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Crise énergétique et perspective du nucléaire : L’Union africaine conseille aux États du continent d’aller par groupes, pour plus d’efficacité

Publié le mardi 16 avril 2024 à 22h20min

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Crise énergétique et perspective du nucléaire : L’Union africaine conseille aux États du continent d’aller par groupes, pour plus d’efficacité

L’une des priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, c’est l’accès à l’électricité pour tous (plus de 80 % de la population mondiale n’ayant pas accès à l’électricité vit en Afrique subsaharienne, selon le rapport 2021 de l’Agence Ecofin). Ce d’autant que le lien entre la disponibilité de l’énergie, le développement des États et l’amélioration des conditions de vie des populations est vite établi. Pour faire face à ce défi crucial en Afrique, corsé par le changement climatique, l’institution continentale, par le biais de sa commission spécialisée, recommande le nucléaire comme source d’énergie. Le Burkina a, lui, fait l’option de cette infrastructure technologique, aux côtés d’une dizaine d’autres sur le continent. Rencontré au symposium international 2024 sur le nucléaire, en Russie, le secrétaire exécutif de la Commission africaine sur l’énergie nucléaire (AFCONE), Enobot Agboraw, décline la vision de l’Union africaine sur l’énergie nucléaire, cette source d’énergie vers laquelle, plusieurs pays africains semblent désormais jeter leur dévolu.

Lefaso.net : Pouvez-vous situer l’enjeu de la question, l’énergie nucléaire, pour les États africains ?

Enobot Agboraw : Je crois que la meilleure stratégie pour les pays africains, c’est de ne pas essayer de développer cette technologie pays par pays. Il y a beaucoup de risques, risques politiques, etc. Pour pouvoir avoir très vite l’énergie que nous n’avons pas, nous devons travailler ensemble, par groupes de pays ; développer une approche que j’appelle approche multilatérale. Au lieu que le Burkina Faso essaie, à lui seul, de développer cette technologie, il peut le faire ensemble avec des pays voisins (vous avez entendu, la mise en place d’une telle infrastructure prend environ 20 ans). Et même là, c’est quand vous faites chaque chose correctement et dans le temps. C’est dire qu’en réalité, la construction d’une centrale nucléaire peut prendre 25 à 30 ans. Or, si le travail se fait par groupes de pays (les gens travaillent entre pays voisins ; six, cinq pays ensemble), ça va aller vite et cela donne confiance à la communauté internationale de mettre la main à la patte.

Quel peut être alors, de façon concrète, le rôle de l’Union africaine, à travers AFCONE, dans cette nouvelle politique de l’énergie nucléaire qui est en train de s’installer en Afrique ?

Notre structure a pour rôle essentiel de conseiller les pays africains sur les aspects concernant le nucléaire, afin qu’ils s’engagent avec les partenaires en connaissance de cause. Nous avons des experts, de l’expérience, nous pouvons donc aider dans cette technologie. C’est donc important qu’avant de s’engager avec l’extérieur, nous discutions d’abord en Afrique. C’est pourquoi, nous sommes-là ; AFCONE est créée pour servir les pays africains dans tous les aspects de la technologie nucléaire.

Un cadre qui a mobilisé des milliers de spécialistes des segments de l’énergie, venus de toutes les contrées du monde.

A ce jour, quels sont les pays africains qui ont affiché leur intention d’aller au nucléaire ?

Il y a plusieurs pays : le Ghana, Nigeria, Rwanda, Zambie, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, Tanzanie, Kenya, Ouganda, etc. Il y a environ treize pays qui travaillent avec l’agence internationale d’énergie atomique pour développer les exigences d’infrastructures et après, pour commencer la construction. Mais, pour accélérer une telle initiative, c’est mieux de travailler ensemble, au lieu d’aller pays par pays.

En clair, votre effort aujourd’hui, c’est d’essayer de convaincre tous ces pays de se mettre par groupes ?

Effectivement, c’est ce que nous faisons. C’est nécessaire, car c’est ce qui est efficace.

Le Burkina a affiché, en octobre 2023, sa volonté d’aller à cette infrastructure technologique. Avez-vous été saisi de la question ou vous en êtes-vous auto-saisi ?
J’ai parlé à des experts et officiels du Burkina Faso, mais nous n’avons pas encore trouvé véritablement un cadre pour discuter sérieusement de la question. Je crois que ce serait important, si nous pouvons discuter avec le Burkina Faso et avec Rosatom, le client du Burkina, pour s’assurer que de meilleures conditions existent.

Vous êtes donc disposés à discuter avec les autorités burkinabè pour faciliter la mise en place de ce projet ?

Oui, nous sommes disposés à le faire. C’est d’ailleurs le rôle de l’AFCONE (agence spécialisée de l’Union africaine), nous sommes-là pour cette mission.

Les participants...entre panels, rencontres d’affaires et présentation d’innovations technologiques ...

On a l’impression que l’Afrique, c’est la ruée vers les tendances ; il y a peu de temps, c’est le solaire qui était vanté et aujourd’hui, le nucléaire. Comment comprendre ce mouvement ?

Le solaire est important, c’est une ressource que nous avons en grande quantité en Afrique. Mais, le solaire dépend du climat. Ensuite, la technologie, la batterie pour conserver l’énergie n’est pas assez développée. Alors, quand il n’y a pas de soleil, il faut utiliser une autre source d’énergie : le nucléaire, l’hydro-électrique, le combustible fossile, etc. On peut donc utiliser le solaire, mais c’est important que nous ayons une autre source comme base. C’est en cela que je pense que le nucléaire est le meilleur. On peut faire des démonstrations, on a des arguments pour montrer que le nucléaire, c’est le meilleur.

Quel message aux États africains sur ce sujet ?

J’espère vraiment que dans quelques années, cette pauvreté en énergie en Afrique soit un passé.

Lire aussi : Nucléaire : « Les centrales sont construites en fonction des spécificités. Pour les pays du Sahel, ce sont des centrales modulaires » (responsables de Rosatom)

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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