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<I>Droit dans les yeux</I> : Je comprends

Publié le mardi 6 février 2007 à 07h34min

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Si je dois être opéré, je peux partir en Europe et tous les frais de soins sont remboursés par mon assurance. Le coût du voyage est à mes frais, mais il est plus élevé que le coût de l’opération ici au pays. Mieux vaut aider les gens pour une opération. Il y a 3 ans, j’ai eu trois opérations, deux à Koudougou et une à Ouagadougou (hernie et prostate).

Si les frais d’une évacuation sont payés par le secteur privé, je comprends l’évacuation, mais si les frais d’évacuation sont payés par l’État, je ne comprends pas alors que les pauvres n’ont pas d’argent pour les soins sanitaires élémentaires. Ce n’est pas normal. Dans notre pays, l’égalité des citoyens existe, mais certains grands sont plus égaux que les pauvres. Je comprends.

D’un seul coup, l’Etat se soucie de la santé de ses citoyens motorisés et oblige tout les utilisateurs de moto à porter le casque. Le souci des malades qui sont pauvres est moins évident, car les remèdes élémentaires ne sont même pas accessibles pour eux. Mais... Mais si l’Etat oblige de porter le casque, cela veut dire qu’il sait que les casques se trouvent dans le pays. Il s’agit de plus de 150 mille casques à 10 000 frs en moyenne, donc d’une valeur totale de un milliard cinq cent mille F CFA. C’est du beurre pour quelques commerçants et d’un grand profit pour certaines autres personnes. Donc l’obligation de porter le casque va revenir. Je comprends.

L’Etat n’a pas d’argent pour assurer à nos sidéens le traitement gratuit des antirétroviraux, mais pour la construction du bijou de bâtiment pour le SP/CNLS-IST (le secrétariat de la lutte contre le Sida) il y a de l’argent et même beaucoup. Le REN-LAC a montré à maintes reprises le processus des marchés publics. Donc la construction est très importante, pas tellement pour les soins gratuits des sidéens, mais je comprends.

Kabila est président démocratiquement élu. Le 19 septembre 2006, j’écrivais : les grandes compagnies au Congo ont payé d’avance leur impôt pour 2006 afin d’aider Kabila à faire sa campagne. Je pensais que les impôts sont pour le pays. Et en plus, les militaires européens ont été envoyés pour assurer des élections paisibles. Les riches et les grands veulent Kabila. Ça y est. Je comprends.

Le réseau Afrique-Europe trouve que la défaite du cycle de Doha est un heureux événement pour les pauvres. Rodrigo De Rato trouve qu’on doit les reprendre à tout prix. Ce sieur est directeur du FMI (Fonds monétaire international) qui, avec la Banque mondiale, a donné des milliards (le plus souvent à crédit), mais qui a fait que depuis des années il y a plus d’argent qui vient des pays pauvres et va aux riches que le contraire. Il ne veut pas de souveraineté alimentaire (droit de protection de leurs produits agricoles). Je comprends.

Les subventions des riches à leurs agricultures font que le prix de leurs produits écrase nos cultivateurs. Pour 2013, les riches ont promis de supprimer les subventions agricoles à l’exportation. Mais ces subventions à l’exportation ne représentent que 10% des subventions.

Les subventions des OCDE (les 30 pays les plus riches) donnent à leurs agriculteurs plus de 205 mille milliards de F CFA, soit presque 230 fois le budget national du Burkina Faso et trois fois et demie le montant de l’aide donnée aux pays pauvres pour le développement. L’aide est en général donnée à crédit. Ils veulent sucer les pauvres en vendant leur superflu tout en ne respectant pas les règles du libéralisme (capitalisme néolibéral) qu’ils imposent aux Africains. Je comprends.

Aidons entre-temps notre pays : employons et consommons burkinabè. Si vous mangez tous les matins du pain, mangez une fois par semaine la bouillie de petit mil ou des galettes : c’est encore moins cher, et si vous aimez "le doux" ajoutez un peu de miel du Burkina.

Bonne nouvelle : Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit.

F. Balemans
B.P. 332
Koudougou

Le Pays

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