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Réflexion : Devoir de mémoire

Publié le lundi 30 mars 2009 à 01h50min

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« C’est sûr et certain, nous arriverons un jour au bout de notre combat. Ma propre vie n’est pas une préoccupation. Mais c’est sûr et certain, nous arriverons vers la Terre Promise » ! ... : Martin Luther King, 3 avril 1968... Ce grand homme a été assassiné le lendemain de cette déclaration, à Memphis, dans le Tennessee, aux Etats-Unis. Le reste de l’histoire est connu. Les Etasuniens ont adopté « le Martin Luther King Day », qu’ils fêtent chaque année le troisième lundi du mois de janvier, en hommage à un grand homme d’Etat que « la haine des hommes » a emporté…

Une donne qui rappelle la Bible et le Coran dans leur contenu philosophique. Il a été, en effet révélé dans le Coran et la Bible, que le pardon est un trait de moralité supérieur. C’est en cela que celui qui endure et pardonne est, en vérité, dans les bonnes dispositions divines. (Coran, 42 : 43). "Pour cette raison, les croyants sont des personnes clémentes, compatissantes et tolérantes, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui". (Coran, 3 : 134). Et la Bible, d’affirmer : "Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" (Matthieu 6:12).

En tous les cas, tout peuple dans sa quête du « vouloir vivre commun » et dans sa recherche perpétuelle de bien-être, agit, transforme, se dote de moyens à même de lui permettre de bâtir une nation solide. Cette volonté commune d’aller de l’avant est parfois entachée par des comportements excessifs, regrettables, déplorables. A l’instar des autres pays du monde, le Burkina Faso a connu tout au long des chevauchées de son histoire, des interactions pacifiques et conflictuelles des populations qui le composent. Cette cohabitation exige un regard rétrospectif pour analyser les forces et les faiblesses de cette vie communautaire. S’autoriser un moment de réflexion sur les actes posés est propre à l’espèce humaine. Cela suppose une capacité d’autocritique et de remise en cause de soi-même et des certitudes d’hier pour consolider les acquis du présent et préparer un avenir meilleur.

Ainsi, depuis 2001, le Président du Faso a donné l’exemple à travers la demande de pardon au peuple burkinabè pour des douloureuses erreurs commises par des Burkinabè, sur d’autres Burkinabè, au nom de l’Etat, depuis 1960 à cette date. Ce geste réparateur est l’expression même de la grandeur d’esprit d’un homme et de son peuple. Autrefois Journée nationale du Pardon, aujourd’hui Journée nationale du souvenir, de la promotion des droits humains et de la démocratie, cette commémoration se veut un acte de courage. Et également d’invite à une action synergique pour construire la paix et promouvoir le développement au Burkina Faso.

Au-delà de l’interprétation que chaque Burkinabè, selon sa culture politique, idéologique et religieuse, pourrait avoir de cette journée, elle demeure sans conteste une exigence de rappel à la culture permanente de la paix et de la tolérance. Femmes et hommes de paix, les Burkinabè ont adopté cette journée à contenu fortement historique. En plaçant sa célébration cette année sous le thème de la lutte contre l’exclusion, les autorités burkinabè traduisent leur grande préoccupation pour l’équité et la justice sociale. L’exclusion menace la société burkinabè avec l’effritement des valeurs de solidarité et d’entraide, notamment dans les villes. La précarité et la cherté de la vie constituent des facteurs aggravants. Cependant les efforts des autorités en charge de la solidarité nationale permettent d’espérer à un retour aux valeurs ancestrales de prise en charge des couches défavorisées et autres marginaux.

Cette célébration donne une coloration particulière à la démocratie burkinabè qui, dans son processus de consolidation, s’illustre avec courage par les efforts de transparence, de compte rendu et de responsabilité. Plus qu’un acte de souvenir, cette journée est aussi une interpellation et une dénonciation des travers de la conduite individuelle et collective de ceux qui sont investis d’autorité. Si les Burkinabè de toute condition ont le devoir de cultiver la cohabitation pacifique et le respect mutuel dans la vie de tous les jours, ceux qui constituent des exemples par leurs fonctions et par leurs titres distinctifs sont davantage invités à l’adoption de comportements inclusifs.

Les gouvernés attendent de leurs autorités des paroles et des gestes exemplaires emprunts d’humilité, de courtoisie, de respect. Cela revient à assumer avec courage notre passé, à vivre utilement notre présent en se servant des leçons du passé sans ressentiment, pour mieux envisager le futur. Il s’agit d’un devoir de mémoire, d’un phare qui éclaire et non un handicap qui trouble. Cette journée invite toutes les filles et tous les fils du Burkina Faso à regarder de l’avant, à s’unir par un acte de foi et de violence sur soi pour l’émergence de l’intérêt commun centré sur la paix et la prospérité .

Par Ibrahiman SAKANDE (Email : sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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