mais il faut reconnaître que les gars interprète souvent très mal les choses. Même moi j’avais la peur au ventre pour leur prévisions qui a qualifié de cette saison défectueuse.

    Merci mon parents je pense qu’ils vont prendre note.

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