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Lettre ouverte : De la TNB sur un bouquet satellitaire africain visible à Paris

Publié le jeudi 9 octobre 2008 à 00h50min

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Nous avons appris le matin du 1er octobre 2008 par RFI que la TNB faisait partie d’un bouquet satellitaire africain visible à Paris pour compter de cette date. J’avoue que, comme beaucoup d’autres, j’ai ressenti une certaine fierté en apprenant cette nouvelle.

M. le Directeur général,

Je me permets d’adresser mes félicitations au gouvernement burkinabè tout entier et tout particulièrement au Président du Faso, S.E.M. Blaise Compaoré, au Premier ministre, M. Tertius Zongo, au ministre en charge de l’Information et au directeur général de la TNB.

Le Burkina est ainsi sur orbite dans une des capitales les plus prestigieuses du monde où tous les pays sont représentés. En même temps, je suis inquiet ! Pourquoi ? Parce que je me demande maintenant ce qui va se passer. Quelle physionomie notre pays va–t-il présenter au monde à travers notre télévision ? Il est vrai que la télé burkinabè (et de manière générale la presse) a fait d’énormes progrès ces dernières années. Mais il reste encore beaucoup à faire :

A) Les décors des plateaux de la télé sont à améliorer. Ils apparaissent comme montés par des amateurs. Ils sont généralement trop chargés et les couleurs ne se marient pas toujours. Il va falloir faire appel aux professionnels de la décoration, même étrangers si nécessaire. N’hésitons pas à aller nous inspirer du côté de la Côte d’Ivoire qui est le meilleur modèle le plus proche.

Faisons du « benchmarking » sur la télévision ivoirienne. Ne me dites pas que c’est une question de moyens. Vous n’allez pas me convaincre. C’est plus une question de goût, même si cela nécessite un peu plus de moyens financiers. Peut-être faudra t-il aussi transformer notre télé en Office qui pourra s’autofinancer et se développer grâce aux recettes publicitaires.

B) La tenue vestimentaire des journalistes et des invités : là aussi les progrès sont notables, mais insuffisants. « ya sonma la katayé » (c’est bon, mais c’est pas arrivé.) Allons à la télé avec des « habits neufs ». En tenue européenne, américaine, africaine ou chinoise, soyons propres et nets.

Le maquillage doit être de rigueur pour tous ceux et toutes celles qui passent à l’antenne. Il faut éviter de se présenter avec des visages secs, blanchis par le soleil. Pour ce faire, des conseillers et conseillères vestimentaires sont nécessaires ainsi que des maquilleuses attitrées à la Télévision nationale.

Pour magnifier la culture africaine et le mode vestimentaire africain, je propose que tous les vendredis, les journalistes et leurs invités qui passent à l’antenne, se mettent en tenue africaine. J’entends par « tenue africaine », la tenue traditionnelle bien sûr, mais aussi la tenue africaine moderne, comme l’ensemble bazin ou le complet-pagne chez les dames.

Le reste de la semaine, le costume cravate doit être de rigueur chez les présentateurs du journal télévisé, avec les cheveux coupés court et net une fois par semaine. Cependant, toute tenue indécente doit être bannie.

C) Les clips musicaux : ils se sont améliorés, mais sont encore loin des « normes internationales ». Les clips sont souvent tournés dans des décors misérabilistes, avec parfois des arrière-plans qui passent mal sur le petit écran. (vieux murs ou vieilles maisons en banco délabrées avec en vue parfois des margouillats au soleil, des chiens mal nourris, des ordures, la crasse, etc).

Il y a maintenant dans nos villes et campagnes et surtout Ouaga et Bobo de beaux cadres verdoyants et propres, des paysages magnifiques, des immeubles et des rues modernes, des villas et duplex splendides garnis de mobiliers de rêve, de superbes plans d’eau , des hôtels et restaurants chics, des bureaux qui n’ont rien à envier à ceux de la Banque mondiale…Tout cela doit être soigneusement repéré et utilisé. Il s’agit de présenter le Burkina dans ses plus beaux habits.

D) Les paroles des gens et surtout des animateurs : Il convient d’éviter les propos tels que « la prochaine candidate est une coiffeuse togolaise de Bobo » (propos entendus à la TNB lors de la demi-finale de l’émission musicale de Maguy.) Il fallait tout simplement dire que « c’est un coiffeuse qui nous vient de Bobo ».

Que vient chercher ici sa nationalité ? Elle est africaine, citoyenne de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). C’est tout. Quand on commence à catégoriser, on ne sait pas jusqu’où ça va aller… C’est déjà arrivé tout près de nous.

E) Les films du cinéaste burkinabè le plus célèbre : maintes fois primés, je me demande cependant s’ils ont fait plus de bien ou plus de mal au Burkina Faso, tant les scènes de tournage se passent dans des cadres austères où l’on montre au grand jour la misère des populations, en tournant rarement la caméra vers ce que le Burkina a de plus beau. On a l’impression que des efforts sont faits pour cacher ce que le pays a de beau et montrer plutôt son côté le plus arriéré !

Voilà, M. le Directeur général, mes préoccupations et inquiétudes qui sont certainement celles de beaucoup d’autres Burkinabè sur la vision de notre pays dans le monde à travers la TNB. Je souhaite vivement que des voix plus autorisées se joignent à moi pour vous aider à faire réellement de la TNB "la chaîne du plaisir partagé" et de la fierté de tous les Burkinabè.

Dans cette attente, je vous prie d’agréer, M. le Directeur général, l’assurance de ma parfaite considération.

Oula Traoré, SONABHY
01 BP 4394 Ouaga 01

L’observateur Paalga

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