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Vie conjugale : Que de souvenirs après 32 ans de vie commune

Publié le mardi 4 août 2009 à 02h03min

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Rock Audacien D. DAMIBA, Conseiller conjugal

17 juillet 1977-17 juillet 2009. 32 ans, ce n’est pas 32 mois et encore moins 32 jours. C’est beaucoup, mais peut être peu pour certains. En ce samedi du 17 juillet 1977, cette jeune fille, aujourd’hui mon épouse et moi avons décidé de lier nos vies, nos forces et nos faiblesses, nos joies et nos peines et cela, pour toujours. 32 ans de communion et de communication. Parlons-en !

Je me souviens, comme si c’était hier, comment cette jeune fille en toute innocence et ce jeune homme avec toute sa naïveté, ont répondu l’un après l’autre devant l’autorité religieuse (la légalisation a eu lieu

bien après) oui à la question de savoir s’ils proclamaient devant tous s’être choisis pour le meilleur et pour le pire. Je tremble quand j’y pense encore aujourd’hui. Quelle terrible décision ! Faire de deux une seule et même personne ! Mais au fait, qu’est-ce qui a dicté notre décision ?
Argent ou matériel ?
Etudiant dans une école professionnelle, de l’argent je n’en possédais pas. Du matériel non plus. Tout ce que j’avais promis à cette jeune fille qui n’était pas non plus fortunée, c’était mon amour pour elle, lequel amour ferait de nous les bâtisseurs de notre propre réussite. J’ai promis de l’aimer pour qu’ensemble nous décidions de ce que nous allions devenir, de ce que nous voulions pour demain. Elle et moi n’avions comme argument de cette décision que notre foi en l’amour, cet amour qui rejette tout fatalisme et qui fait des projections lumineuses sur l’avenir avec tous les défis au fil du temps.

Nous savions en effet que rien ne nous sera donné, mais qu’il nous revenait de lutter, de nous battre pour avoir notre place dans ce monde fait d’égoïsme, de rivalité, de contrariété et de coups bas. Très tôt, nous avons su que nous nous sommes unis pour l’effort.
Depuis ce 17 juillet 1977, nous savions que rien ne nous sera donné et même pire que cela, certains tenteront de nous enlever nos biens, de nous dépouiller de notre réputation, de faire fléchir notre courage et d’anéantir nos efforts.

Jetant un regard rétrospectif, honnêteté intellectuelle oblige, il me faut relever ici et maintenant, les sacrifices consentis par mon épouse. Elle a choisi d’épouser un jeune homme qui n’avait rien à lui offrir. Elle a fait violence sur elle-même, car des prétendants bien "fortunés" tapaient à sa porte. Son sacrifice, c’est aussi choisir un jeune homme sans grande expérience de la vie, mais c’est surtout ce qu’elle a pu vivre depuis que nous sommes ensemble. J’avoue que je ne suis pas du tout facile. Et puis, son sacrifice, c’est aussi d’accepter de vivre avec le minimum et de vivre des situations jusque-là inconnues d’elle.

Aller chercher de l’eau au puits, elle qui avait l’eau courante à portée de main dans la cour, aller chercher du bois en brousse pour la cuisine, elle pour qui on en commandait etc. Vivre dans un autre cadre, avec d’autres conditions. Moi je suis né et j’ai grandi au village, elle a découvert le village seulement après notre mariage. Et que dire alors de tous ces autres manquements de ma part, dus à une certaine immaturité et manque d’expérience. Avec elle, j’ai tout appris. Elle a été le cobaye pour ma formation dans la vie en général et particulièrement, dans ma vie conjugale. Je lui dois tout et certainement j’aurai beaucoup à lui devoir.
Après 32 ans de vie commune et en cet anniversaire, j’ai osé lui demander comment a-t-elle pu vivre et supporter quelqu’un comme moi. Elle m’a répondu sans hésiter : "C’est parce que je ne me suis pas tromper dans mon choix. Je savais, sans le moindre doute, que c’était toi, mon époux.

Je t’ai accepté sans aucune pression. Je savais que tu n’avais rien, mais que tu m’aimais, et cela me suffisait".
Après 32 ans de vie commune, ma conviction est également faite que je ne me suis pas trompé en la choisissant comme épouse. Je me refuse de penser que j’aurais pu prendre une autre. Si cela avait été le cas, je me demande ce que je serai devenu. Je refuse et je rejette cette hypothèse. C’est elle, rien qu’elle et toujours elle. Je peux partir, mais je reviendrai, car je ne retrouverai pas mieux ailleurs. Elle ne me donne pas tout, mais avec elle, j’ai ce qu’il faut. Et ce n’est pas rien. C’est même tout.

Elle n’est pas la plus belle, la plus gentille, mais elle est ma plus belle et ma plus gentille. Elle a fait de moi ce que je suis, alors qu’elle aurait eu raison de me rejeter, de me renier à cause de mes manquements, de mes faiblesses, de mes cris, de mes folies. Mais non, elle est restée, elle est là parce qu’elle m’a choisi comme époux. Et c’est tout dire.
Avec elle, j’ai appris et j’ai compris que l’amour est la seule force qui tient et maintient le couple dans une solidarité et une indissolubilité à nul autre pareil.
Si après ces 32 ans, nous devons faire un bilan, nous dirons simplement que notre union conjugale est une héroïne, car elle a traversées le temps, a vaincu les incompréhensions, les humeurs, les cris et le silence, les colères, mais aussi, elle a connu de nombreuses victoires sur la faim et la soif, le dépouillement, la misère et les attaques de l’extérieur qui ont été légion.

Ensemble, nous avons bâti, nous nous sommes bâtis. Nous avons pu garder la tête hors de l’eau, là où certains auraient été submergés par les flots de la vie. Notre vie conjugale est bien colorée. Elle a été faite et probablement le sera encore, de larmes et de joie, de sommeil et d’éveil, de repos et de fatigue, de bonne santé et de maladie.
Nous avons inauguré notre vie conjugale avec la venue au monde de notre premier fils, aujourd’hui âgé de 31 ans. Il est né avec un cœur mal formé qui nécessitait une intervention chirurgicale des plus coûteuses. J’étais alors étudiant à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. Quelle épreuve pour un couple néophyte ! Il fallait s’occuper de cet enfant qui, à deux ans pouvait à peine s’asseoir. Il nous fallait beaucoup de temps pour lui et aussi beaucoup d’argent. Nous n’en possédions pas.

Cette épisode de notre vie de couple a forgé en chacun de nous le sens de l’effort, de la patience et surtout, de l’unité d’esprit et d’âme pour notre "bien" commun. Cette épreuve, de même qu’elle nous a aguerris, nous a préparés à bien d’autres combats qui n’ont pas manqué. Nous avons alors compris que seule l’unité, la vraie, la profonde, l’intime est seule ce qui peut garantir l’indissolubilité et donc la permanence du couple, unité que seul l’AMOUR peut créer.
"Aimer d’un amour humain c’est pouvoir passer de l’amour à la haine, tandis que l’amour divin est immuable".
(Léon Tolstoï, écrivain russe).

Rock Audacien D. DAMIBA : Conseiller conjugal (Email:damibasholom@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2009 à 11:19 En réponse à : Vie conjugale : Que de souvenirs après 32 ans de vie commune

    Waouh !!! J’en ai la chair de poule tant vous décrivez à merveille le "quotidien" du couple... Et j’admire que vous ayiez l’humilité de reconnaître la part de votre épouse dans votre épanouissement... puissiez vous vivre encore 50 si belles années, et continuer d’aider les couples qui vous font appel.
    Kati...qui aura bientôt 5 ans de mariage

  • Le 4 août 2009 à 21:52, par Palingwendé En réponse à : Vie conjugale : Que de souvenirs après 32 ans de vie commune

    Article très émouvant. Votre humilité me touche profondément. Nul n’est parfait, mais il faut s’accepter avec nos faiblesses et surtout cultiver, maintenir le dialogue. Que le Tout-Puissant vous garde le plus longtemps ensemble, qu’Il bénisse les fruits de votre amour sur plusieurs générations. Merci pour vos conseils.

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