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Tidjane Thiam en successeur de Henri Konan Bédié. Jusqu’où ?… !

Publié le samedi 27 janvier 2024 à 18h00min

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Tidjane Thiam  en successeur de Henri Konan Bédié. Jusqu’où ?… !

La carrière internationale de Tidjane Thiam fait oublier qu’il n’est pas un enfant unique et que la fratrie compte d’autres garçons et filles. Et quand bien même leur parcours serait moins exceptionnel, leur évolution n’a pas été sans impacter celui de Tidjane Thiam. En matière de notoriété médiatique, certes, l’axe Abidjan-Yamoussoukro peut apparaître moins prestigieux que le triangle d’or Paris-Londres-Zurich. Il n’empêche ; ce qui rend particulièrement significative la conquête du PDCI par Tidjane Thiam, c’est qu’il est membre d’une famille d’abord, d’une fratrie ensuite, sans lesquelles il ne serait pas ce qu’il est.

On notera d’emblée que si Tidjane Thiam s’est illustré dans une carrière professionnelle essentiellement internationale, ses frères et sœurs ont limité leur champ d’action à la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, au sein de la fratrie Thiam/Sow, il est le seul enfant à être né après l’indépendance du pays.

« L’Ivoiro-Sénégalais »

J’ai dit, déjà, ce qu’il en était du père (Amadou Thiam ; 1923-2009) et de la mère (Marietou Sow ; 1931-1984) de Tidjane Thiam. L’aîné des enfants sera Daouda Thiam. Il était né à Dakar le 22 juin 1948 (il est décédé le 30 octobre 2018). Titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’Ecole nationale supérieure de chimie de Paris, où il a étudié de 1969 à 1972, il a également obtenu un MBA Finances (1973-1974) de la prestigieuse Wharton School (Pennsylvanie). Entre-temps, le 3 août 1971 à Abidjan, il a épousé Véronique Ekra, fille de Mathieu Ekra, un des géants de l’histoire économique et politique de la Côte d’Ivoire, figure de proue de la lutte anti-coloniale et du combat pour le RDA. Sa belle-mère était, par ailleurs, la sœur de Philippe Yacé, autre personnalité ivoirienne majeure.
Daouda s’est particulièrement illustré à la tête de la Société ivoirienne de raffinage (Sir) après y avoir mené une partie de sa carrière. J’ai raconté (cf. chapitre 2 : « Un petit tour en Côte d’Ivoire et puis s’en va ») les conditions rocambolesques de son limogeage, le mercredi 18 janvier 1995, sous la pression des militants PDCI de l’entreprise, Daouda étant stigmatisé comme le « petit-fils » de Félix Houphouët-Boigny et « Ivoiro-Sénégalais ». C’était au temps de « l’ivoirité » triomphante !

Daouda quittera alors la scène entrepreneuriale ivoirienne (il se reconvertira dans le « conseil ») alors que son petit frère, Tidjane, avait été nommé, neuf mois auparavant, à la direction générale de la DCGTx. Un Thiam chassait l’autre ; l’un ayant été promu par Félix Houphouët-Boigny, l’autre par Henri Konan Bédié. Ce chassé-croisé aura lieu, une fois encore, quand le coup de force de militaires va balayer le régime de Bédié. Celui-ci abandonnera le pouvoir le 24 décembre 1999 permettant ainsi sa confiscation par le général de brigade Robert Gueï, l’intendant général Lassana Palenfo et le général de brigade aérienne Abdoulaye Coulibaly. Ils composeront le tiercé gagnant de la junte au pouvoir. Quelques jours plus tard, le 4 janvier 2000, dans le gouvernement qui sera formé, Daouda Thiam se retrouvera ministre des Mines et de l’Energie. Tidjane Thiam, qui était ministre de la Planification et de la Programmation du développement national, depuis le 10 août 1998, sera quant à lui à la recherche d’un job dans le monde des affaires internationales, ayant tiré un trait, dira-t-il par la suite, sur toute action politique en Côte d’Ivoire.
Daouda Thiam avait un compte à régler avec Bédié. C’est, hormis son expertise (contestée) en matière pétrolière, la raison d’être de sa présence au sein du premier gouvernement de la transition. Mais quand, le 18 mai 2000, la militarisation accrue du gouvernement s’accompagnera de l’entrée de quatre cadres du PDCI (qui n’était pas représenté dans le précédent gouvernement), Daouda Thiam se retrouvera, une fois encore, sur la touche. Tout comme les ministres RDR alors que le FPI conservait ses portefeuilles. Ce qui, évidemment, rapprochera Daouda Thiam des « ouattaristes ». Il ne faudra donc pas s’étonner de le voir nommé conseiller chargé des ressources naturelles à la présidence de la République, en 2011, à la suite de l’accession effective au pouvoir de Alassane D. Ouattara. En août 2013, Daouda Thiam sera promu conseiller spécial du président de la République, fonction qu’il assumera jusqu’à son décès en 2018.

L’historien du pays baoulé

Papa Ababakar Thiam a été le deuxième enfant du couple Amadou Thiam/Marietou Sow. C’était un historien qui avait consacré ses travaux, dans les années 1970 à la pacification du pays baoulé de 1893 à 1911. Il avait mené ses recherches dans le cadre de l’université Paris I – Panthéon Sorbonne sous l’autorité du professeur Yves Person, biographe de Samori Touré. Il était l’époux de Eléonore Emma Yacé, née le 10 novembre 1948 à Abidjan, une « coiffeuse-esthéticienne », fille de Philippe Yacé, personnalité ivoirienne majeure considérée un temps comme le « successeur » de Félix Houphouët-Boigny (Je rappelle que Daouda Thiam, le frère aîné de Ababakar Thiam, était l’époux de la fille d’une sœur de Philippe Yacé). Il est mort prématurément en 1995, dans la nuit du 15 au 16 avril, d’une balle dans la tête. Sans commentaires. Il était le père de deux enfants, Ismaël Malick Boigny Thiam, qui appartient au secrétariat exécutif du Conseil de l’Entente, et Yasmine Yahablé Thiam, analyste financière installée à Londres.

Le chef traditionnel

Le troisième fils, Augustin Houphouët Abdoulaye Thiam, est né le 14 août 1952 à Yamoussoukro. Attardons-nous sur son prénom et notons tout d’abord que Félix Houphouët-Boigny avait une prédilection pour Saint-Augustin parce que, disait-il, c’était un Africain. Augustin a été le prénom chrétien du frère unique de Houphouët, chef du canton des Akoué dès lors que Houphouët, l’aîné, choisira de s’adonner à la médecine ; mais Augustin, dont Houphouët disait qu’il était « mon autre moi-même », mourra brutaement en 1938. De son union avec Khady Sow, Houphouët aura notamment quatre garçons dont le deuxième, né en 1933, se prénommera Augustin ; il deviendra son fils aîné dès lors que Félix Junior mourra prématurément à l’âge de 10 ans. Enfin, c’est Houphouët qui a fait bâtir, à Yamoussoukro, l’église Saint Augustin.

C’est dans la tradition que sera élevé Augustin Thiam. Par Mamie Faitai, la sœur aînée de Houphouët. Il vivra son adolescence au Maroc, où son père était ambassadeur, fréquentant le lycée Descartes (le lycée français), à Rabat, et les fils des élites marocaines. Il reviendra en Côte d’Ivoire en 1972 où il poursuivra ses études, décrochera un bac littéraire, sera médecin hospitalier à Abidjan pendant une douzaine d’années avant de s’esssayer au journalisme quand Alassane D. Ouattara sera nommé Premier ministre ; il s’y consacrera jusqu’à la mort du « Vieux ». Un de ses papiers, publié dans Jeune Afrique du 12 août 1991 (« Fonctionnaires à la rue »), va fâcher Abidjan. Il dénonçait le « sabrage » des effectifs de la fonction publique par Ouattara et promettait « une rentrée de septembre chaude ». Il récidivera en 1992 (« Les trois tentations d’Houphouët ») et se fera taper sur les doigts par Houphouët qui lui interdira dès lors d’écrire sur la Côte d’Ivoire.

Augustin Thiam va rentrer à Abidjan alors que Henri Konan Bédié a succédé à Félix Houphouët-Boigny. Bédié va lui trouver un « placard » : secrétaire général du Comité interministériel de lutte antidrogue (Cilad). Augustin a une réputation de « jouisseur » qu’il assumera : « J’ai été un enfant gâté de l’houphouétisme, avec ses bons et ses mauvais côtés. J’ai mené la belle vie ». A noter que Augustin Thiam divorcera de son épouse, Viviane Kadidia, le 20 mars 1998 et qu’il n’est pas remarié.

Il refera un passage à Paris à Jeune Afrique avant de rentrer définitivement en Côte d’Ivoire alors que « la guerre des chefs » fait rage. Dès 2003, il choisira le camp de Ouattara, alors au creux de la vague, et s’installera à Yamoussoukro. Ouattara en fera son conseiller et son représentant en pays baoulé. Quand Ouattara va conquérir effectivement la présidence de la République, en 2011, il le nommera tout naturellement gouverneur du district de Yamoussoukro.

Le destin de Augustin Thiam a basculé quand ses aînés ont refusé le rôle de chef du canton Akoué (33 villages). Les Akoué sont une sous-tribu des Faafouët, une des quatre tribus majeures parmi les huit instituées au XVIIIè siécle par la reine Abla Pokou, une Akan issue du royaume Ashanti, fondatrice du peuple baoulé. Houphouët était devenu « chef de famille » en 1910 (il avait alors officielement 5 ans) à la suite de l’assassinat de son oncle Kouassi N’Go, chef du canton Akoué de Yamoussoukro. Ce sera alors le deuxième mari de sa mère, Kimou N’Dri, dit N’Dri Kan, qui assurera la régence. A sa sortie de l’Ecole de médecine de Dakar, en 1925, l’administration coloniale demandera à Houphouët de prendre la succession de son oncle mais il choisira de se désister en faveur de son frère Augustin, de trois ans son cadet, jusqu’à son décès en décembre 1938. C’est donc le 8 juin 1939 que Houphouët sera nommé officiellement à cette fonction, étant mis dès lors en position de congé hors-cadre de médecin auxiliaire de première classe.

Augustin Thiam va devenir chef Akoué sous le nom de Nanan Boigny N’Dri III en tant que « arrière petit-fils de la tante de Houphouët », ce qui lui donnera le droit d’hériter de la chefferie de Yamoussoukro. Cela se fera en 2010 à la suite des obsèques (21-25 octobre) de son prédécesseur, Nanan Yablé II, chef du village de Yamoussoukro et chef intérimaire de la chefferie du canton Akoué.

Le modèle intellectuel

Le dernier des fils Thiam (si je fais abstraction de Tidjane) s’appelle Abdel Aziz Thiam. Il est né à Abdijan le 19 juin 1954. A l’instar de ses frères, il a suivi les cours du lycée français de Rabat (lycée Descartes) où il a obtenu son bac série C. Il rejoindra ensuite l’Ecole Sainte-Geneviève de Versailles, la fameuse « Ginette », où de 1973 à 1976 il sera admis en classes préparatoires lui permettant d’intégrer l’Ecole centrale de Paris dont il sortira ingénieur en 1979. Descartes, « Ginette », Ecole Centrale, c’est le modèle dont s’inspirera Tidjane Thiam (qui fera mieux : X plutôt que Centrale).

Il va débuter alors au sein de la Compagnie de construction générale en Afrique (CCGA), filiale du groupe Dumez, dont il prendra la direction générale en 1984. Quelques années plus tard, en 1988, il sera porté à la présidence du Syndicat des entrepreneurs et industriels de Côte d’Ivoire. De 1992 à 2001, il sera vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie. Il sera également nommé membre du bureau politique du PDCI en 1990 à l’occasion du IXè congrès organisé à Yamoussoukro. Félix Houphouët-Boigny est alors encore aux commandes.

Le 31 mars 1993, il sera nommé PDG de la Société ivoirienne des chemins de fer (SICF). Il obtient également l’intérim de la direction générale de la Sotra afin de mettre en place un plan de redressement. A la tête de la SICF, il se donnera pour mission de « remettre de l’ordre dans la trésorerie » avant de procéder à la remise en état du matériel roulant, préalables à une nouvelle politique sociale. L’objectif était alors la privatisation de la SICF. Abdel Aziz rejoindra d’ailleurs le groupe Bolloré, le repreneur, le 1er juillet 1995. Il est alors nommé directeur général de Sitarail. Douze ans plus tard, le 1er juilet 2006, il est promu directeur régional chargé des chemins de fer du groupe Bolloré, fonction qu’il n’occupera que quelques mois.

Quand Charles Konan Banny procédera au remaniement du gouvernement de transition, le 16 septembre 2006, Abdel Aziz Thiam sera nommé ministre des Transports. Il remplaçait Anaky Kobenan sanctionné à la suite de « l’affaire Probo Koala » (déchets toxiques). Ce sera, pour Abdel Aziz Thiam, une courte incursion dans le secteur gouvernemental. Il fera partie de la dizaine de ministres non reconduits lors de la formation du gouvernement du 7 avril 2007, Konan Banny étant alors remplacé à la primature par Guillaume Soro à la suite de l’Accord politique de Ouagadougou. C’est Albert Mabri Toikeuse, un UDPCI, qui prendra sa suite aux transports.
Après que son expérience gouvernementale ait tourné court, Abdel Aziz rejoindra le groupe français de logistique maritime Necotrans comme PDG de NCT Infrastructure & Logistique avant d’être nommé, en février 2017, directeur régional Afrique de l’Ouest de Navitrans SA

Le 27 déembre 1960, Abdel Aziz Thiam a épousé, à Yamoussoukro, Yvonne Affoué M’Bahia Blé. C’est la fille de Joseph Kouadio M’Bahia Blé, personnalité majeure de la Côte d’Ivoire post-coloniale et indépendante, ministre à compter de 1963 jusqu’en 1981. Un des frères de Yvonne, Serge, un homme d’afffaires, a été l’époux de Ngawali Mobutu, fille du président du Zaïre dont elle a été, jusqu’à sa mort, le conseiller personnel et diplomatique.

Et les filles dans tout cela ?

Si les fils du couple Thiam/Sow ont occupé ou occupent des positions majeures au sein de la classe politique ivoirienne, les filles ne sont pas en reste.
N’Dèye Anna Thiam était née le 13 janvier 1956 à Abidjan (elle est décédée en mai 2019). Elle s’est illustrée dans le secteur bancaire, notamment au sein de la BIAO (un dossier qui a été géré par Alassane D. Ouattara quand il était gouverneur de la BCEAO) mais également du PDCI. Quand elle est morte, Henri Konan Bédié a salué en elle une « grande militante, loyale et fidèle » ; des adjectifs qu’il aurait eu bien du mal, sans doute, à utiliser pour d’autres personnalités de la fratrie Thiam/Sow, plus enclines à jouer les électrons libres. N’Dèye Anna était l’épouse de Alexis Lamine Djibo, pharmacien biologiste, ancien interne des hôpitaux de Paris, directeur du laboratoire Pisam, décédé en août 2010, un des fils de Sounkalo Djibo, instituteur, planteur, administrateur, personnalité majeure de la Côte d’Ivoire post-coloniale et indépendante, maire de Bouaké.

Quant à Yamousso Thiam, de trois ans seulement l’aînée de Tidjane (elle est née à Abidjan le 23 juillet 1959) dont elle est le plus virulent soutien, elle a épousé, le 11 janvier 1986, René Vangah Ekra (la famille Ekra, une fois encore) dont elle aurait eu un enfant, serait divorcée de Christian Michel Robert Valleteau de Mouillac et récemment remariée avec Franck Berthod, un homme d’affaires Franco-Ivoirien, expert, consultant, coach, pour qui « rien n’est certain, tout est possible » ; il prône une « innovation inversée et sustainable [autrement dit durable] depuis le continent vers l’Europe ».
Directrice du Musée Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, Yamousso a été, en 2005, conseiller technique, chargée des musées présidentiels auprès du président Laurent Gbagbo. Elle dirige depuis quelques années Yuxe West Africa, qui commercialise notamment des articles de joaillerie et d’horlogerie de luxe dans la galerie du Sofitel Hôtel Ivoire à Abidjan (Cartier, Piaget, Poiray, etc.). Une incursion dans le luxe alors que son frère Tidjane était nommé administrateur indépendant de Kering (groupe Pinault), numéro 2 mondial de l’industrie du luxe.

S’appeler Thiam, en Côte d’Ivoire, n’est pas, pour certain, chose acceptable. Yamousso le rappellera quand elle sera interpellée sur les réseaux sociaux comme « Sénégalaise ». L’irruption, depuis quelques années, de Tidjane sur le devant de la scène médiatique ivoirienne radicalisera les commentaires de certains. Le père était qualifié de « Sénégalais », le fils de « Franco-Ivoirien ». La fille, « Ivoirienne » née en Côte d’Ivoire, de mère, grand-mère, arrière-grand mère... « Ivoiriennes », confiera s’être vue refuser sa carte d’identité en 1997 alors que « l’ivoirité » était le cheval de bataille dressé contre Alassane D. Ouattara, le « Voltaïque ». Cheval de bataille enfourché par le président Henri Konan Bédié et les caciques du PDCI. C’est dire que, opportunément, les grands principes peuvent être à géométrie variable.

Au-delà de la fratrie Thiam/Sow

Rappelons que Amadou Thiam est également le père d’une enfant naturelle, Anna Rose Alice Thiam, née à Marseille le 4 janvier 1961 (soit dix-huit mois avant Tidjane Thiam) - qui s’est illustrée dans « l’afffaire Elf » - , et de deux filles résultant de son union avec Simone Petit : Jocelyn Fatou Thiam née à Abidjan le 2 octobre 1962 (soit à peine plus de deux mois après Tidjane Thiam) et Syvianne Aïssatou Thiam née à Dakar le 9 mai 1966. Toutes trois sont de nationalité et de résidence françaises.

*

Tidjan Thiam dirige aujourd’hui le PDCI. Un tout nouveau job pour lui. Dans un contexte particulier. Dans moins de deux ans, se déroulera la présidentielle 2025. Qui devrait opposer le candidat du PDCI à celui du RHDP (sauf si les nostalgiques du parti unique parviennent à l’imposer). Sans que l’on sache, aujourd’hui, qui sera le candidat du parti présidentiel alors qu’il semble établi que celui du PDCI sera Thiam.

L’arrivée de Thiam à la tête du plus vieux parti ivoirien laisse penser que le temps du renouveau est enfin arrivé. Une espérance qu’il ne lui faudra pas décevoir. Avec Thiam, c’est toute l’histoire de la Côte d’Ivoire qui est évoquée ; une « histoire de familles » : Houphouët, bien sûr, mais aussi les Ekra et les Yacé, les Djibo et les M’Bahia Blé… Cette « histoire de familles » ne devrait pas, pour autant, faire oublier l’Histoire de la République de Côte d’Ivoire ; et, surtout, l’histoire des Ivoiriens et des populations qui depuis des décennies ou des années ont formaté ce pays.

Dix années (1990-2010) d’incertudes politiques, économiques et sociales, suivies de dix années (2000-2010) de crises et de drames n’ont pas été gommées par dix années (2011-2020) de croissance économique mal partagée (et c’est une euphémisme). Le « premier/troisième » mandat présidentiel, débuté en 2021, n’a été, jusqu’à présent, qu’une impasse résultant d’un constat d’échec ; un copier-coller du précédent mandat. Qui ne répond pas à la question fondamentale que l’on est en droit de se poser quand on est un observateur de la réalité ivoirienne : tout ça pour quoi, pour qui ? Il est peu probable, selon moi, que Tidjane Thiam, homme d’affaires grimé soudainement en homme politique, soit celui qui apportera une réponse satisfaisante à cette question. Il le disait lui-même il y a deux ans : « Je fais ce que je peux dans ma sphère de compétence, qui est l’économie, pour faire avancer les choses ». Or, la gouvernance d’un parti, la gouvernance d’un pays et de sa population n’est pas qu’une affaire de savoir-faire économique (quoi qu’en pensent Alassane D. Ouattara à Abidjan, Emmanuel Macron à Paris et quelques autres) ; il faut aussi du savoir-faire politique et de l’intérêt pour cela.

A suivre

Jean-Pierre Béjot
La ferme de Malassis (France)
24 janvier 2024

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