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Vacances ministérielles : A chacun sa champêtre chanson

Publié le lundi 3 août 2009 à 02h18min

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"Vive les vacances, vive le plein air !..." Ainsi claironnait Oger Kaboré, ce grand musicologue, dans une de ses chansons estudiantines. Il y évoquait, avec franchise, la joie qui l’animait de retrourver ses parents et ses amis après neuf mois de dur labeur scolaire. Par ailleurs, dans la perspective de gambader dans la nature reverdie, il était bien pressé de prendre le car qui le ramènerait au village. S’il ne l’a pas dit, un autre fait méritait d’être cité : la perspective de manier avec aisance, au milieu des siens, la daba dans les champs de mil, de maïs ou d’arachides.

Car, effectivement, dans les années 70, même étudiant, on n’hésitait pas à mettre la main à la pâte dès que l’on retournait en campagne pendant l’hivernage. Que dire d’ailleurs des BIB (comprenez par là les braves instituteurs de brousse) qui rivalisaient dans le domaine avec l’agriculteur professionnel ?

Mais voilà, les temps ont changé ; et avec eux est apparue l’ère des industriels agricoles, au sein desquels se recrutent... nos ministres et conseillers. Vous mettez en doute nos propos ? Nous vous en donnons donc des exemples à profusion : il en est, et ce n’est pas nous qui avons poussé les intéressés à le proclamer, qui, par Internet interposé surveillent par exemple depuis Ouaga leurs vastes terres de céréales et leurs domaines d’élevage situés à des centaines de kilomètres de la capitale. Mais ce qui gnaze, comme dirait le monsieur "Ça me dérange !" de l’Obs. Dim., c’est d’entendre tout ce beau monde de Tertius chanter à qui veut l’entendre qu’au lieu d’aller à Paname se la couler douce, la plupart iront désherber leurs champs à Falagountou, à N’Dorola, à Gorgaguy et nous en oublions. D’accord que ce n’est pas à leur honneur d’enterrer à jamais leurs origines campagnardes, en tout cas pour bon nombre d’entre eux.

Mais forcer pour se mettre dans la peau d’un "céréalculteur", c’est comme faire du cinéma, et d’un mauvais genre de surcroît. Car, de leur accabit, on en a vu et ils se recrutent à la pelle. Combien sont-ils, en effet, à travers le pays, ces vergers qui n’ont pu survivre à la déchéance de leur promoteur pour une raison ou pour une autre ? Et on comprend aisément la situation : qui mettrait des millions dans des troncs de manguiers à l’hypothétique production alors que son compte en banque dégrossit mensuellement, sans le moindre espoir d’être un jour renfoué ? Or, telle est la réalité sous nos cieux, où le ministre décagnoté est, le plus souvent, plus misérable qu’il ne l’était dans son statut d’avant-ministre !

Mais que disons-nous ? Croisons les doigts pour que ces vacanciers-agriculteurs nous démentent sur l’avenir de leurs champs, quand bien même ils ne seraient plus à la table du seigneur de Ziniaré. Ce serait là tout à leur honneur et au bonheur de leurs employés, du gardien de la propriété au contrôleur en passant par le chauffeur du tracteur grâcieusement offert !

L’Observateur Paalga

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