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Enseignement de base : "Education ne rime pas forcément avec instruction"

Publié le mardi 6 janvier 2009 à 01h28min

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L’auteur de cet écrit propose des pratiques pour améliorer la qualité de l’enseignement au Burkina Faso tout en faisant une rétrospective des faits importants qui ont marqué l’année 2008 au MEBA.

En cette fin d’année 2008 et à l’heure des bilans, je voudrais très modestement revenir sur l’organisation et la tenue de la conférence des Encadreurs pédagogiques du MEBA qui a connu une touche de taille dans sa forme.
En effet, elle est régie dorénavant par une nouvelle formule de regroupement des participants : regroupement simultané des Conseillers pédagogiques itinérants (CPI) et des Inspecteurs de l’enseignement du premier pegré (IEPD) par bassin dans les cinq Ecoles nationales des enseignants du primaire (ENEP).

Cette formule, qui a été très bien accueillie dans le bassin de Loumbila, revêt, pour ma part, trois aspects importants :
- Le premier est d’ordre économique : ce type de regroupement a le mérite de réduire les distances à parcourir par les participants, oxygénant ainsi un tant soit peu l’économie de ce département ministériel.
- Le second aspect est d’ordre professionnel : cette formule permet à des collaborateurs directs (les CPI et les IEPD) d’avoir les mêmes informations, le même entendement sur les thèmes traités.

- Le troisième aspect est d’ordre relationnel : ce mode de regroupement met fin à une longue série de critiques négatives entre CPI et IEPD.
Cette innovation organisationnelle traduit, j’ose croire, une volonté du MEBA de rompre avec un conservatisme stérile qui n’a que trop duré.
Dans le registre des motifs de satisfaction, je tiens à féliciter les organisateurs de la conférence du bassin de Loumbila qui se sont réellement investis, pour que cette première session soit à la hauteur des attentes.
Mais comme on le sait, toute œuvre humaine reste perfectible et je suis persuadé que des enseignements seront tirés pour l’organisation des futures éditions.

Pour y contribuer, il me plaît de soumettre à l’opinion mon constat lors de cette conférence pour analyse.
En effet, pendant les moments de flottement, certains participants ont pris l’initiative de créer une plage humoristique en racontant des histoires drôles pour meubler le temps.
Si pour certains cela semblait être un exercice de routine, pour d’autres les histoires étaient visiblement tirées par les cheveux.

Mais le reproche, que je formule, porte sur le niveau langagier de certains, que j’ai jugé indigne d’eux, eu égard à leur qualité d’éducateur.
Effectivement, aux cours de ces « tranches de plaisir non contrôlé », nos oreilles et nos yeux ont été témoins de propos et gestes grossiers, ou obscènes qui ont contraint certaines âmes sensibles à quitter la salle.
Quel contraste, quand on sait que pour la société nous sommes des dépositaires de bonnes mœurs.

Cela démontre une fois de plus, si besoin en était, "qu’Education » ne rime pas forcément avec « Instruction ». Il me semble impérieux de nous ressaisir et de nous imposer une autorégulation dans nos propos, faits et gestes, pour être conformes à l’éthique et à la déontologie de notre profession. En effet, il faut admettre que, nos paroles et nos gestes sont l’expression de notre personnalité et que l’on peut « amuser la galerie » sans verser dans l’inconvenance.

D’ailleurs, la leçon nous a été administrée par le directeur de l’école de Silmiougou (dans le Plateau Central) ; Instituteur de son Etat, chargé d’animer l’ouverture et la clôture de la conférence avec ses élèves.
Il a tout d’abord qualifié l’Enseignant "d’architecte du savoir" avant de prendre deux poèmes pour soutenir son propos.
Le premier poème qui était du Cours Préparatoire, illustrait le stade des balbutiements et le second poème du Cours Moyen, le stade d’une maturité intellectuelle relative. Ces deux poèmes, restitués dans les règles de l’art et tenant compte des deux niveaux de classe, n’ont laissé personne indifférent.

Voilà, pour ma part, une démarche saine à encourager surtout que la tendance est d’œuvrer à la valorisation de notre fonction. Je m’en voudrais d’ailleurs, en tant que membre de l’Union pour la Revalorisation de la Fonction Enseignante et Educative du Burkina ( UREFEB) (association qui ambitionne d’aider à la revalorisation de notre fonction), je m’en voudrais, dis-je, de boucler cet écrit sans évoquer la célébration de la journée mondiale de l’Enseignant qui, cette année encore n’a pas connu d’engouement dans le camp des Enseignants.

Néanmoins, on peut noter avec satisfaction, l’implication progressive de l’Etat par le biais des ministères de tutelle (MEBA, MESSRS).
Pour qui connaît la genèse de la célébration de cette journée au Burkina Faso, l’on devrait savoir qu’elle était seulement l’apanage des organisations syndicales de l’éducation avant de connaître un intérêt timide des deux ministères. Il me plaît surtout de relever l’élan d’appropriation de cette journée par les populations à travers leurs organisations ou leurs structures décentralisées.

A ce propos, l’acte posé par le Conseil communal de Koudougou dans le Boulkiemdé est à louer. En effet, la journée du 9 octobre 2008 a connu la célébration de l’excellence dans cette localité où des acteurs de l’éducation ont été récompensés et félicités.
Mieux, ce conseil communal s’est engagé à instituer une journée de l’excellence.

Je souhaite vivement que cet exemple soit suivi et, qui sait ? Peut-être que les premiers responsables de ce pays s’y intéresseront un jour mais, en attendant, je suggère que la célébration de la journée de l’Enseignant au niveau national soit rotative et que l’on ne priorise par le côté festif car, c’est avant tout, des moments de réflexion, de questionnement et de remise en cause pour faire évoluer positivement le système éducatif.

C’est dire que le MEBA et le MESSRS se déporteront pendant une semaine dans la région élue qui verra ses questions d’éducation passées au peigne fin ; rencontre de travail avec les Enseignants, les Encadreurs pédagogiques, les Associations des parents d’élèves et des Mères éducatrices, visite d’écoles, d’établissements secondaires, bilan, recherche de solutions possibles aux problèmes posés.
Bref, une semaine de travail ponctué d’activités récréatives. La réflexion peut être approfondie pour tirer meilleur profit de la célébration de la journée de l’Enseignant. Pour ma part, je boucle cet écrit en formulant mes vœux les meilleurs pour l’année 2009 à tous les acteurs du système éducatif.

Donatien YAMEOGO, Formateur à l’ENEP de Loumbila : Tél : 76-63-22-60/70-30-22-60

Sidwaya

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