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Diplomatie : Sauvons l’IDRI, mais soyons francs avec le SAMAE

Publié le mercredi 25 avril 2007 à 08h02min

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Dans la livraison n°6868 de l’Observateur paalga du mercredi 18 avril dernier, nous avons essayé de dire en quoi la fermeture de l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) n’était pas opportune et pourquoi le reversement des fonctionnaires stagiaires ayant pris service en février 2007 à la Fonction publique pour emploi était tout aussi inopportun.

A ce sujet, notre position n’a pas varié d’un millimicron. Aussi sommes-nous content des initiatives prises par les stagiaires de l’Institut, la direction, les fonctionnaires stagiaires nouvellement sortis de l’IDRI, le Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE) et toutes les personnes de bonne volonté pour trouver une issue heureuse à ce problème, qui survient à un moment où le rayonnement diplomatique du Faso est un fait qui a donc besoin d’une crème de la trempe de celle que produit cette école professionnelle.

Cependant, autant la fermeture de l’IDRI, de notre point de vue, a été maladroite, autant il faut faire comprendre au SAMAE, aux fonctionnaires stagiaires et aux stagiaires fonctionnaires que certaines de leurs revendications sont mal à propos et que la manière dont ils gèrent la présente crise gagnerait à être améliorée.

Dans la plate-forme revendicative du SAMAE, il est difficile voire impossible de contester le bien-fondé des revendications salariales, relatives aux conditions de travail, aux problèmes managériaux... A ce sujet, il serait injuste de nier les difficultés auxquelles le personnel des Affaires étrangères tout confondu (agents, chefs de service, directeurs, directeurs généraux et même secrétaire général) est en butte.

Sachons donc gré au syndicat d’avoir levé un coin important du voile, d’avoir eu le courage de les énumérer et d’argumenter rigoureusement les propositions qu’il fait.

Le poste d’ambassadeur est avant tout politique

Il n’en demeure pas moins que, pour notre part, certains points sont péniblement défendables : le SAMAE exige que 75% des ambassadeurs soient des diplomates ; aux diplomates de carrière, les postes d’ambassadeur, car ils sont techniquement mieux outillés pour faire le travail. En tant que revendication, cette exigence a le droit d’exister et d’être brandie.

Mais ce droit ne constitue point un devoir pour le président du Faso, pour qui la diplomatie est un domaine réservé. Le devoir de Blaise Compaoré, c’est de laisser cette opinion s’exprimer.

Pourquoi ? nous demanderez-vous. Avant de répondre à la question, une mise au point s’impose : nous ne sommes ni diplomate de formation, ni diplomate de carrière, ni expert en relations internationales. Simple citoyen opinant sur des sujets sur lesquels ses connaissances sont très limitées, nous avons tout de même décidé de nous risquer à cet exercice pour dire moins ce que nous savons que pour affirmer ce que nous croyons savoir. Les lecteurs et le SAMAE voudront bien nous excuser.

la réponse à la question est la suivante : La diplomatie est une science qui a pour objet les relations internationales. Elle met à la disposition des femmes et des hommes des connaissances afin qu’ils servent leurs Etats dans l’intérêt bien compris de chaque partie dans la paix et la coopération. En tant que science, elle ne prédestine pas les bénéficiaires de la formation à être des ambassadeurs. Tout au plus doit-on les nommer aux postes techniques (secrétaire général, premier conseiller, premier secrétaire, etc.) ou au poste de chef de la mission diplomatique du Burkina Faso auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Le poste d’ambassadeur est d’abord et avant tout politique : politique dans la mesure où c’est le chef de l’Etat qui, en fonction de la politique étrangère qu’il veut imprimer à son pays, choisit l’homme ou la femme qui sied le mieux. Cette politique étrangère est définie dans le programme sur la base duquel il a été élu.

Si, par bonheur, il y a adéquation entre la vision politique du président du Faso et le profil de diplomate de formation et/ou de carrière d’une personne nommée ou à nommer à un poste d’ambassadeur, c’est tant mieux. Mais en réalité, c’est plus parce que l’intéressé épouse l’orientation de la politique étrangère du chef de l’Etat au regard de ses qualités propres que parce qu’il est diplomate de formation et/ou de carrière.

Ce que le SAMAE pose comme revendication peut constituer, sur un autre plan, un précédent extrêmement dangereux. En d’autres termes, dans les autres ministères, certains corps peuvent exiger que tous les postes de directeurs leur reviennent : ainsi les médecins pourraient revendiquer que les postes de directeur général d’hôpital soient leur chasse gardée ; idem pour les conseillers culturels (formés au Centre régional d’action culturelle de Lomé par exemple).

Cela étant, nous ne sommes pas pour que n’importe qui soit nommé à n’importe quel poste de responsabilité. Il faut trouver le juste milieu, et dans le cas des Affaires étrangères, exiger que ceux qui seront nommés, allogènes ou pas, soient à même d’honorer le pays au travers de l’exécution du programme du président du Faso dans sa composante affaires étrangères.

Une multiplication contre-productive des médiateurs

Il nous est revenu que les stagiaires en formation prennent contact avec des personnalités à des fins de médiation. Ainsi, six personnalités de divers horizons auraient été déjà approchées.

N’étant pas encore intégrés dans la Fonction publique, c’est le maillon le plus faible de la chaîne. On peut comprendre qu’ils aient pris autant de contacts. Malheureusement, bien souvent, les médiateurs multiples multiplient les problèmes au lieu de multiplier les bonnes solutions. Résultat : il arrive qu’à cause des velléités hégémoniques ou des incompréhensions inhérentes à l’interaction entre deux ou plusieurs personnes, une médiation capote.

C’est, du reste, pour cela que quand une crise survient à l’intérieur d’un pays ou entre deux Etats, il est fait appel à un médiateur ou un facilitateur. Et à moins que celui-ci épuise toutes ses chances, le dossier reste avec lui.

Il devrait en être de même pour ce qui concerne l’IDRI, sinon les énergies seront inutilement dépensées qui produiront exactement le contraire de l’effet escompté. Les stagiaires doivent se convaincre que c’est, certes, la fin d’un monde, mais pas la fin du monde et que de ce qui semble être un mal peut naître du bien. Il importe simplement pour eux et ceux qui sont déjà en service au ministère de capitaliser ce malencontreux incident, d’en faire une expérience ; l’expérience étant la résultante des leçons tirées de nos malheurs et de nos échecs dans la vie.

Z. K.

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 25 avril 2007 à 12:26, par Koffi En réponse à : > Diplomatie : Sauvons l’IDRI, mais soyons francs avec le SAMAE

    "Le mal"est déjà fait : l’IDRI est fermé, et vous savez au fond de vous que nos autorités ne reviennent presque jamais sur leurs décisions, mêmes les plus nulles, par pur orgueil de personnification des fonctions qu’elles occupent. Maintenant, il faut travailler à maintenir "la flamme" du SAMAE allumée, car c’est avec l’objectif inavouable de l’éteindre dans l’oeuf que cette mesure de fermeture à été prise. Le rattachement administratifs des ambassades au MAECR ne donne pas aux seuls diplomates de carrière l’exclusivité de les animer ; quelqu’un dans une autre rubrique avait parlé de "postes déconcentrés de l’administration générale", ce qui veut dire que tous les fonctionnaires et agents de notre Etat ont égale vocation à y bosser. Il n’y a pour cela qu’à observer les profils des personnels dans les Ambassades occidentales chez nous. Ceci dit, nos diplomates dits de carrières y ont bien entendu leur place (Ministre-Conseiller, 1er, 2ème...secrétaires par exemple), et le véritable problème semble se poser en leur sein pour le choix des profils qui y vont ; je pense que c’est là qu’il faut avoir le courage de poser le problème, et non de vouloir faire de ces endroits des "chasses gardées". Sinon, que diront alors les administrateurs civils de carrières pour les postes de préfets, hauts-commissaires, et même gouverneurs ?

    L’IDRI doit à mon sens juste changer de "terrain de bataille", et revoir sa stratégie. Je parie qu’après tout ceci, si la contestation reste forte, le pouvoir va susciter l’allumage d’un autre contre-feu, comme créer un autre syndicat dont les adhérents se verront vite "promus" à ces mêmes postes. Et cela risque d’être en termes de rassemblement plus dommageable pour ce SAMAE que je comprends et appuie. Croyez-en les propos d’un "vieux" syndiqué dans un corps tout aussi "convoité" !

    Bon courage pour la suite,...no matter how difficult is your struggle. Never give up !

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