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Mes propositions au Premier Ministre : Réduire les députés à 45

Publié le jeudi 8 mai 2008 à 11h42min

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Suite aux huit propositions de Joseph Ouédraogo au Premier ministre, Célestin Kouda fait les siennes. Il propose ni plus ni moins, la suppression de certaines institutions et la réduction du nombre de députés à 45.

J’ai lu avec intérêt vos propositions à Monsieur le Premier Ministre. Je ne viens pas vous contredire, mais je veux apporter des contributions supplémentaires :
En plus de la diminution du nombre de ministres, il faut diminuer également le nombre d’institutions. En effet, un Président d’institution a les traitements d’un ministre. Si l’on fait un tour d’horizon, on constate qu’il y a actuellement autant d’institutions que de ministères, et souvent on ne voit pas clairement leur objet : par exemple, en matière de lutte contre la fraude et la corruption, pouvez-vous me dire combien d’institutions existe-t-il ?

Et on en rajoute ;
- concernant les Gouverneurs de Région, nous assistons à une manipulation politique visant à torpiller les textes d’orientation de la décentralisation : les Régions étant considérées comme des entitées décentralisées, il n’y a plus de raison qu’on désigne à sa tête une personnalité nommée. La décentralisation intégrale implique que le premier responsable de l’exécutif régional soit élu. Nous assistons à un anachronisme, ce n’est pas cohérent avec l’esprit de la décentralisation. En les remplaçant par des personnalités élus, ils seront à terme pris en charge par le budget régional ;
Il en est de même de certaines ambassades que notre pays entretien. C’est du superflux, on ne voit pas l’apport de ces ambassades au développement de notre pays. Il serait mieux de procéder à un regroupement. On n’a pas besoin de créer une ambassade dans tous les pays qui nous envoient un ambassadeur.

Un ambassadeur peut représenter plusieurs pays ; on en créera que là où il existe un intérêt certain ;
Venons en aux députés, au lieu de supprimer carrément l’Assemblée Nationale, il est plus raisonnable de réduire le nombre de députés : un député par province, et c’est suffisant. On ne voit réellement pas la contribution de ce grand nombre de personnalité dont la première préoccupation est de protéger leurs avantages personnels au détriment de la population qui les a élue. Honnêtement, 45 députés nous suffit, cela mettra un bémole aux vélléités de beaucoup de gens. En plus, et c’est là le hic, comment peut-on comprendre que nos honorables députés refusent de payer l’IUTS sur leurs traitements ? Il y a là manifestement absence de solidarité avec le peuple. L’impôt c’est l’expression de la solidarité nationale.

Tous ceux qui émargent au budget de l’Etat doivent payer : ministres, présidents d’institutions, gouverneurs,... ;
Si on fait le cumule (Ministres, Présidents d’institution, Gouverneurs de Régions, Ambassadeurs, députés et j’en passe), le Burkina paie à plus de 200 autorités des salaires ministériels (salaires plus avantages en nature). C’est manifestement trop pour notre budget : c’est, en fait la masse salariale versée à ces personnalités là qui fait grimper la part des charges de personnel dans le budget de l’Etat à plus de 47% selon les institutions monétaires internationales.

Ce sont là des mesures permettant de réduire la pression sur le bugdget de l’Etat. Mais on ne saurait en rester là. Il est temps d’engager des actions devant permettre à notre pays de sortir à terme de la pauvreté. Je pense qu’avec la crise alimentaire qui se paufine, l’Etat doit remettre au goût du jour, l’aménagement des vallées du Sourou, de Bagré, en plus de travaux de Samandéni. Mais au lieu d’attribuer exclusivement à des paysans qui manquent de savoir faire des parcelles aménagées presque gratuitement comme c’est le cas présentement, il faut envisager une formule mixte permettant de céder de périmètres de grande superficie à des entreprenurs agricoles constitué de fonctionnaires proches de la retraite notamment.

L’aménagement d’une plaine de plusieurs milliers d’hectares est coûteux. Il faut qu’àprès investissement on ressente un impact sur le PIB. Pour cela, je pense qu’il est préférable de vendre les prérimètres aménagés à ceux qui ont la volonté réelle de faire l’agriculture mais qui n’ont pas les moyens d’aménager comme il faut un périmètres de plusieurs hectares. Si l’Etat s’engageait aujourd’hui dans cet élan, cela pourrait intéresser, j’en suis sûr, beaucoup de fonctionnaires qui aspirent à l’agriculture après leur retraite mais qui en sont dissuadés par le coût élevé des investissements à entreprendre. Je suggererais même à Monsieur le Premier Ministre de proposer aux fonctionnaires qui sont à 5 ou 7 ans de leur départ à la retraite, une retraite anticipée dont la compensation serait constituée par la mise à sa disposition d’un périmètre aménagé, en plus d’un fonds de roulement, lui permettant de se lancer dans une agriculture moderne, rentable pour tout le pays. Cela permet de libérer des emplois qui seront occupés par de jeunes chomeurs, réduisant ainsi le chomage dans notre pays. Bien entendu, si la valeur des investissemenets ne peut pas être couverte par la dotation de départ en retraite anticipée, le bénéficiaire s’engage à rembourser le reliquat sur les produits de son exploitation.

Une telle mesure a l’avantage de réduire les charges salariales de l’Etat : les salaires versés aux anciens fonctionnaires sont toujours supérieurs en volume, effets des avancements oblige, à ceux versés à des fonctionnaires débutants. Ensuite, si un grand nombre de producteurs sont installés par ce canal, cela accroît la production agricole nationale, ce qui permet de mettre en place une industrie viable, de satisfaire aux besoins nationaux et d’exporter même, ce qui constitue un véritable plus pour notre Balance des Paiements.

J’en suis sûr, ce ne sont pas des mesures envisageables à court terme (conjoncturelles), mais pour développer un pays, ce ne sont pas les mesures à court terme qui sont idoines, ce sont au contraire, les mesures à long terme (structurelles). Il faut transformer la structure et là les mesures conjoncturelles ne sont pas adaptées. Il est temps d’envisager des solutions de long terme, parce plus on reporte, plus les investissements à réaliser deviennet plus coûteux. Le temps renchérit les coûts.

Voilà, c’est là, ma modeste contribution. C’et à chaud que j’ai réagi. Peut-être que si c’était à tête reposée, je l’aurai mieux enrichi. Bref, il faut toujours apporter sa contribution, peut être qu’elle peut inspirer d’autres personnes. Ciao, à la prochaine !

Célestin KOUDA, Inspecteur des Impôts,
Direction Générale des Impôts, 01 BP 119 Ouaga 01,
Tél : 70-23-10-06
celestinkouda@yahoo.fr

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