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Marche vers la paix en Côte d’Ivoire. : 5 ans pour atteindre Bouaké

Publié le lundi 30 juillet 2007 à 07h49min

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Gbagbo, Compaoré et Soro

En attendant la fête nationale, le 7 août, ce lundi 30 juillet 2007 est déclaré chômé et férié sur toute l’étendue du territoire ivoirien. L’événement qui commande ce cadeau présidentiel est, sans aucun doute, la Flamme au bûcher de la paix, qui devrait être allumée à Bouaké pour sceller à jamais la fin de la guerre civile, déclenchée le 19 septembre 2002.

Sauf tremblement de terre, et pour la première fois après cinq longues années d’absence excusée, le président Laurent Gbagbo foulera le sol de la capitale du nord ivoirien, où règnent en seigneur les Forces nouvelles, ces rebelles d’hier qui menaçaient d’avaler Abidjan. L’histoire retiendra qu’après les échecs répétés des diverses médiations et des multiples tentatives de sortie de crise, c’est finalement l’Accord de Ouagadougou, signé le 4 mars dernier par les forces antagonistes sous la supervision du facilitateur Blaise Compaoré, qui ouvrira la voie du nord qui mène à la paix, à la réconciliation nationale.

D’ailleurs, le miracle ne se serait-il pas produit plus tôt si, dans la matinée du 29 juin dernier, l’avion qu’atterrissait sur l’aéroport de Bouaké avec le Premier ministre, Guillaume Soro, à bord n’avait pas essuyé des salves de roquettes ? Passé cet intermède douloureux qui a, néanmoins, réveillé la méfiance et les suspicions, la volonté des Ivoiriens de tourner cette grande page sombre de leur histoire s’est révélée bien plus forte que les chants des cygnes, ces oiseaux de mauvais augure.

Voilà pourquoi depuis des semaines, Bouaké, telle une jeune mariée, se pare de ses plus beaux vêtements pour accueillir et la Flamme promise de la paix, et les convives, qui déferlement aussi bien de la Côte d’Ivoire entière que de la sous-région et de l’Union africaine.

Pour effectuer ce pas ultime donc vers la paix à Bouaké, la capitale de la rébellion, Laurent Gbagbo devrait être accompagné de ses pairs burkinabè Blaise Compaoré, ghanéen John Kufuor, sud-africain Thabo M’beki, malien Amadou Toumani Touré, et togolais Faure Gnassingbé. Les têtes couronnées du Nord et du Sud, elles aussi, devraient être sur le podium pour réaffirmer leur adhésion à l’Accord de Ouagadougou, cette Bible qui annonça la bonne nouvelle. Que d’artistes pour donner un cachet particulier à l’événement ! Ce lundi, jour de fête, Bouaké s’illuminera de mille feux, mais il reste à espérer que le diable ne s’invite pas dans la partie.

Car, en dépit de la voix rassurante de Michel N’Guessan Amani, ministre de la Défense et président de la Commission sensibilisation, mobilisation, animation et logistique, il est à craindre que des petits détails mal réglés fassent déraper la machine de la paix. L’histoire récente de la Côte d’Ivoire a souvent été faite de pièges qui n’incitent pas les forces belligérantes autant espéré. "L’événement de ce 30 juillet a été minutieusement préparé au plan de la sécurité", affirme le ministre Michel N’Guessan Amani, mais certaines indiscrétions font état d’âpres discussion entre les différentes forces.

Qu’en attendre quand, au moment où le camp présidentiel souhaite débarquer à Bouaké avec tout le dispositif sécuritaire mis en place du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, les Forces nouvelles, redoutant l’entrée des armes lourdes, pour des raisons bien évidentes, souhaitent que seule la sécurité rapprochée du président soit équipée, et même là du minimum ? Sont-ce là des contradictions bien symptomatiques de l’impossible retour de la confiance sur les bords de la lagune Ebrié ? Que les acteurs de la scène politique nous donnent la preuve du contraire, à commencer par le locataire du palais de Cocody, qui excelle dans l’art de la ruse.

Heureusement que la Licorne et l’ONUCI, forces en principe impartiale, sont encore là pour jouer aux arbitres ou aux pompiers. Néanmoins quand on s’avise que bien des fois la zone de confiance a pu être allègrement violée, par l’un ou l’autre camp, sous le regard complice de ces mêmes forces, on conclut que tous les dés ne sont pas encore jetés dans ce jeu d’échecs à l’ivoirienne.

Toutefois, tous les enragés de la République semblent avoir perdu de leur mordant ; prise de conscience ou repli tactique ? Ici comme ailleurs, l’observateur de la scène politique ivoirienne reste suspendu à l’issue de ce lundi 30 juillet.

L’Observateur Paalga

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