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Dr Rosalie Edjou Djomniyo Kantiebo, anthropologue écrivain : "L’écriture ne nourrit pas son homme"

Publié le jeudi 17 avril 2008 à 11h31min

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Rosalie Edjou Djomniyo Kantiebo

Anthropologue de formation, le Dr Rosalie Edjou Djomniyo Kantiebo est un condensé de savoirs. Poète, metteur en scène, peintre, designer, webmaster, elle vient de mettre sur le marché deux œuvres de belle factures : Construire un homme et Djomniyo. A travers cet entretien, elle explique la teneur de ses œuvres et les difficultés rencontrées dans
le métier.

S. : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

K.R.E.D : Je suis docteur Rosalie Edjou Djomniyo Kantiebo. Je suis anthropologue et aussi metteur en scène, poète, peintre, designer, webmaster parce que je dirige trois sites web sur Internet. J’essaie de publier ma thèse de doctorat en livre. C’est pour cela que je suis à la SNC pour la dédicace de mes deux bouquins. "Construire un homme" est le livre que j’ai tiré de ma thèse et "Djomniyo" qui est un recueil de poèmes qui a été écrit entre 1994 et 1995.

S : De quoi parle ces deux livres ?

K.R.E.D : "Djomniyo" est un livre écrit durant mes périodes de galère. Je suis arrivée en France en 1993. J’y ai rencontré un espace qui était diamétralement opposé à celui du Burkina Faso. Avant d’aller en France, j’avais déjà fait tous les pays limitrophes du Burkina. Une fois en Occident, la condition de l’homme noir est repositionnée en moi sous plusieurs angles ; même sous celui de la religion, sur le devenir de l’Afrique qui était complètement méconnue en Occident, en son temps. Je me posais également des questions sur l’Africain, donc sur moi-même, "mon être en soi qui suis-je ? D’où je viens ? Où je vais ?" Et tous ces questionnements m’ont à chaque fois amenée à produire des œuvres éclairs. j’écrivais ainsi souvent en pleine nuit. Tous ces écrits se sont révélés être des appels, des questionnements sur l’homme noir, son devenir et ce qu’il doit faire. Il y a eu en 1995, la question cruciale des sans-papiers. Et dans la même année, il y a eu la découverte de l’œuvre de Cheick Anta Diop. Il faut préciser que j’avais commencé à découvrir des œuvres depuis 1994. Je me suis rendu compte que beaucoup de mes écrits entraient en droite ligne d’avec ceux de Cheick Anta Diop. Pourtant je ne le connaissais que par la découverte du carbone 14.

Puisqu’on nous avait enseigné que par le carbone 14, Cheik Anta Diop avait découvert que les anciens Egyptiens étaient noirs. Après avoir lu beaucoup de ses bouquins, je me suis aperçue qu’il posait également le problème de l’homme noir comme je l’ai fait dans mon recueil de poèmes. "Construire un homme" aborde carrément un autre sujet. Il est le fruit d’une étude que j’ai réalisée presque huit (8) ans durant sur le rite initiatique africain, plus particulièrement sur le rite "sana" au sud du Tchad. Ce rite est un exemple de puissance de rite initiatique africain. J’ai essayé de démontrer la portée philosophique et scientifique de la construction d’un homme. Et par le rite initiatique, on met l’homme en chantier et il en ressort raffiné. Dans ce travail, j’ai appris à un moment donné l’histoire africaine. Les Saras m’ont fait savoir que leur roi a été décapité pendant la colonisation parce qu’il avait refusé qu’un blanc lui donne des ordres. Il y a aussi la problématique des rapports entre l’église et la tradition. Il se pose alors un problème important parce que l’Eglise s’est construite en niant la part spirituelle que pouvait contenir nos traditions.

S. : Combien de livres compte votre bibliographie ?

K.R.E.D : Je n’ai fait que deux livres : "Djomniyo" et "Construire un homme". En outre de "Contruire un homme" version 2008, sortiront deux autres livres dont les manuscrits qui n’ont jamais été publiés sont en ma possession. En fin 2008, je publierai un livre sur le xylophone et un autre sur la présence de "Agfa" dans l’imaginaire du spectateur qui va s’intituler "le Wohma" qui signifie "la présence de Agfa dans l’imaginaire du spectateur". Ce livre aura pour finalité la libération de l’homme. Il va démontrer en quoi le non regard est plus important que le regard . Je tenterai de répondre à la question : "doit-on apprécier le monde à partir de ce que nous voyons ou à partir de nos perceptions ?".

S. : Comment êtes-vous devenue écrivain ?

K.R.E.D : Je suis devenue écrivain par la force des choses. Avec le contexte de l’époque, il fallait que j’écrive. Et il m’arrivait de me réveiller en pleine nuit d’écrire à la lumière d’une bougie. Par moment, je rédigeais dix feuilles en cinq minutes. J’ai débuté la rédaction de mes livres en 1994. Au départ, des amis ayant lu mes écrits trouvaient que je devais les publier. J’ai hésité jusqu’en 1998 quand on m’a invitée à Avignon comme poète alors que je n’avais encore rien publié. Donc, après mon passage sur scène, certains des spectateurs qui étaient là, m’ont approchée pour me dire de publier les textes pour les autres. Et je leur avais promis d’y réfléchir.

Entretien réalisé
par Daouda Emile OUEDRAOGO
Transcription Jacques BALIMA
(Stagiaire)

Sidwaya

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