LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Enseignement technique et formation professionnelle : Les écoles de métier pour réduire le chômage

Publié le jeudi 6 septembre 2007 à 06h50min

PARTAGER :                          

Au Burkina Faso, la problématique de l’emploi se pose avec acuité. Plusieurs diplômés se retrouvent dans la rue en quête d’emploi. Ils sont, le plus souvent, les produits finis de l’enseignement général. De nos jours, les écoles de métier ou enseignement technique et la formation professionnelle (ETFP) se présentent comme la voie palliative de la réduction du taux de chômage.

Les tendances montrent que les écoles de métier sont un gage de succès socioprofessionnel. Cependant, des difficultés existent.

A l’instar d’autres pays, le Burkina est confronté à une problématique de l’emploi des jeunes, notamment la frange diplômée.

Chaque année, l’école génère de nombreux jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Ils sont laissés à eux-mêmes. Chacun est obligé de développer des initiatives afin de se faire une place au soleil. Rappelons que les jeunes diplômés sont les produits finis de l’enseignement général. Face à cette situation, des efforts sont déployés ça et là pour réduire le taux de chômage.

Comme voie palliative l’avènement des écoles de métier (EM) tombe à pic. Mieux ,en 2005, la création du ministère chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle par les autorités est un signal fort. Cela témoigne de l’intérêt qu’elles accordent à cet enseignement, vecteur de réduction du taux de chômage. Ces écoles constitueront une bouffée d’oxygène pour les apprenants et même les autorités en charge de la question de l’insertion socioprofessionnelle des jeunes sortants.

Les écoles professionnelles et techniques mettent l’accent sur la formation. Au-delà des cours théoriques, les élèves font la pratique.

Après la formation, ils ont plus de chance d’obtenir un emploi. Les filières techniques telles que le génie civil, la mécanique, l’électricité, l’informatique, sont beaucoup sollicitées sur le marché de l’emploi.

Le Burkina est un pays en construction. Ouagadougou, sa capitale, est en perpétuelle urbanisation. L’exemple de Ouaga 2000 en dit long. Ces chantiers de construction nécessitent le recrutement d’ employés qualifiés.

En outre, l’un des atouts des écoles de métier se situe au niveau de l’auto-emploi et l’on peut s’inscrire sans distinction d’âge.

Au regard de tout ceci, les écoles de métier sont-elles un vecteur de réduction du taux de chômage ? Tout est-il rose chez les élèves sortants ?

Vecteur de réduction du taux de chômage

Selon Maxime Somé, ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, "son objectif immédiat est d’assurer en matière de formation des apprentissages qui permettent à l’homme et à la femme de se prendre en charge par l’exercice d’un métier ou d’une activité professionnelle".

L’enseignement général a offert des formations théoriques aux apprenants. Les produits finis de ce système vivent manifestement les dures réalités du chômage. Les écoles techniques et professionnelles semblent être un viatique dans ce sens et un gage de réduction du taux de chômage.

Les écoles de métier assurent la formation pratique des élèves sortants. En dehors des recrutements, les élèves peuvent s’installer à leur propre compte. Des filières techniques telles que la mécanique, l’électricité, le génie civil, sont des illustrations assez éloquentes. En substance, les écoles de métier s’inscrivent dans la logique de l’auto-emploi ou entrepreunariale. Mieux, elles permettent aux élèves de se faire une place au soleil : d’où l’esprit de la débrouillardise. Cest ce que reconnaît la fondatrice de l’EFEC (Ecole de formation et d’études commerciales), Isabelle Zongo : "Les écoles de métier sont pratiques. Elles offrent la formation pratique aux apprenants contrairement à l’enseignement général. Au-delà des recrutements classiques, il y a l’auto-emploi.

Elèves sortants sollicités

Les sortants de l’ enseignement technique et la formation professionnelle sont plus sollicités sur le marché du travail. Le Burkina est en pleine édification. Des constructions surgissent de toutes parts. Plusieurs de ces réalisations nécessitent essentiellement de la main d’oeuvre qualifiée et des cadres. Ces profils sollicités proviennent des ETFP. Pour l’instant des sortants issus des EM, se frottent les mains. Selon le directeur des études Lycée technique de Kadiogo (LTK) , Dramane Gamané, dans l’option génie civil, les élèves ne rencontrent pas de difficultés sur le marché de l’emploi : "Nos élèves sont beaucoup sollicités. Au niveau des options électricité et électronique, nos élèves ne chôment pas. Ils sont recrutés par plusieurs sociétés de la place, notamment la SONABEL (Société nationale burkinabè d’électricité)".

Les EM jouent un rôle important dans l’économie burkinabè. Elles mettent naturellement à la disposition du pays un capital humain qualifié. L’écrasante majorité de ces sortants ont de la matière à revendre dans le secteur informel. De sources averties, le secteur informel joue un rôle crucial dans l’économie du pays. L’insertion des jeunes diplômés dans ce secteur constituera une bouffée d’oxygène pour notre économie. Les élèves sortants des EM peuvent construire leur propre "eldorado". Cette réalité contribue à maintenir les jeunes dans leur terroir respectif. Le projet de construction des ETFP dans les treize régions du Burkina est très attendu. Nous avons tendu notre micro à certaines personnes- ressources. Le chef des travaux du complexe scolaire Bangré de l’ Ecole des métiers, Hubert Ouiya : "Les EM sont une arme efficace contre le chômage. En substance, elles participent au cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Dans ce cas de figure, c’est le pays qui gagne."

Le proviseur du Lycée technique de Ouagadougou, (LTO) Cheick Amadou Ouédraogo, s’inscrit dans cette logique. Pour lui, "les ETFP peuvent être une bouffée d’oxygène sur le plan économique. Elles vont donner sûrement un coup de fouet à l’économie burkinabè. La formation professionnelle et technique est un viatique pour l’économie du pays". Les EM constituent donc un facteur de développement. Cependant, les difficultés existent.

Certes les EM contribuent à la réduction du taux de chômage. Mais tout n’est pas rose dans le domaine. Ainsi, les difficultés se résument au manque d’une véritable politique de placement, à l’absence de concertation, le prototype de dépotoir, et l’insuffisance des enseignants.

Manque d’une véritable politique de placement

Les ETFP sont un gage de réussite professionnelle selon les spécialistes. Mais le chômage existe dans ce domaine. Une minorité de sortants parviennent à se caser difficilement. Cette donne s’expliquerait par l’absence d’un manque de placement. Les politiques de stage et d’emploi n’existent pas véritablement. Après la formation, les sortants sont laissés à eux-mêmes. Ils sont obligés de développer des initiatives personnelles dans le but de se faire une place au soleil. Un ex-élève du complexe scolaire Bangré de l’Ecole des métiers, Salfo Ilboudo témoigne : "Il n’existe pas de politique de stage et d’emploi après la formation. Les élèves sont laissés à eux-mêmes. J’interpelle les fondateurs dans ce sens."

Dans la même logique de pensée , le proviseur du LTO, Mamadou Cheick Ouédraogo, s’exprime également sur le sujet : "En tant que structure de formation, il n’y a pas de politique de stage à notre niveau. Cela suscite une réflexion. Le projet est en veilleuse et il nécessite des moyens."

Absence d’un cadre de concertation

L’union fait la force, dit-on. Cette formule est une vertu cardinale pour tout regroupement humain. Pour l’instant, elle est ignorée au niveau des EM. Il n’existe pas de réelle collaboration. L’hétérogénéité des frais scolaires en est une illustration parfaite. A ce niveau, les fondateurs ne parlent pas le même langage. Chacun gère ses "affaires" à sa guise. Cette donne trouve sa justification dans le système libéral de la quête du gain.

La fondatrice de l’EFEC, Isabelle Zongo, déplore cette situation : "Il n’existe pas une collaboration entre les différentes EM. Cette réalité est déplorable. Au-delà de la concurrence, la solidarité aurait pu être la chose la mieux partagée".

Prototype d’un dépotoir ?

Les EM sont considérées comme un dépotoir. Cette thèse met en relief deux tendances opposées. Lorsqu’un élève échoue dans l’enseignement général, ses parents l’orientent dans les EM. Les élèves sans niveau scolaire fourmillent dans les ETFP. Les parents sont comptables de cette réalité, ainsi que l’affirme Hubert Ouiya : "Les parents d’élèves considèrent les EM comme un dépotoir."

Une autre tendance bat en brèche cette opinion, en disant qu’elle est galvaudée et n’est plus d’actualité. "Cette opinion n’est plus d’actualité. Dans le passé, l’on confondait la secrétaire et le secrétaire. Parce que tout se limitait à l’exécution. De nos jours, la formation professionnelle a trouvé ses lettres de noblesse. Ce n’est plus un dépotoir et non plus une filière pour les rescapés intellectuels. C’est plutôt une filière de vocation", a martelé Isabelle Zongo. "L’on doit changer de vision et dépoussiérer les cerveaux en ayant une vision nouvelle des écoles de métier. La vision nouvelle, c’est un choix personnel, un choix de société", estime Maxime Somé, ministre de l’ETFP, ministre délégué de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle.

L’une des difficultés des ETFP concerne l’insuffisance des enseignants dans les matières techniques. Cette réalité est un casse-tête pour les fondateurs et a sans aucun doute des incidences sur la formation des apprenants. Selon Aziz Touré, directeur du Lycée de la jeunesse, "c’est surtout dans les matières scientifiques que nous avons des problèmes notamment les mathématiques, la physique-chimie et l’électronique".

Au regard des difficultés inhérentes au bon fonctionnement des EM et leurs débouchés, il serait urgent :

- de mettre en place une véritable politique de stage et d’emploi en vue de faciliter l’insertion socioprofessionnelle des élèves sortants, - de créer un cadre de concertation entre les différents fondateurs des EM d’une part et le ministère de tutelle d’autre part afin d’avoir la même vision, - de former davantage les enseignants dans certaines matières techniques et scientifiques dans le but de pallier les insuffisances. Sensibiliser et conscientiser les parents d’élèves sur l’importance des E M, l’ organisation de tests d’entrée dans les écoles en vue d’évaluer le niveau scolaire des élèves, le respect minimal des cahiers de charges, afin de "toiletter" les ETFP, sont aussi des pistes pouvant améliorer les performances des EM.


Cahier de charges

C’est l’arrêté n°2002/ MESSRS/SG/CNESSP/SP qui fixe le cahier de charges des établissements privés d’enseignement secondaire tehnique et professionnel.

Dispositions générales

Au titre de son titre 8, l’enseignement secondaire technique et professionnel dans le privé comme dans le public est organisé en trois cycles ; la fin de chaque cycle est sanctionée par un examen terminal qui donne lieu à la délivrance d’un diplôme national. Ces cycles sont :

- le cycle court dure quatre (4) ans et est sanctionné par l’examen du Certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P),

- le cycle moyen dure deux (2) ans après le Brevet d’études dupremier cycle (BEPC), ou un an (1) après le C.A.P et est sanctionné par l’examen du Brevet d’études professionnelles (B.E.P),

- le cycle long technologique dure trois (3) ans après le BEPC et est sanctionné par le baccalauréat technologique,

_le cycle long professionnel dure deux (2) ans après le BEPC, ou un an (1) après le BEP et est sanctionné par l’examen du baccalauréat professionnel

Dossier pédagogique

L’état prévisionnel du personnel enseignant (permanents et vacataires) :

le fondateur est tenu de recruter des professeurs en nombre suffisant dont au moins :

30% de professeurs permanents dès la première année d’ouverture de l’établissement,

40% à la troisième année,

50% pour compter de la quatrième année, et ayant le profit requis, avec une priorité accordée aux nationaux.

Source : Ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS)


ETFP

Dans la province du Kadiogo, l’on rencontre 6 établissements publics et 39 établissements privés. Au total, 45 établissements. Au plan national, on rencontre 11 établissements publics et 73 établissements privés. Au total, 84 établissements.

Source : Annuaire statistique de l’enseignement secondaire, année 2005-2006, vol. 2, août 2006

Par Issiaka KABORE (stagiaire)

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Finies les vacances, vive la rentrée scolaire !
Il y a école et école