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Lutte contre la vie chère : J’enfonce le clou de Zoodnoma

Publié le jeudi 24 avril 2008 à 12h09min

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La semaine dernière, Zoodnoma Kafando signait, dans sa rubrique hebdomadaire intitulée "Les Mercredis de Zoodnoma", un papier des plus intéressants et agréables à lire. L’article dont il est question ici portait un titre interrogatif ainsi libellé : "Solutions à la vie chère, faut-il chercher ailleurs qu’en nous-mêmes ?"

Avec de la pertinence et de la rigueur dans l’analyse, l’auteur dévoile, dénonce puis propose des solutions à la vie chère à des concitoyens dont les comportements pourraient expliquer en partie leur "galère". En plus clair, nous sommes bien souvent la cause (consciemment ou inconsciemment) de ce qui nous arrive aujourd’hui et demain. Ici au Faso, ce n’est plus du tout gênant de s’embarquer dans des situations où on se fait prendre dans la toile de l’araignée en engageant des dépenses superflues qui ne répondent pas souvent à un besoin digne de ce nom.

C’est justement cette mauvaise orientation de nos dépenses qui a été souvent dénoncée sous forme de clichés et de caricature par un homme politique de l’opposition burkinabè lorsqu’il a affirmé (bien qu’avec un peu d’exagération) qu’au Burkina, ce sont les trois B (brochettes, bières et B...). Le phénomène est plus visible dans nos villes au sein de certaines catégories socio-professionnelles (cadres moyens et supérieurs de la fonction publique et du privé, acteurs du commerce informel...).

A Ouaga, à Bobo et dans d’autres villes, des Burkinabè "se saignent" pour offrir des "France-aurevoir" (voitures d’occasion importées d’Europe), des motos à madame, aux enfants, etc. Si le principe est bon, il est à craindre maintenant les charges récurrentes, qui font apparaître la vie plus chère. Certes, les bénéficiaires de ces cadeaux, qui proviennent des fonds de monsieur, pourraient nous en vouloir. Mais ce n’est pas tant le principe du cadeau que nous déplorons que ses conséquences, que l’on pourrait attribuer aux gouvernants.

Leçons à tirer

La leçon de l’histoire, c’est que sans regretter la Révolution à cause des atteintes aux droits humains, on est tenté de dire qu’elle a eu tort d’avoir eu trop tôt raison. Le slogan "Produisons et consommons burkinabè !" a aujourd’hui tout son sens. Il faut espérer qu’en plus des justes dénonciations par les syndicats et la presse relatives à la mauvaise gestion des puissants du jour, les éléments de l’élite révisent leur train de vie et/ou investissent nos campagnes, qui pour pratiquer l’agriculture, qui pour faire de l’élevage avec une touche moderne, susceptible d’accroître la productivité.

Que les politiques s’y mettent aussi !

Des partis de pouvoir et au pouvoir comme le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) gagneraient à éduquer leurs militants dans ce sens. Si tel était le cas, nul doute que la production augmenterait ; le coût de la vie pourrait baisser ou au moins stagner, dans la mesure où ce parti compte des centaines de milliers de militants et d’électeurs.

Etre au pouvoir, c’est comme joué le rôle dévolu à une locomotive. Autrement dit, le CDP est ou est censé être un tracteur dans le domaine des initiatives devant conduire au développement. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas, et c’est dommage. Certes, nombre de cadres de ce parti se sont investis dans l’agriculture et l’élevage ; mais ils l’ont fait par le haut ; c’est-à-dire qu’ils y ont amené des tracteurs et des nouvelles techniques qui sont situés à des années-lumière des réalités du paysan moyen burkinabè.

Tant et si bien que ce dernier ne peut pas "imiter" l’expérience du ministre ou de l’ancien ministre. Or, si ceux-ci étaient d’abord passés par la charrue à traction asinienne, bovine ou hippique (quitte à ce que la production ou la productivité permettent plus tard d’acquérir un tracteur), cela aurait aidé à faire passer le paysan par les étapes du processus devant conduire à la mécanisation agricole. Hélas, ce n’est pas encore le cas. En nous, Dieu, la nature ou le hasard (c’est selon) a tout mis. La vie chère n’est donc qu’un défi de l’existence, que le genre humain peut relever. Il suffit d’y croire et de persévérer.

Seydou Go

L’Observateur

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